Une aventure qui se construit

Notre mission en Afrique

Lorsque nous avons été reconnues par l’Église en 1963, nous n’étions que 24 professes. Quatre ans plus tard, en 1967, nous n’étions guère plus nombreuses, mais nous avons répondu à un appel qui nous a dynamisées. Nous sortions pour la 1ère fois de nos frontières de France.

Globalement, on peut distinguer quatre grandes étapes de cette mission au cours du temps en lien avec les événements et les contextes traversés.

Période 1967- 1987 : LA FONDATION

A Abidjan, en octobre 1967, quatre xavières font face à la mer. Elles sont arrivées depuis un mois à peine. Pieds nus dans le sable, elles regardent la barre, ce grand rouleau que ne peuvent franchir que des nageurs expérimentés. Au-delà de la barre l’océan s’étend à l’infini. C’est tout un symbole ! Elles viennent d’arriver en Afrique. Elles voient un grand espace s’ouvrir devant elles, mais il y a une barre à franchir, celle de l’inculturation. Il faut se laisser tremper, risquer ses certitudes dans la confrontation.

Abidjan-Cocody 1973

En 1967, une demande des pères jésuites de L’Institut Africain pour le Développement Économique et Social (INADES) est l’occasion qui permettra à la Xavière de concrétiser son désir de partir en Afrique.

L’INADES propose aux paysans une formation aux techniques agricoles à travers des documents en français facile. L’objectif visé est d’améliorer leur rendement et de freiner ainsi l’exode rural.

Quatre des 6 xavières envoyées à Abidjan y travaillent dans l’esprit de l’Encyclique Populorum Progressio de Paul VI : « Travailler au développement de l’homme et de tout l’homme ». Les 2 autres xavières sont dans l’enseignement (au Lycée) et en pastorale.

C’est ainsi qu’est fondée la communauté d’Abidjan, la première en Afrique et la quatrième fondation de l’histoire de la Xavière.

Korhogo 1975

Quelques années après, dans le prolongement de leur mission au service du développement à l’INADES, deux xavières partent en pionnières à Korhogo, dans le Nord de la Côte d’ivoire.

Après un long temps d’approche des populations, elles créent l’A.R.K. une association d’animation rurale. Cette expérience suscitera la fondation de la communauté de Korhogo en 1972.

L’ouverture de cette communauté est vécue comme un « renouveau de souffle missionnaire et un élargissement des horizons de la Xavière »

L’ouverture de la communauté de N’Djamena en 1983, à la demande de Mgr Charles Vandame, amorce un tournant dans la manière de percevoir notre présence et mission en Afrique.

N’Djaména 1987

C’est autant un engagement pour l’aide et la promotion du développement qu’un « compagnonnage avec », vivre et tisser des liens : « la communauté fait l’expérience de l’enfouissement dans un quartier totalement musulman sans rien d’autre à faire que d’être là, de vivre et de tisser des liens avec le voisinage immédiat. Chacune essaie de prendre part au travail de reconstruction du pays, cherche à redonner espérance, essaie d’être un lien de réconciliation de rencontre possible entre milieux si différents Nord Sud, Musulmans/chrétiens » (rapport moral, au Chapitre Général de 1987)

Dès lors, la mission de la Xavière en Afrique sera davantage marquée par le mystère de l’Incarnation, ainsi que la vocation à être ferment de réconciliation dans un pays divisé.

Période 1987-1997 : « DANS LE MOUVEMENT DE L’INCARNATION »

A notre Chapitre Général de 1987, à la suite d’un temps de discernement communautaire et d’écoute de l’Esprit, le texte sur « Notre mission en Afrique » est rédigé et ratifié. Le texte met l’accent sur l’Incarnation (notamment comme figure de l’inculturation) « Entrer dans le mouvement de l’incarnation, c’est tout d’abord estimer les cultures que nous découvrons, nous laisser déposséder de toute espèce de supériorité culturelle, religieuse ou apostolique, dans le mouvement de dépouillement du Christ (Phil 2), pour recevoir de ceux qui nous accueillent, richesses humaines et spirituelles, appels et angoisses. Nous avons à nous laisser dépayser jusque dans notre sensibilité nos références et nos valeurs. »

Le texte met aussi en exergue le désir de vivre dans une solidarité étroite avec nos frères africains ; un désir qui se traduit par l’espoir de voir arriver des vocations africaines. Car, poursuit le texte, « solidaire, la Xavière le sera plus intimement grâce aux vocations religieuses africaines que le Seigneur suscitera ». Le Seigneur nous a exaucées : en 1998, a eu lieu la première célébration des vœux définitifs d’une xavière africaine, suivie d’une autre en l’an 2000.

