L’évangile du premier dimanche de Carême nous permet de voir Jésus vaincre les tentations au désert. Mettons nos pas dans ceux du Christ avec cette œuvre de Mireille Latty, intitulée Renaissance.
Je regarde l’image
Posée sur la ligne de tiers de l’image, cette grande silhouette d’un personnage en marche, attire mon regard. Il avance d’une démarche décidée et souple, la main gauche dans la poche, la droite ouverte, les cheveux dans le vent.
Il sort de la nuit, il va vers la lumière.
Les ténèbres et les eaux profondes cernent sa tête et son buste. Sous ses pieds, un terrain incertain. A son coté, des vaguelettes d’eau transparente viennent mourir sur le sable jusqu’au bas du tableau.
Il sort de l’abime, il affermit ses pas.
Les taches d’orange et de jaune safran jouent avec les éclats d’un noir velours. L’artiste écrit : « A partir d’émulsion de peinture à l’huile et de technique mixte je fais sortir les formes de la couleur pour y laisser advenir le mystère. » Elle a intitulé ce tableau « Renaissance ».
Je médite
Dans cette silhouette, je vois Jésus au sortir du désert « avec la puissance de l’Esprit ». Les ténèbres, le terrain mouvant, l’eau qui peut noyer mais sur laquelle Jésus marchera, l’orange flamboyant du feu qu’il vient apporter sur la terre, l’ocre de la terre maternelle et le noir du rocher sur lequel le pied reprend appui me parlent de notre monde. Ce monde entre violences sans nom et rêves fous de paix.
Jésus a été affronter au désert la soif des richesses, des honneurs, de la puissance dominatrice qui, nous ne le voyons que trop, mènent les humains dans des guerres sans merci.
Dans ce récit des tentations de Jésus l’évangéliste Luc annonce les jours de la Passion. Il sort vainqueur du premier combat, mais Luc nous dit que le diable s’éloigne de lui jusqu’au moment fixé.
La finale se jouera sur la croix et au matin de Pâques.
A sa suite nous n’échappons pas au combat. Il se joue dans nos vies mêlées : « celles où tout est mélangé, où l’on ne comprend pas grand-chose, où l’on est souvent déçu, où l’on ne sort jamais tout à fait des malentendus et des tensions. » comme l’écrit Etienne Grieu s.j
Mais là où « tout ce qui nous divise, nous sépare, nous oppose, tout ce qui est injuste ou blessant peut être vu comme ce qui appelle le passage de Dieu. »
Je prie
Avec l’imprécision des formes, le foisonnement des traces, les ombres et la lumière, ce tableau, ressemble à la carte de ma vie « mêlée ».
Cette silhouette en marche m’évoque le passage de Jésus et sa sortie du désert « avec la puissance de l’Esprit. »
Seigneur, au long de ce carême donne-moi, donne-nous ton Esprit pour bâtir ton royaume dans les ombres et les lumières de nos vies.
Évangile selon Luc 4,1-14
Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Jésus retourna en Galilée avec la puissance de l’Esprit…