Voilà 40 ans que la communauté des frères de Taizé a initié les Rencontres Européennes. Chaque année, elles ont lieu entre Noël et jour de l’An dans une grande ville européenne. Ce « pèlerinage de confiance sur la terre » invite tous les jeunes chrétiens européens à se rassembler pour prier, se rencontrer, chercher ensemble comment bâtir des ponts de fraternité, de solidarité au cœur de nos sociétés.

Pour la première fois, des xavières ont participé ensemble à ce rassemblement, qui s’est tenu à Bâle, en Suisse, du 28 au 31 décembre. Leur désir était d’être avec les jeunes européens, d’entendre ce qui les habitent en tant que chrétiens et en tant que citoyens, d’entendre leurs aspirations, leurs soifs… bref, d’aller à leur rencontre pour mieux les connaître, leur signifier notre intérêt et notre enthousiasme quant à leurs initiatives et prier avec eux et avec toutes les Eglises.

Le 31 décembre, ont traditionnellement lieu les rencontres par pays. Deux frères de Taizé, responsables de l’accueil des français, nous ont sollicitées pour les aider dans l’animation de ce temps fort auquel ont participé 1200 jeunes français : Nathalie a proposé des pistes de réflexion autour du rapport au corps ; Agnès a apporté son témoignage autour de la musique comme expérience spirituelle ; Claire et Anne ont évoqué le sens qu’elles donnent au fait de travailler en milieux professionnels souffrants : l’entreprise en restructuration et l’hôpital en restriction. Ce fut une belle occasion de témoigner de la manière de suivre le Christ comme religieuses à La Xavière, solidaires de nos contemporains et ancrées dans le Christ dans les joies comme dans les peines.

Voici quelques échos de ce rassemblement.

Être accueillies comme les jeunes pour être avec eux… C’est ainsi que nous avons souhaité vivre ces rencontres.
J’ai été très touchée par l’accueil que nous a réservé notre hôte, très touchée aussi par la rencontre avec Claudia, étudiante infirmière polonaise. : un très bel échange dans lequel j’ai mieux perçu les réalités du système de santé de son pays, ses enjeux, son avenir.
J’ai été émerveillée par la rencontre faite avec Jana, jeune choriste allemande, avec qui une belle complicité est née entre nous lors de l’animation des prières à la paroisse.
J’ai été touchée par l’actualité du message porté par les frères de Taizé en faveur de l’œcuménisme et du dialogue inter-religieux, du souci du bien commun.
J’ai été touchée par ces milliers de jeunes porteurs d’espérance et d’initiatives en faveur de la solidarité, de la paix, du vivre ensemble.

Anne B.

Il faisait très froid mais l’accueil était très chaleureux.
Il y avait des millions de voix mais une seule hymne de louange.
Il y avait des milliers de points de départ mais une seule destination vers où allaient nos pas.
Il y avait beaucoup de monde mais chacun partageait une seule foi dans le Christ…
Au cours de cet événement, j’ai goûté des choses aux antipodes les unes des autres qui, mises ensemble, conduisent à des réalités merveilleuses. Cela oriente mon désir de vivre « l’unité dans la diversité ».

 Marie-Thành

A Sissach, à 20 minutes de Bâle, où nous logions, j’ai vraiment senti que le pasteur de l’Eglise évangélique, le diacre de l’Eglise catholique (il n’y a plus de prêtre), les paroissiens, nos familles d’accueil étaient heureux de nous accueillir, dans une communion à la même foi au Christ. Frère Aloïs m’a marquée par sa persistante volonté de réconciliation des Eglises. Chaque soir, après la prière commune à la Jakobshalle à Bâle, lors de la procession vers la croix et le geste réalisé par chacun devant elle, j’entendais résonner en moi les versets dans l’évangile selon Matthieu 11 : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ».

Enfin, j’ai pleinement goûté à ces rencontres fraternelles que ce soit en petit comité avec les xavières et Marie-Gaëlle ou en plus grand groupe avec des allemands, des polonais, des croates… et à la joie de témoigner de ma vie de novice xavière. J’ai même retrouvé une connaissance, sœur Agniezka, qui accompagnait un groupe de jeunes de la mission étudiante de Créteil !

