En ce dimanche où nous fêtons le Christ Roi de l’Univers, Christine Danel, supérieure générale de La Xavière, a proposé ces pistes de méditation lors de la Messe qui prend son temps, à l’église Saint-Ignace à Paris.

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Chers frères et sœurs,

C’est une grande joie pour moi, xavière, de proposer quelques pistes de méditation en ce jour du Christ roi de l’Univers. En effet, notre fondatrice Claire Monestès a été saisie par la méditation du Règne dans les Exercices Spirituels de St Ignace. Dans cet exercice, le retraitant est invité à contempler le Christ Roi de l’Univers qui appelle tous ceux qui voudront le suivre de plus près, à être avec Lui dans la peine, pour être avec Lui dans la Gloire ! Il invite à ne pas être sourd mais généreux dans la réponse à cet appel !

Quelle est cette royauté de Jésus ?

Contemplons-le. Un roi couronné d’épines, humilié, bafoué, qui prend sur lui les moqueries, victime de la violence d’un système jaloux de son pouvoir.

Il affirme bien être roi, mais un royaume qui nous échappe, et nous désarçonne « oui, je suis roi, mais mon royaume n’est pas de ce monde. »

Cela demande une vraie révolution intérieure de voir comment Jésus, tout en assumant son autorité royale, renonce en même temps à exercer un pouvoir qui s’impose aux autres. Lui qui pourrait être sauvé du pouvoir de Pilate par des légions d’anges, assume d’être condamné à mort injustement…

Quelle est donc cette autorité et ce pouvoir de Jésus ?

Les évangélistes évoquent souvent la façon dont Jésus parle avec autorité, il dit une parole qui agit, qui guérit, qui sauve, qui relève ! « Ta foi t’a sauvé » ! dit-il souvent à ceux qu’Il guérit. Il y a chez lui une cohérence entre la parole et les actes. Jésus a donc bien une grande « autorité ».

D’ailleurs, cela enthousiasme les foules et provoque admiration et joie ! Notre tendance naturelle, comme ces foules du temps de Jésus est d’admirer les personnes qui ont du succès ou du pouvoir, dont on devient « followers » sur les réseaux sociaux!

Jésus refuse ce type de relation avec ceux et celles qu’il appelle. Il veut des disciples qui soient des êtres libres et il fait advenir à la liberté ceux et celles qu’il appelle !

Il ne cherche pas des admirateurs et s’en méfie plutôt. Par exemple, après le grand succès de la multiplication des pains (Jn 6), la foule veut le prendre de force pour le faire roi, et lui s’échappe et oblige ses disciples à reprendre la barque pour aller sur l’autre rive…

Il invite ses disciples à se méfier des puissants qui font sentir leur pouvoir. « Parmi vous, dit-il, il ne doit pas en être ainsi… Celui qui veut être le premier sera votre serviteur et l’esclave de tous » dit Jésus à ses disciples (Mc 10,43-44). Lui-même meurt comme un esclave.

Cela veut dire que son autorité, sa puissance d’attraction, est une puissance qui ne s’impose pas à la manière humaine mais une autorité qui s’efface, qui « se cache », afin de laisser son interlocuteur libre.

Dans son dialogue avec Pilate, Jésus ne s’impose pas mais invite ce dernier à assumer la justice qu’il est supposé rendre : « C’est toi qui dis que je suis roi ! » dit-il à Pilate.

Il invite ses disciples à le suivre, mais il les appelle amis et non serviteurs : « le serviteur ignore ce que veut faire son maitre, moi je vous appelle mes amis car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaitre… » (Jn 15,15).

Enfin, Jésus affirme son identité et sa mission.

« Moi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix… » (Jn 18,36).

Il y a un écho à cette vérité dans le cœur des disciples, de chaque être humain ! N’est-ce pas ce qui en fait l’universalité ? La vérité rejoint tout être humain dans le tréfonds de son être et de sa conscience, chrétien ou pas. Il y a une résonance entre la voix de la conscience et la voix de Jésus, sa manière d’être. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix… » (Jn 18,37). C’est une voix discrète, qui parle en nous même, et qui demande à vivre, à s’épanouir, qui invite à la liberté, la vérité de l’être, à la cohérence de vie.

L’appel de Jésus, est une invitation « Si tu veux ! », et non une injonction. Puissions-nous entendre cette voix dans nos vies, y être fidèles et y répondre avec générosité !