En ce deuxième dimanche de l’Avent, Geneviève Roux nous fait découvrir cette œuvre de Sabine Juery, intitulée Pèlerinage.
« Tout être vivant verra le salut de Dieu » Lc 1,6
Je regarde le tableau
Lorsque je le regarde de loin c’est son relief ou sa profondeur de champ qui retiennent d’abord mon attention. Nous sommes en plongée au-dessus d’une foule. La lumière vient d’en-haut à gauche et projette de longues ombres devant plusieurs silhouettes, entrainant notre regard vers le haut à droite. Les personnages semblent modelés dans la glaise.
Mon regard voyage du groupe central à celui d’en haut à la couleur bleutée et s’échappe par une tache de lumière.
Curieusement, j’ai du mal à fixer mon regard dans la partie basse de l’image.
Pourtant, j’y vois, en bas à gauche deux figures féminines qui se font face, celle qui vient vers nous penche la tête et se tient les mains croisées, parle-t-elle à celle qui est dans le coin de l’image ? Une figure en djellaba noire et ocre vient vers nous, précédée de deux femmes.
Le groupe central semble en grande conversation. Y-a-t-il un homme barbu, des femmes, des enfants ? Vers le haut à gauche, des silhouettes incertaines. Tout en haut, sur le fond ocre, deux personnages en conversation sont esquissés d’un trait sépia. D’autres s’éloignent.
Et notre regard glisse vers la droite : une foule bleutée semble en attente, trois silhouettes en ombres chinoises marchent vers la gauche.
Les couleurs sont d’ocre rose, de bleus et de noir rehaussées de quelques touches d’ocre et d’orange.
Ni arbres, ni maisons seulement l’ocre rose du sable. De l’ensemble se dégage un sentiment d’attente. Ces gens se trouvent-ils dans le désert ? Qui sont-ils et que cherchent-ils ?
Je médite
Je suis quelque part au milieu de cette foule en attente. J’évoque toutes celles dont les médias nous donnent des images. Foules des camps de réfugiés du Soudan ou de Gaza, pèlerins de tous les lieux saints, foules en liesse ou en détresse…
J’entends Marc l’évangéliste : « En ce temps-là, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger… » Mc 6, 34-44
Et j’entends aussi le prophète Baruch dans la première lecture de ce second dimanche de l’Avent.
« Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours…vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint…Il a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. » Ba 5,8
Sur ce tableau, la terre est aplanie, chacun va pouvoir se mettre en route en sécurité.
Est-ce un rêve illusoire, une manière d’endormir nos douleurs ? Non, c’est la foi qui invite à l’engagement.
Je prie
Dans l’Esprit du Dieu de Jésus-Christ, je prie pour ces foules sans berger ou dont les bergers sont des tyrans. Je prie pour celles qui sont loin et celles qui me sont proches, celles dont je fais partie.
C’est par nos gestes que les chemins deviennent sûrs et que chacun ose se mettre en route.
A quoi m’invites-tu Seigneur, aujourd’hui ?