C’est avec les vitraux de Paul Monnier, visibles dans l’église catholique de Bex, dans le canton de Vaud, en Suisse, que nous vous proposons de parcourir les stations du chemin de croix de Jésus.
Les méditations sont de Geneviève Roux, xavière.
« Toutes les scènes du chemin de croix émergent de la nuit, nuit où la profondeur du bleu est travail d’enfantement de la résurrection. » (P. Michel Maret).
Jésus est condamné à mort
« Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. « Qu’est-ce que la vérité ?» lui demanda Pilate. » Jn18, 33-38
Des couleurs primaires : jaune d’or, rouge, vert, bleu. Sur le ciel sombre, le fronton et les colonnes d’un lieu de pouvoir. Et, proches de nous, deux personnages dans une grande proximité. A gauche Jésus, nu sous son manteau d’écarlate ; un jonc lui tient lieu de sceptre il est du même jaune d’or que l’auréole crucifère qui entoure sa tête. Il a les mains liées.
Son visage, tissé de force et de douceur est masculin et féminin tout à la fois. Il est tourné l’intérieur.
Assis à ses pieds, adossé à lui, voici Pilate portant la couronne de laurier des généraux romains vainqueurs au combat. Il tourne la tête et lève vers Jésus des yeux étonnés.
Quel est-il donc cet homme ? Il vient de le condamner mais il comprend « qu’il n’a sur lui aucun pouvoir » L’amour humilié fait échec à la violence.
« Mort, où est ta victoire ? »
Oraison
Seigneur Jésus, Toi qui nous dis : « Mon royaume n’est pas de ce monde », convertis nos cœurs afin que la séduction des richesses et du pouvoir, la soif de domination ne nous aveuglent. Fais-nous choisir avec Toi le chemin du service et de la paix. Amen.
Jésus est chargé de la croix
« Ils se saisirent de Jésus.
Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire),qui se dit en hébreu Golgotha. » Jn 19,17
Jésus avance vers nous revêtu de la tunique écarlate, couleur du sang versé.
Derrière lui un homme soutient de sa main le bras de la croix. Nous ne voyons qu’une partie de son profil et son sourcil levé. A droite, un autre visage, de face, lui fait pendant. Ces deux hommes chargent Jésus de sa croix.
C’est leur travail d’aujourd’hui.
Jésus est là, les yeux baissés, concentré. Sa main sur la croix semble celle d’un violoniste sur son archet.
Quelle est cette cantate qu’il va maintenant jouer ?
Silence – Notre Père
Oraison
Avec Jésus chargé de sa croix nous nous tenons devant Toi, Seigneur. Avec tous les souffrants de ce monde, les malades, les désespérés, ceux auxquels il est fait violence… Avec lui, le serviteur souffrant, nous nous confions à ton amour pour que tu transfigures nos passions, dès ce temps présent et pour la vie éternelle. Par ce même Jésus-Christ ton fils Notre Seigneur. Amen
Jésus tombe sous le poids de la croix
« Il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. » Is 53, 2-3
Jésus occupe tout le bas de l’image. Il tombe, malgré l’effort de l’homme en bleu qui tente de le retenir. Il tombe, « comme du plomb, il s’engloutit dans les eaux redoutables.» Ex 15,10
La croix qu’il porte est teintée de vert, la couleur du blé qui lève. Ses tranches d’or qui font écho à l’auréole crucifère annoncent déjà la résurrection.
Sourcils levés, yeux grands ouverts, Jésus sonde l’abime du mal au cœur de l’homme. Ses lèvres sont closes, leurs coins s’abaissent « comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. » Is 53,7.
Sa main ne tient que parce que l’homme en bleu a saisi son poignet.
Au-dessus d’eux c’est la nuit sur la ville.
Rouge du sang versé et de l’amour offert, jaune de la gloire, vert de la vie malgré tout, bleu nuit couleur d’enfantement de la résurrection.
Le bois de la croix est vert – espérance.
