Moi non plus je ne te condamne pas (Jn 8,11)

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Dans l’évangile de la femme adultère, Jésus répond à ses accusateurs et fait éclater sa miséricorde.

Par Geneviève Roux, xavière

femme adultere

Je regarde l’image

C’est une enluminure du psautier d’Ingeburge de Danemark conservé au musée Condé à Chantilly. Elle a été peinte au XIIIème siècle.

Sur un fond d’or qui représente la lumière divine, deux scènes sont représentées. Dans chacune d’elles figurent deux personnages semblables. 

Reconnaissable à son auréole crucifère, le Christ est assis sur un siège richement orné. Sa main droite est levée, il est vêtu d’une tunique bleu royal et d’un manteau orangé. Il tient un livre dans sa main gauche. Un escabeau est sous ses pieds. Voici une représentation codée et symbolique du Christ Seigneur, Roi de l’univers.

Face à lui chaque fois, une femme est debout, vêtue d’une robe orange et d’un manteau bleu qui lui couvre la tête.

Dans l’image supérieure trois autres personnages apparaissent.

A gauche un homme debout coiffé d’une calotte et portant une barbe grise. Il tient dans sa main une pierre. Devant lui un jeune homme en courte tunique verte et aux cheveux hirsutes pousse  la femme en avant. Derrière elle un autre homme barbu a recouvert sa main gauche d’un pan de son manteau. Il tient sans doute lui aussi une pierre.

Le jeu des mains est signifiant : Jésus et l’homme placé derrière la femme ont chacun l’index levé comme ceux qui discutent vivement. La femme, de sa main droite, serre son manteau sur son sein, tandis que de la gauche elle esquisse un geste d’excuse. Le jeune aux cheveux courts la pousse en avant en la tenant fermement par le bras. Et le dernier, bien droit, semble tapoter une pierre en attendant l’issue de cette rencontre un sourire narquois aux lèvres.

Cette femme, prise en flagrant délit d’adultère, est prisonnière des hommes qui l’entourent, elle risque la mort par lapidation. La scène est hélas courante aujourd’hui dans certains pays. Les hommes se servent d’elle comme d’un objet « pour mettre Jésus à l’épreuve afin de pouvoir l’accuser ». Et peu leur importe que la femme succombe. Les féminicides ne datent pas d’aujourd’hui. Ici en quelques traits le piège nous est montré.

Dans l’image inférieure les accusateurs de la femme ont disparu. Jésus la regarde, elle ouvre ses mains comme celle qui se rend et qui remercie. Et Jésus tend la main vers elle : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » – « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Et voilà que derrière Jésus apparait un personnage qui n’était pas sur l’image supérieure. Debout, pieds nus comme Jésus, il tient dans ses mains un parchemin enroulé (une autre forme de livre). Il porte une auréole rouge. Apôtre ou simplement disciple, il regarde ce qui se passe entre Jésus et la femme non pour le piéger mais bien au contraire pour annoncer ce qu’il voit : l’incroyable miséricorde de Dieu.

Il est le témoin fidèle qui, comme Jean l’Évangéliste ou Thomas, voit et croit.

Je médite

Le fond d’or, les gestes sobres et codés des personnages me disent que l’enlumineur ne cherchait pas la dramatisation de la scène (comme le feront les artistes des siècles suivants).

Il s’agit d’une icône dans un livre de prière. La composition est destinée à nous introduire à un regard intérieur.

Je contemple Jésus « Prince de la paix ». Je me tiens comme le témoin fidèle dans la contemplation de l’amour infini du Christ.

Je suis ému(e) de compassion pour cette femme à la vie tourmentée qui est passée si près d’une mort violente et qui a subi le mépris des bien-pensants. Je sais aussi que je peux être un justicier sans pitié, un violent qui aime en découdre, un type brillant qui veut avoir le dernier mot.

Je prie

« Rappelle-toi Seigneur : tu es le Dieu qui sauve ! En nous donnant ton fils, tu révèles ta tendresse. En nous pardonnant nos fautes, tu montres ton amour. Oublie nos révoltes, enseignes-nous le bon chemin. Fais-nous connaître et garder ton alliance. » Oraison du psaume 24 – Cerf 199

L’évangile de la femme adultère (Jn 8, 1-11)

Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.

Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »

Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.

Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.

Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

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