Depuis quelques mois, Béatrice travaille pour « Fratello Hamburg ». Fratello est un projet qui étonne, bien au-delà des frontières de Hambourg. Le connaissez-vous ?
https://blog.jeunes-cathos.fr/2016/11/25/fratello-2016-retour-sur-le-pelerinage-a-rome-de-milliers-de-personnes-de-la-rue/

Comme vous le savez peut-être, Fratello  est né d’un pèlerinage en 2016, où le Pape avait invité les S.D.F d’Europe à Rome. Aujourd’hui, en lien avec des diocèses et des associations du monde entier, Fratello veut servir au cœur même de l’Église la rencontre avec les plus pauvres et leur donner la place qui leur revient dans l’Église : la première !

A Hambourg, nous avons décliné le projet Fratello sous forme de rencontres mensuelles, qui étonnent par leur mixité de public, et par leur « gratuité ». En effet, « Fratello Hambourg » n’est pas une offre sociale supplémentaire, et les S.D.F qui viennent aux rencontres mensuelles ne demandent jamais ni d’argent, ni d’hébergement, ni même de conseil. Ils viennent pour être là avec d’autres, semblables, ou très différents, compagnons d’infortune ou au contraire « de la haute société », Docteur ou Professeur X ou Y, avec qui ils partagent un moment de prière, de convivialité et d’échanges. La prière dure une heure, dans l’église du Kleiner Michel, et s’appelle « Fratello betet für Hamburg » : Fratello prie pour Hambourg. Après chants et écoute de la Parole, chacun peut venir déposer des grains d’encens et laisser sa prière monter vers le Seigneur, en l’exprimant avec des mots ou non. Puis dans la « Unterkirche », une grande salle sous l’église, un repas chaud cuisiné par des bénévoles de communautés du monde (Pays d’Afrique, Philippines…) réjouit autant les cœurs que les estomacs. La soirée se poursuit par un thème : un débat, un échange sur un thème socio-politique, ou spirituel, parfois un film. La semaine passée un comédien est venu animer notre soirée d’Avent, et les éclats de rire faisaient chaud au cœur.

Mon travail consiste à organiser ces soirées. Nous avons en général 50 à 60 personnes qui viennent au temps prière, et 70 ou 80 personnes qui viennent à la soirée. Pour notre fête de l’Avent, nous avons eu plus de 100 personnes, car la journée mondiale des pauvres et quelques articles parus dans la presse ont suscité un regain d’attention.

« Fratello Hamburg » est une coopération entre la Caritas et la Katholische Akademie. La Katholische Akademie a à cœur d’organiser quelques événements dans l’année pour mettre les projecteurs sur ces problématiques sociétales de pauvreté et d’exclusion. Pour la journée mondiale des pauvres, après une eucharistie où j’ai pu proposer une procession des offrandes avec par exemple un journal de rue, un sac de couchage, une guitare qui symbolisaient nos vies et nos espoirs (là il y avait 300 personnes à la messe), et un bon repas, il y avait dans la salle panoramique à 360° de la Katholische Akademie un événement sur le thème de l’espoir/espérance avec des variations à partir de peintures, lectures, musiques et chansons, dont un rap..

Fratello France a organisé l’année dernière un nouveau pèlerinage, à Lourdes, auquel 1 500 S.D.F d’Europe ont pu participer. Le groupe d’Hambourg n’a malheureusement pas pu y aller, mais en janvier, nous allons réfléchir à l’avenir du projet et à l’éventualité d’un nouveau pèlerinage.

Ce qui est étonnant, c’est ce qu’une telle proposition sans « objectifs quantitatifs particuliers » peut faire bouger. Après Rome par exemple, Rainer a repris contact avec sa sœur à Berlin, avec qui il avait coupé les ponts depuis 30 ans, et il la revoit maintenant régulièrement. Jörg, qui vivait à la rue, a lancé, dans le cadre de nos soirées à thème mensuelles dont je parle plus haut, une pétition pour améliorer le programme d’urgence hivernal. Les propositions, élaborées tous ensemble, étaient tout à fait réalistes et applicables. Imaginez l’expérience que cela lui a fait vivre de récolter plus de 100 000 signatures et de les remettre au maire ! Depuis, il vit en coloc, vient d’écrire un livre dont il a déjà vendu plus de 500 exemplaires, et il se lance dans une formation d’auxiliaire de vie pour pouvoir (re)travailler. Son livre s’intitule « je vois le ciel… mais la rue reste dans ma tête ».

Béatrice