La dernière revue Dialogue a pour titre « Davantage ».
Il est possible d’en commander un exemplaire en écrivant à contact@xavieres.org

Edito

Cette année 2019, nous avons été touchées, comme beaucoup de chrétiens, par la révélation de l’ampleur des abus sexuels dans l’Eglise. Au-delà de l’émotion et de la colère, nous cherchons à comprendre : les mécanismes de l’emprise, le silence, notamment de la hiérarchie, les structures qui ont laissé faire, le cléricalisme qui a sacralisé les prêtres… Que faire ? Oser écouter et oser parler, encourager le dialogue, la réflexion, la synodalité, se former, continuer à espérer et à témoigner de la joie de la foi, sans se décourager ! Il s’agit aussi de prendre notre part dans la démarche de conversion demandée à l’Eglise. En France, toutes les congrégations religieuses soutiennent (y compris financièrement) la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, afin de faire la lumière sur ces abus, d’évaluer les mesures prises par l’Eglise, et de formuler des recommandations pour que ces délits et crimes ne se reproduisent pas.

Depuis quelque temps, de nouvelles manières de « faire Eglise » naissent : ce sont des signes d’espérance qui font sens et que nous soutenons à notre mesure. Ainsi Maryvonne va passer une année à Salvert, près de Poitiers, où des laïcs associés à une communauté religieuse animent un grand domaine : on y trouve une école Montessori, une maison d’enfants à caractère social, un accueil pour mineurs non accompagnés, une ferme, une grande maison où vivent ensemble des personnes qui connaissent la solitude ou l’exil, une petite résidence pour personnes âgées, une communauté religieuse… Tisser des liens, mettre la relation au cœur de la vie, dans un lieu porteur, voilà un beau projet ecclésial !

« La création gémit dans les douleurs de l’enfantement », nous dit Paul dans la lettre aux Romains. C’est bien le cas de notre planète, mise à mal aujourd’hui par la crise climatique et par le « chacun pour soi » de ses dirigeants politiques. Œuvrer avec d’autres pour la sauvegarde de notre « maison commune » est devenu un appel urgent. Les religieuses sont engagées dans ce mouvement, notamment par la campagne « Semer l’Espoir pour la planète » comme l’Union Internationale de Supérieures Majeures (UISG) à Rome l’a redit. Nous nous y associons par la nomination d’une xavière chargée d’aider les communautés à agir en ce sens, dans chaque région. Les petits gestes du quotidien, la diminution de l’usage du plastique, la réalisation de compost, le discernement dans notre manière de consommer et de nous déplacer, l’insertion dans l’économie solidaire sont autant de lieux concrets d’engagement pour chacune de nous, avec d’autres.

Quelques nouvelles d’événements qui nous ont réjouies cet été. Le 1er septembre, Nathalie a prononcé ses premiers vœux ; quelques jours plus tard, elle est partie en Côte d’Ivoire où elle est envoyée pour participer à la mission de la communauté de Cocody-Angré, en exerçant son métier de kinésithérapeute. Le 8 septembre, nous avons eu la joie d’accueillir au noviciat deux jeunes femmes : Grâce, ivoirienne, et Sonal, indienne qui a grandi à Abou Dabi et nous a rencontrées à Toronto. Plusieurs jeunes professes ont renouvelé leurs vœux, trois d’entre elles ont commencé leur 3e an, étape ultime de la formation initiale avant l’engagement définitif. D’autres ont célébré des jubilés dans une ambiance joyeuse à la Pourraque. Cet été encore, une vingtaine de xavières et de jeunes ont passé des vacances-chant, dans un beau lieu proche de Lourdes, occasion de s’écouter, de louer ensemble par des chants profanes et liturgiques. Un concert à la Cité Saint-Pierre de Lourdes a clôturé ce séjour dans la joie !

En 2021, nous fêterons les 100 ans de notre fondation. En effet, en février 1921 à Marseille, notre fondatrice Claire Monestès et Léonie Fabre, sa première compagne, prononçaient un premier engagement. Cet anniversaire sera l’occasion de revenir à la grâce reçue du chemin spirituel de Claire et des premières xavières, et de nous tourner ensemble vers l’avenir, dans la confiance. Vous aurez bientôt des nouvelles de ce que nous projetons de vivre car nous serons heureuses de vous associer à ces festivités.

Le dossier de ce numéro de Dialogue a pour titre « Davantage ». En effet, nous vivons dans des sociétés où nous éprouvons la pression du « davantage », du « toujours plus », notamment pour la consommation. Comment résister à cette pression ? Et si nous entendions que « moins est plus », comme le dit le pape François dans son encyclique Laudato Si ? Comment transformer le « plus » en une dynamique positive pour la création, pour nos sociétés, pour l’Eglise ?

Christine Danel, supérieure générale