Séverine B.

Ce qui demeure, c’est la joie paisible et étonnée d’avoir pu vivre ce temps de prière et de fête au cœur de l’Europe avec d’autres xavières, joie de se retrouver d’autant plus forte pour moi que j’étais, ces 6 dernières années, au Canada où nous sommes peu de xavières. Joie de renouer avec l’intuition des frères de Taizé, fréquentés lors d’un expériment de noviciat, il y a 8 ans sur la colline de Taizé. Joie de ce « pèlerinage de confiance sur la terre » vécu notamment par la rencontre de jeunes chrétiens venant d’autres cultures et d’autres Eglises. Et joie que l’appel intérieur – entendu à 20 ans, de retour en France après plusieurs mois en Inde, d’être missionnaire de la joie du Christ – ait resurgi avec autant de force à l’invitation de frère Aloïs à « creuser les sources de la joie ».

Claire M.


En écho par rapport aux attitudes reçues cet été lors du chapitre général

Vivre l’hospitalité

A Taizé, nous avons vécu l’expérience de l’hospitalité en étant accueillies chaleureusement par notre hôte, une femme suisse de Sissach qui nous a ouvert les portes de son appartement. J’ai aussi été particulièrement touchée par l’expérience d’accueil dans la paroisse protestante où nous étions. Accueil dans la prière chaque matin avec aussi le partage d’un culte le dimanche. Vivre l’hospitalité, c’est se laisser déplacer pour accueillir Dieu à travers les autres. L’accueil par des protestants et la rencontre de pasteurs pendant cette rencontre européenne m’a donné de réentendre de leur part combien la Parole est au centre. J’ai aussi été touchée, comme à chaque fois, par la qualité d’accueil des frères de Taizé qui vivent l’hospitalité de manière simple et profonde.

Prendre soin

Je suis arrivée malade et bien fatiguée à Bâle et j’étais donc un peu en mode survie pendant ces quelques jours avec de la fièvre et une sorte de bronchite. L’attention délicate et discrète des xavières m’a donné d’expérimenter un prendre soin très concret ! Par ailleurs, lors de la rencontre des français le 31 décembre, j’ai animé un atelier sur le corps « quelle place pour mon corps dans ma vie ? En quoi la foi nous donne de réfléchir à notre rapport au corps ? ». J’ai été frappée par les nombreuses questions des jeunes, notamment par échanges avec plusieurs soignants venus me voir à la fin pour me dire combien ils étaient heureux d’entendre une parole d’Eglise sur le corps qui les rejoignait particulièrement dans leur expérience du prendre soin.

Consoler

Le thème de cette année « Aux sources de la joie » déployé par frère Aloïs dans ses commentaires lors des prières du soir nous a donné d’entendre l’enracinement de cette joie dans la Résurrection et l’invitation à la partager, même au cœur des situations les plus rudes. J’ai été touchée par les exemples très concrets qu’il nous a partagés ; ses paroles témoignent d’une expérience spirituelle enracinée dans des situations très réelles et des rencontres fortes avec des personnes, comme celles avec des personnes en grande détresse qu’ils venaient d’aller visiter et consoler au Sud-Soudan.

Nathalie B.

Sur le thème de la joie, l’écho d’une amie de la communauté

La joie, nous y avons réfléchi cherchant au cœur de nos propres expériences ce qui la faisait naître en nous. La joie, nous l’avons surtout éprouvée : joie de prier dans la diversité de nos langues et de nos confessions ; joie de nous rencontrer et de partager un vivre ensemble. La joie, je l’ai particulièrement perçue à travers le témoignage dynamique des jeunes de Saint-Denis qui, entendant l’appel du Pape aux JMJ, ont pris des initiatives innovantes pour rejoindre ceux qui sont loin de l’Eglise et témoigner de leur foi.

Marie-Gaëlle