Envoyée à N’Djamena, au Tchad, il y a trois ans, Aurélie témoigne de son itinéraire.

Article initialement paru dans la feuille paroissiale de Sainte Marie en Pays d’Ancenis

Pourriez-vous nous dire qui vous êtes et où vous êtes aujourd’hui ?

Je m’appelle Aurélie Roiné, et j’ai vu le jour il y a 43 ans à Ancenis où j’ai grandi. Un jour, l’appel de Dieu à la vie religieuse a su vaincre mes résistances, pour oser ce chemin de vie. En 2005, je suis rentrée dans la congrégation « La Xavière, missionnaire du Christ Jésus ». Initialement professeur de mathématiques, suite à une formation en comptabilité-gestion, j’ai été envoyée au Tchad il y a trois ans, pour coordonner le CEDIRAA, « centre diocésain recherche action en alcoologie ».

Quelle est la mission et le service que vous développez au Tchad, avec qui ? Voyez-vous des évolutions ?

Le Tchad est un pays attachant, et c’est sans doute ce que je voudrais partager en premier. C’est aussi un pays fortement touché par la pauvreté et en conséquence, afin d’oublier quelques heures les malheurs, par la consommation d’alcool et d’autres drogues. Le CEDIRAA, où je travaille avec une équipe de huit tchadiens, propose des sensibilisations, des soins et des accompagnements divers. C’est petit à l’échelle d’un pays, mais chaque personne aidée représente une famille soutenue. Et progressivement, le message passe que l’alcoolisme est une maladie, et qu’il est possible de s’en sortir.

Qu’aimerez-vous nous dire d’une attitude missionnaire pour nous ici avec le recul et l’expérience que vous avez ?

Au Tchad, j’expérimente que le désir de partager ma foi ne peut se vivre que dans une ouverture à l’autre qui exige un déplacement de mes images, de mes conceptions, du moi. Alors, je peux me laisser toucher, comme par exemple par l’hospitalité et le sens d’une présence gratuite, par le dialogue interreligieux simplement en habitant un quartier musulman, par la foi de ces femmes et hommes qui n’ont rien mais remercient Dieu pour la vie. Alors la rencontre devient relation, le respect ouvre des espaces, la vie avec le Christ se partage au-delà des mots. Certes, lâcher mes idées reste parfois difficile, mais cette attitude missionnaire est vraiment source de vie et peut être vécue en tout lieu.