Claire Monestès, fondatrice de La Xavière
Claire Monestès naquit à Chambéry en 1880. Aînée de cinq enfants, elle vécut une jeunesse heureuse. De sa famille chrétienne elle reçut un solide attachement à Dieu.
Épreuves et choix
Lorsqu’elle eut 22 ans, la banque familiale fit faillite. Ses parents s’exilèrent à Marseille dans l’espoir de trouver un autre emploi. Quant à Claire, elle partit à Dublin, en Irlande, chez les sœurs du Sacré-Cœur. Elle y apprit l’anglais et gagna sa vie en donnant des cours de français et de musique pendant 2 ans.
En juillet 1904, Claire rejoignit les siens à Marseille et elle entreprit des études d’infirmière. Elle devint aussi préceptrice de Léonie Fabre, une jeune fille de bonne famille de Marseille.
Durant cette période, elle fut saisie par les problèmes sociaux qu’elle découvrait. C’est alors qu’elle fit la rencontre de jeunes femmes engagées dans le travail social et elle commença à collaborer avec elles.
Un jour de carême, en 1906, celles-ci l’entraînèrent à l’église St Philippe où le Père Eymieu, jésuite, prêchait selon un itinéraire emprunté aux Exercices spirituels de saint Ignace. Ce fut une révélation : touchée au cœur par la méditation du Règne, elle écrivit : « De ta suite, ô mon Roi, j’en suis ! » Elle avait 26 ans.
En 1907, le Père Eymieu embaucha Claire comme secrétaire bilingue. Elle l’assista dans ses travaux de recherche, et il devint son directeur spirituel.
En 1912, Claire rejoignit à Paris les militantes sociales qu’elle avait connues à Marseille. Elle participa comme membre externe à la vie et aux activités de cette institut en fondation : Notre-Dame du Travail. En 1916, elle y entra comme postulante, mais elle vécut un grand choc à la veille d’entrer au noviciat : la fondatrice lui signifia qu’elle n’a pas la vocation religieuse !
Après ce départ forcé, Claire revint à Marseille en état de choc. Dans cette période difficile, elle fut accueillie chez les sœurs du Cénacle.
Claire commença alors à donner de son temps pour une activité nouvelle qu’elle avait découverte à Paris sous l’impulsion des Sœurs du Cénacle : les Missions de Midi, des temps de prédication de 20 minutes autour du déjeuner à destination des ouvrières et employées du centre-ville. Claire organisa ces missions qui rassemblèrent dès le début près d’un millier de jeunes filles deux fois par an.
En 1920, Léonie Fabre, qui venait de sortir de chez les Sœurs de Marie, lui fit part de son désir de collaborer avec elle. Après un temps de retraite, elle s’offrit en personne, et proposa aussi à Claire une propriété au 39 rue Breteuil, non loin du Vieux Port.
Naissance de La Xavière
Claire et Léonie se consacrèrent ensemble à Dieu par des vœux privés le 4 février 1921, en présence du Père Eymieu. De ce jour-là date la fondation de La Xavière.
Peu à peu des jeunes filles attirées par ce style nouveau d’évangélisation et par le souci des populations déchristianisées, demandèrent à rejoindre Claire et Léonie.
De 1925 à 1930, 12 jeunes filles entrèrent au postulat. Ce petit nombre n’empêcha pas Claire d’entendre des appels et d’y répondre. Une fondation se fit à Paris, dans le quartier de la rue Mouffetard, qui à l’époque abritait une population pauvre.
Malgré de lourdes épreuves de santé, Claire était le ferment d’unité du groupe des xavières, dispersées entre Marseille et Paris. Elle invitait à « jouer cœur pour gagner ».
Atteinte d’un cancer, Claire mourut le 14 février 1939. Les xavières n’étaient alors que 8, entre 25 et 35 ans.
Aujourd’hui, la congrégation, reconnue de droit diocésain le 20 juin 1963 et de droit pontifical en 2010, compte un peu plus de 110 xavières, en France, en Côte d’Ivoire, au Tchad et au Canada.
Notre charisme
Xavières, nous sommes appelées à travailler à la croissance et à l’unité du Corps du Christ.
De l’expérience vécue par Claire, nous retenons trois facettes, comme des trésors à proposer dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui.
Accepter nos fragilités
L’expérience de Claire est un encouragement à persévérer dans l’épreuve, à ne pas fuir les lieux de fragilité, à rejoindre les personnes éprouvées, à tenir là où l’impuissance se fait sentir, à croire que la joie n’est pas impossible.
Avec le Christ pauvre et humble, nous croyons que Dieu agit dans nos humanités fragiles.
Tisser des liens
Dans un monde fragmenté, l’attention de Claire Monestès à « faire le lien » résonne particulièrement.
Tisser des liens nous rappelle des aspects fondamentaux de notre histoire : travailler avec d’autres, vivre et permettre la rencontre, réparer, travailler à la réconciliation et à la justice.
Avec le Christ qui rassemble, nous désirons créer des espaces de communion, retrouver les chemins de l’amitié sociale, travailler à la fraternité, à l'unité.
Être des femmes d’espérance
L’expérience de Claire Monestès nous pousse à nous tenir dans les lieux de fracture, de division, de nuit, pour veiller dans l’espérance comme les femmes qui se rendent au tombeau au matin de Pâques. L’engagement de Claire dans la société et l’Église de son temps a ouvert des chemins nouveaux avec d’autres.
Dans la société comme dans l’Église, nous désirons oser une parole et poser des actes qui contribuent à des relations renouvelées, participer aux processus de décision, chercher une plus grande réciprocité entre femmes et hommes.
Avec le Christ ressuscité, nous voulons engager notre créativité, notre audace et notre courage.