Nathalie Becquart, xavière, vient d’être nommée par le Pape consultrice au Secrétariat Général du Synode des Evêques.

Ancienne directrice au Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et pour les Vocations (SNEJV), elle avait participé au dernier synode des Evêques sur les jeunes à Rome en octobre dernier.
Elle a publié récemment Marcher ensemble, Commentaire pastoral et théologique du Discours du Pape François pour le 50ème anniversaire de l’Institution du synode, chapitre sur « le synode des jeunes, laboratoire de synodalité », Salvator 2019.
Nous l’avons interrogée sur la manière dont elle a reçu cet appel.

« Depuis Chicago où je termine un magnifique semestre de programme sabbatique dans une faculté de théologie, j’ai reçu cette nomination avec grande surprise comme un très beau cadeau. En même temps que moi ont été nommés 2 autres religieuses, 1 femme laïque ainsi que les deux religieux (un jésuite et un salésien) qui étaient secrétaires spéciaux du dernier synode. C’est la première fois que des femmes sont nommées comme consulteurs pour le Secrétariat Général du Synode et je pense que cela marque la volonté du pape François d’impliquer plus de femmes dans les instances du Vatican. De ce que je peux en percevoir, cette mission consistera à apporter aide et conseil à la préparation du prochain synode ordinaire des Evêques. Chaque synode demande en effet deux à trois ans de préparation.

Personnellement, j’ai été particulièrement impliquée dans la préparation du synode sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». J’ai notamment eu la chance de participer à toutes les rencontres internationales de préparation au Vatican dont le pré-synode des jeunes en tant que coordinatrice générale et j’étais au synode d’octobre comme auditrice. Je connais donc déjà les membres permanents du secrétariat général du Synode sous la responsabilité du Cardinal Baldisseri, secrétaire et de Mgr Fabene, sous-secrétaire. Je connais aussi les autres membres de l’équipe de consulteurs nommés en même temps que moi puisqu’ils étaient également au synode des jeunes et nous avons eu à travailler ensemble à cette occasion.

Cette mission de consulteur ne requiert pas d’être en permanence à Rome, chacun poursuit donc sa mission au quotidien tout en se rendant disponible quand le Secrétariat général du synode nous sollicite pour des avis, conseils ou rencontres. Après mes dix années de responsabilité à la Conférence des Évêques de France au service de l’évangélisation des jeunes et des vocations, suivie de ces quelques mois sabbatiques à Toronto puis Chicago, je suis envoyée l’an prochain par la Xavière à Boston aux USA pour poursuivre des études de théologie à Boston College, faculté jésuite. Pour ce master de recherche qui correspond à une licence canonique de théologie, j’ai mûri de travailler plus particulièrement en ecclésiologie sur la question de la synodalité suite à l’expérience du synode qui m’a profondément marquée et en réponse aussi à ce que je perçois des enjeux actuels de l’Eglise en ce temps de crise. Recevoir l’appel du Pape au terme d’un discernement avec ma supérieure générale qui me conduit à creuser théologiquement ce thème de la synodalité missionnaire – clé pour l’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui – m’encourage et me confirme dans ce choix qui a pour visée apostolique un meilleur service de l’Eglise.

Le mot syn-ode veut dire  « marcher ensemble ». Le synode est une marche ensemble à l’écoute de l’Esprit Saint, un temps de discernement en commun. En tant qu’ignatienne et xavière, j’ai reçu toute une formation au discernement, j’ai vécu l’expérience du discernement communautaire. Cet héritage de la spiritualité ignatienne, que j’ai éprouvé de manière forte lors des deux Chapitres généraux de la Xavière auquel j’ai participé, est un trésor à partager. Avec l’accompagnement, le discernement est le mot-clé de la pastorale aujourd’hui. Vivre en chrétien dans le monde actuel si complexe implique un art du discernement. Œuvrer pour une église plus synodale où tous sont acteurs, disciples missionnaires, peuple de Dieu en marche pour témoigner de l’Evangile jusqu’aux périphéries, demande de développer des processus participatifs et processus de discernement communautaire. Et j’ai vu que les ignatiens sont attendus pour partager cette expérience à toute l’Eglise. Et je crois aussi que la vie religieuse en général a un rôle important à jouer pour promouvoir et développer une église synodale.

Une autre dimension de cette nomination me touche aussi particulièrement : recevoir cet appel du Pape François pour servir l’Eglise universelle. Tout au long de mon parcours je me suis souvent retrouvée dans des environnements multiculturels et internationaux me donnant de rencontrer des chrétiens de tous les continents. En particulier ces dernières années, à travers de nombreuses rencontres européennes et internationales, des déplacements dans plusieurs pays me donnant de découvrir les réalités si diverses de l’Eglise, mais aussi lors du Synode des jeunes ou encore dans mon programme à Chicago vécu avec des religieux et religieuses du monde entier, j’ai beaucoup appris et reçu des différentes cultures et expression de la foi. Cela m’a donné une appréhension des enjeux globaux de l’Eglise en même temps qu’une certaine connaissance de l’incroyable diversité des contextes, cultures et donc variété des églises locales. Je vais continuer à porter fortement cette dimension de l’Eglise universelle en attachant une grande attention aux réalités locales avec le désir que l’Eglise prenne toujours mieux en compte de la diversité des langages et cultures en poursuivant une démarche d’inculturation et d’adaptation. »

Propos recueillis par Véronique Rouquet