Silence – Notre Père
Oraison
Avec ton serviteur qui ploie sous le fardeau nous crions vers toi, Seigneur notre Dieu. Regarde tous ceux et celles dont la charge est trop lourde à porter. Qu’ils ne désespèrent pas lorsque redouble le mal. Avec Jésus nous te prions pour nos frères et sœurs tentés par la désespérance. Décharge-les de leur fardeau. Mets un frère ou une sœur sur leur chemin. Par Jésus-Christ ton Fils, Notre Seigneur Amen.
Jésus rencontre sa mère
« J’ai cherché celui que mon âme désire ; je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé. Oui, je me lèverai, je tournerai dans la ville, par les rues et les places : je chercherai celui que mon âme désire ; je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé. Ils m’ont trouvée, les gardes, eux qui tournent dans la ville : « Celui que mon âme désire, l’auriez-vous vu ? » À peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon âme désire. » Cantique des cantiques 3, 1-3
Ils ne sont plus que deux, à l’ombre l’ombre de la croix verte et or.
Marie est vêtue de rouge, comme son fils, et nous saute aux yeux ce glaive blanc et pourpre planté à la hauteur du cœur.
Elle entend de nouveau les paroles de Syméon dans le temple : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction et toi, ton âme sera traversée d’un glaive. » Lc 2,34-35
Jésus a posé sa main, comme une aile sur l’épaule de sa mère. Il la regarde. Elle le regarde. Chacun prend sur lui la douleur de l’autre dans une immense compassion.
Silence – Notre Père
Oraison
Seigneur Jésus, ta mère est là dans la foule hostile ou accablée. Elle est là, impuissante comme toutes les femmes qui perdent un enfant. Donne-nous de nous tenir comme elle près de Toi. Qu’elle nous accompagne puisque tu nous la donnes pour mère, Jésus, toi Notre frère pour les siècles des siècles. Amen
Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix
« Ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. » Lc 23, 26
« C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. » Is 53,4-5
Sur le ciel bleu sombre se détachent trois traits d’or qui marquent l’épaisseur de la croix. Puis trois taches vertes pour la surface des planches. Et sous ce poids, le visage de Simon le Cyrénéen, penché vers la terre. Sa main gauche est posé sur le bras de la croix en un geste qui fait violence au corps. Simon ne se révolte pas, il accomplit la corvée que lui impose l’occupant.
Jésus est devant, les yeux clos, la main gauche apaisant l’emballement du cœur. Un moment pour reprendre souffle. Un moment pour trouver la force d’aller de l’avant.
Silence – Notre Père
Oraison
Dieu toi qui triomphes de la mort en nous donnant l’étendard de la croix , donne-nous de persévérer dans l’épreuve. Béni sois-tu pour les compagnons et les compagnes qui allègent notre peine. Sois notre force. Par Jésus le Christ notre Seigneur lui qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen
Jésus console les filles de Jérusalem qui le suivent
« Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité ! ” Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.” Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » Lc 23, 27-31
Jésus a chargé de nouveau sa croix, verte et or. Au centre du vitrail, nous voyons sa main. Le pouce l’index et le majeur levés, les deux autres doigts repliés. C’est la main qui bénit, mais c’est aussi la main créatrice du Père, celle qui appelle à la vie.
Sous cette main, sur la droite de l’image, trois femmes trouvent refuge. Trois jeunes visages féminins : « des jeunes filles lui font cortège » dit le psaume 44. Un cortège de compassion. Mais c’est Jésus au cœur de sa Passion qui a compassion d’elles : « Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » Il voit l’immense douleur des hommes et des femmes au long des temps. Et son visage exprime une compassion sans bornes.
Silence – Notre Père
Oraison
Seigneur Jésus, toi qui accueilles les femmes de Jérusalem et a compassion d’elles, regarde notre monde déchiré par les guerres. Nous te prions pour tous les peuples opprimés ou en guerre, pour les foules de personnes déplacées, pour les victimes de toutes les guerres oubliées. Toi, le prince de la Paix fais venir ton Règne au milieu de nous.
Jésus est dépouillé de ses vêtements
« Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas.
Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. » Jn 19,23-24
Jésus est au centre de l’image; le visage tourné vers la gauche. Il regarde intensément l’homme au bonnet rouge qui s’apprête à lui arracher son manteau de pourpre. Et celui-ci le regarde. Il semble suspendre son geste.