Les engagements apostoliques, dans le domaine de la formation humaine et spirituelle côtoient ceux de la promotion de la justice et du développement, ainsi que l’annonce de l’Évangile en actes et en paroles. Le souhait de travailler avec d’autres et en partenariat avec l’Église locale est redit. Concrètement, de nouvelles insertions ont vu le jour dans l’animation urbaine, la vie familiale, les domaines pastorales et culturels.

Les xavières prennent une part active dans le développement des propositions liées à la spiritualité ignatienne (CVX, groupe Ignatien) notamment à Abidjan. Le champ s’élargit aux plus pauvres, avec le souhait de promouvoir aussi la lutte pour la justice.

Période 1997-2006 : « ÊTRE MISES AVEC LE CHRIST DANS SA PASSION POUR L’AFRIQUE »

Des événements forts, en particulier la mort de Christine d’Hérouville au Tchad en Janvier 1997, nous font mesurer la gravité et la radicalité du don de nous-mêmes auquel nous sommes appelées, posant d’une manière nouvelle le fondement de notre présence sur ce continent : «  Être mises avec le Christ dans sa Passion pour l’Afrique… »

Communauté d’Abidjan-Abobo

A partir de l’année 2000, la mise avec le Christ dans sa passion va se concrétiser dans les événements que traverse la Côte d’Ivoire. L’implication historique de la France dans les affaires ivoiriennes et son positionnement dans la crise créent des mouvements antifrançais au sein de la population.

Abidjan-Abobo 2005

L’expérience du vécu en communauté avec deux nationalités, françaises et ivoiriennes, nous fait découvrir à la fois notre identité commune et en même temps les difficultés liées à nos cultures différentes et à nos histoires collectives.

Notre vie fraternelle en communauté devient alors signe parlant de la fraternité à laquelle nous sommes toutes et tous appelés dans le Christ.

La consolidation de notre présence en Afrique va se faire au fil des ans par des décisions importantes. Dans la banlieue d’Abidjan, la communauté d’Abobo s’ouvrira en septembre 2002.

On note aussi la progressive structuration des communautés d’Afrique en « Région Afrique » et l’intensification de la pastorale des vocations.

Depuis 2006, ENVOYÉES AU SERVICE DE LA RÉCONCILIATION, DE LA JUSTICE ET DE LA PAIX

Un nouvel élan nous a est donné avec l’arrivée de plusieurs jeunes femmes africaines, l’ouverture d’un noviciat en Afrique et, pour l’accueillir, la création de la communauté de Yaoundé en septembre 2006.

Yaoundé 2009

Au niveau de l’Église, c’est aussi en 2006, qu’un nouveau souffle a été donné au continent africain à travers le lancement du 2ème synode pour l’Afrique, sa préparation puis sa tenue en 2009 et sa réception avec l’exhortation apostolique post-synodale Africae Munus en 2011, « au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ».

Ces repères donnés nous rejoignent profondément aujourd’hui dans notre vocation de xavières.

Fête de Saint François Xavier

Traditionnellement, la fête de Saint François-Xavier, le 3 décembre, donne l’occasion à la famille ignatienne de se retrouver pour un temps de fête et de célébration. A Toulouse, cette fête s’est vécue cette année sous le signe de la mission.

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50 ans !

Cinquante ans de présence en Afrique : ça se fête ! En septembre 1967, les premières xavières arrivaient à Abidjan. Depuis, 4 autres communautés ont été fondées : deux en Côte d’Ivoire, une au Tchad et une au Cameroun. De quoi jubiler pendant toute l’année !

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Vulnérable pour aimer

La revue Vie Chrétienne vient de publier son numéro de novembre/décembre 2017 intitulé « Vulnérables pour aimer ». Plusieurs xavières y ont participé. C’est l’occasion de vous le partager.

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Cadre de santé

Anne habite en communauté à Paris. Depuis deux ans, elle est cadre de santé en hôpital. Elle nous partage ce que représente ce métier et comment elle le vit en tant que xavière. 

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