Topo #5 : le combat spirituel

Au long de ces semaines, nous avons peut-être éprouvé un décalage entre notre désir d’avancer et nos possibilités, notre faiblesse. D’où un certain découragement qui nous fait penser que le mal est plus fort que nous. Comme dit St Paul, je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas:

« Je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans l’être de chair que je suis. En effet, ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien, mais pas de l’accomplir. Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas.
Si je fais le mal que je ne voudrais pas, alors ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais c’est le péché, lui qui habite en moi. Moi qui voudrais faire le bien, je constate donc, en moi, cette loi : ce qui est à ma portée, c’est le mal.
Au plus profond de moi-même, je prends plaisir à la loi de Dieu. Mais, dans les membres de mon corps, je découvre une autre loi, qui combat contre la loi que suit ma raison et me rend prisonnier de la loi du péché présente dans mon corps.
Malheureux homme que je suis ! Qui donc me délivrera de ce corps qui m’entraîne à la mort ? » (Rm 7, 18-24 )

Oui, reconnaissons-le : le mal est plus fort que l’homme livré à lui-même. Mais si nous en restons là – comme nous sommes souvent tentés de le faire – nous baissons les bras et nous oublions une chose essentielle qui est au cœur de notre foi. Car Paul ajoute : « Grâce soit rendue à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 7, 25 )

Oui, Dieu est plus fort que le mal ! C’est pourquoi nous prions vers la Croix en sachant que celui que le mal a cloué là, Dieu l’a ressuscité : le mal, la mort ont perdu à tout jamais.

Dans ce combat entre le bon et le mauvais esprit, combat qui se passe au cœur du monde, mais aussi au plus intime de chacun de nous, nous allons pouvoir nous tourner vers ce Sauveur. C’est cela le salut : être arraché à l’emprise du mal, comme quelqu’un qui se noie est arraché au flot qui l’entraîne (Ps 123).

Oui, un sauveur nous est né qui vient nous arracher aux forces du mal. Il est venu partager notre humanité pour nous montrer le chemin de vie, la manière de vivre notre vie humaine dans l’amour, le service, sans nous laisser piéger par la course à l’argent, aux honneurs, au pouvoir. Non seulement nous montrer le chemin, mais le vivre en nous, par notre baptême, par l’Eucharistie.

Certes, nous tomberons certains jours, nous déraperons, mais comme un enfant qui glisse, trébuche, les bras de Dieu sont là pour nous relever.

Nous ne vivons pas le combat seul

Je peux m’interroger : dans mes combats, est-ce que je m’appuie sur moi-même seulement, ou je me tourne vers Dieu ? Faisons-nous alliance ?

Car c’est une victoire à nous deux, et non pas Dieu seul ou moi seul.

Quel cri est-ce que je lance vers Dieu dans le combat ? Quel acte concret est-ce que je pose ? « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu » (Ez 36, 28)

Si je tombe, me rappeler que le péché est vaincu par la miséricorde de Dieu, comme nous le célébrons dans le sacrement de Réconciliation. Quand je m’ouvre au pardon de Dieu, je laisse la victoire de l’Amour triompher en moi et suis régénéré.e. Je peux alors repartir pour un nouveau combat, en m’appuyant non sur mes forces seules mais sur celles de Dieu.

Dans les progrès que je fais, je peux reconnaître que ces avancées sont déjà la victoire de Dieu en moi : ne pas me l’attribuer, mais la vivre dans la reconnaissance, la louange.

Le maître du combat

Quand nous sommes au cœur du combat, tiraillés entre les forces de vie et les forces de mort, nous pensons souvent que c’est le signe que cela va mal. Au contraire, c’est un signe de bonne santé spirituelle ! Si nous choisissons de suivre Jésus, de mettre nos pas dans les siens, il n’est pas surprenant que nous partagions son combat. C’est l’inverse qui serait étonnant ! Le Christ nous appelle à nous associer à Lui pour faire triompher la lumière de l’amour dans un monde de ténèbres, ce qui a été le combat de toute sa vie :  « En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêté. » (Jn 1, 4-5)

Et ces ténèbres sont aussi en nous, dans cette tendance au mal qui nous habite. Nous passerons par le même chemin que Lui : « Le serviteur n’est pas au-dessus de son Maître. » (Jn 15, 20)

Plus nous allons être proche du Christ, plus nous allons participer avec lui à ce qui est son combat : « Lorsque les démons voient des chrétiens qui s’efforcent de progresser, alors ils les attaquent et les tentent en posant des obstacles pour les détourner de leur chemin. » (Saint Antoine)

Ce combat ne doit donc pas nous décourager, mais, au contraire, il nous rappelle que nous sommes bien avec le Christ, que c’est Lui le maître du combat et qu’il est déjà vainqueur : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16, 33)

C’est notre manière de prendre part à sa mission : « Père, que ton Règne vienne » !

Nous ne sommes donc pas seuls dans ce combat : le Christ y est avec nous, ainsi que tous ceux qui, aujourd’hui et hier, combattent et ont combattu pour que vienne le Royaume de l’Amour. Nous pouvons nous rappeler tous ceux qui ont versé leur sang pour le Christ, comme les martyrs de l’Ouganda et tant d’autres.

« Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l’histoire des hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l’a dit, jusqu’au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l’homme doit sans cesse combattre pour s’attacher au bien. » (Vatican II, Gaudium et spes, n° 37, 2)

Exercices pour la semaine

Dans le passage suivant (Ep 6, 10-18), St Paul nous présente les armes du combat dans la vie spirituelle.

  • Relever toutes les armes de Dieu que saint Paul nous présente dans ce passage.
  • Comment j’utilise ces armes dans mon combat contre les forces du mal ?
  • Sur quelles paroles de Dieu puis-je prendre appui ?

Devenez forts avec la force très puissante du Seigneur. Prenez avec vous toutes les armes de Dieu, pour pouvoir résister aux pièges de l’esprit du mal. Non ce n’est pas contre des êtres humains que nous devons lutter. Mais contre des forces très puissantes qui ont autorité et pouvoir. Nous devons lutter contre les puissances qui dirigent le monde de la nuit, contre les esprits mauvais qui habitent entre le ciel et la terre. C’est pourquoi prenez les armes de Dieu. Ainsi, dans les mauvais jours, vous pourrez résister, et après avoir bien lutté, vous resterez debout.

Alors debout ! Prenez la vérité comme ceinture, mettez la justice comme vêtement de combat. Prenez comme sandales l’ardeur pour annoncer la Bonne Nouvelle de la paix. Toujours et partout, prenez le bouclier de la foi. Avec lui, vous pourrez éteindre les flèches brûlantes de l’esprit du mal. Recevez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit Saint, c’est-à-dire la Parole de Dieu. Priez sans cesse. Faites toutes vos prières et demandes dans l’Esprit Saint! Soyez bien attentifs et priez toujours fidèlement pour tous les chrétiens.

Pour la prière personnelle :

Je peux prier avec le texte présentant le combat de Caïn, jaloux de son frère Abel : Gn 4,1-6.

Voir quelles armes Jésus utilise dans son combat contre Satan qui le tente  : Mt 3,13-4,11.

Relire le discours de Jésus après la Cène et m’arrêter sur tel passage qui me touche : Jn 14.

Prier avec le chant de Taizé  « Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler ; donne-moi d’accueillir ton amour » : cliquez ici.