De l’autre côté un autre homme dont nous ne voyons que le visage et la main gauche. Il a les yeux clos, sa main semble desserrer sa prise. Il est aussi vêtu de rouge.
La main de Jésus, à hauteur du cœur, semble suspendre un mouvement entre refus et acquiescement. Il va être mis à nu, offert à tous les regards, offert aux outrages. « Le Christ s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme du serviteur, il s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, jusqu’à la mort de la croix… » Phil 2,6-7 écrira saint Paul.
Mais l’auréole crucifère atteste que ce lieu d’humiliation est aussi celui où se lève déjà le soleil de la résurrection.
Silence – Notre Père
Oraison
« Jésus, que l’on a bafoué sans raison, prends pitié de ceux dont l’amour est trahi. Jésus, que l’amour du Royaume a perdu, prends pitié de ceux que l’on met en prison. Jésus, que l’on a dépouillé de ses vêtements, prends pitié de ceux qui souffrent pour la justice. Jésus, humilié par les hommes, sauvé par Dieu, soit la joie et la fête des pauvres. » Toi qui vis et règnes avec le Père et l’Esprit pour les siècles des siècles, Amen
Jésus meurt sur la croix
« Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus.Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. » Jn 19, 30-35
Au centre de l’image, Jésus endormi sur la croix. Sur le fond de ténèbres, l’or des auréoles et de la croix brille d’un sobre éclat. Marie-Madeleine et Jean en grande douleur ont fermé les yeux, mais Marie sa mère tient les yeux grand ouverts. Elle guette déjà l’aube de la résurrection qu’elle attend dans la foi.
Au côté de Jésus, la plaie du coup de lance s’offre à nos regards. Le sang s’écoule à flots et recouvre le bois de la croix. Sang de l’Agneau immolé sur la croix. Ex 12
Silence – Notre Père
Oraison
Seigneur Jésus, en ta souffrance et par ta croix, tu donnes sens au mal de l’homme. En ton agonie et par ta mort tu nous montre la vie malgré tout, Toi qui es sorti vivant du tombeau, Eveille-nous quand viennent en nos cœurs les forces de la mort. Nous te le demandons, à toi qui es vraiment le Fils du Dieu vivant, Jésus-Christ Notre Seigneur. Amen
Jésus est mis dans le sépulcre
« Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus…À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne.
À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. » Jn 19,38-42
Marie a passé son bras droit autour des épaules de Jésus, étendu sur la pierre du tombeau. Elle soutient sa tête. Le bras de Jésus, encore souple, semble vouloir la saisir.
Et Marie regarde son Fils une dernière fois, mais ses yeux sont clos. Mystère de l’absence, A-Dieu au visage.
Derrière l’épaule de Marie, Jean se penche et tend son bras vêtu de rouge pour toucher son rabbi une dernière fois.
Au premier plan un vase rouge empli d’eau ou d’aromates et un chiffon pour nettoyer le corps du supplicié.
Silence – Notre Père
Oraison
« Comment passerons-nous à toi Seigneur, si ce n’est en Jésus notre Pâque? Lui seul t’a offert le sacrifice du soir, les mains levées, en croix et libre ! Tiens notre prière dans la sienne, et retiens notre cœur dans le sien. Comme tu as su le garder, garde-nous aussi de tout mal dans l’attente de la résurrection. Par lui qui vit et règne avec toi dans les siècles des siècles Amen »
Nom de Jésus, qui blesses notre cœur
Et creuses tout désir, loué sois-tu !
Cœur de Jésus, qui calmes toute soif
Et combles toute faim, pitié pour nous !
Nom de Jésus, puissance de Salut
Qui marques notre front, loué sois-tu !
Cœur de Jésus, qui mènes vers la joie,
Qui gardes dans la paix, pitié pour nous !
Nom de Jésus, qui blesses notre cœur
Et creuses tout désir, loué sois-tu !
Cœur de Jésus, qui calmes toute soif
Et combles toute faim, pitié pour nous !
Nom de Jésus, puissance de Salut
Qui marques notre front, loué sois-tu !
Cœur de Jésus, qui mènes vers la joie,
Qui gardes dans la paix, pitié pour nous !
Hymne de Didier Rimaud