Le 25 avril dernier, notre sœur Marie de la Monneraye nous a quittées, à l’âge de 91 ans.

Christine Danel, supérieure générale, évoque sa vie.

Marie est née le 1er janvier 1927 à Versailles. Elle est l’avant-dernière d’une fratrie de cinq enfants dont une sœur cadette, Geneviève, et deux frères, Henry et Jean-Charles. Elle fait des études de français et d’anglais.
Après des combats et hésitations car elle avait plusieurs prétendants, elle est arrivée à La Xavière le 8 décembre 1956. Elle est entrée au noviciat le jour de Pentecôte 1957. Elle fait ses premiers vœux le 12 septembre 1959 et ses vœux définitifs le 12 septembre 1964, à la Pourraque. Sur l’image de ses vœux, est marquée une citation de Jean 17 : « Consacre-les dans la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoyés dans le monde ».

Son postulat et son noviciat se passent à Paris, rue Tournefort, comme cela se faisait à l’époque. Après ses premiers vœux, de 1960 à 1963, elle travaille à la paroisse Saint -Médard comme responsable paroissiale, ainsi qu’au collège Madeleine Bouteloupt où elle s’occupe de la Taxe d’apprentissage.
En 1963, elle est envoyée à Marseille où elle est d’abord employée de bureau (chez Sonotone), puis animatrice à la paroisse Saint-Charles : elle y fait de la catéchèse et s’occupe des adolescents – tout en étant intendante au Foyer de la rue Breteuil.

De 1967 à 1969, elle est dans la communauté de Saint-Etienne où elle travaille comme bibliothécaire à La Ricamarie (commune proche de Saint-Etienne) puis à l’Université. En 1969, elle obtient son diplôme de bibliothécaire. Elle aimait beaucoup ce métier qu’elle exerçait avec beaucoup de créativité !
En 1969, elle revient à Marseille où elle va rester jusqu’en 1987. Elle est alors bibliothécaire à la SNCF.
En 1987, elle part dans la communauté du Mirail à Toulouse où elle restera jusqu’en 2000. Envoyée d’abord pour travailler dans l’audio-visuel, elle se laisse saisir par la réalité du quartier du Mirail et va s’investir au « Relais Maghreb » ainsi qu’à la Pastorale des Migrants. Elle était animée du sens de la justice et de l’accueil de l’étranger. En 1988, elle écrit dans la revue Dialogue : « Quatre visites dans des familles : je passe en quelques heures de la France au Laos, via le Maroc et le Ghana. J’ai le vertige et le jeune animateur qui est avec moi reçoit un vrai choc. Mais c’est cela la réalité du Mirail et je ne peux m’empêcher de repenser à cette phrase de Claire Monestès : ‘Avoir le monde entier pour cloître et pour chapelle’. »
A cause de son état de santé, elle doit quitter Toulouse. Elle entre à la maison de retraite des Petites Sœurs de l’Assomption (rue violet à Paris) en 2001 où elle a vécu les 18 dernières années de sa vie.

Marie nous a marqué par son souci des autres, son désir de rejoindre toute personne sans distinction de religion, d’enseigner la lecture avec créativité, sa sollicitude pour les plus petits, attentive à chacun. Nombreux sont ceux qui ont été marqués par son sourire. Marie a traversé l’épreuve de la maladie, fidèle à la prière et à l’ouverture aux autres.

Marie, tu nous précèdes dans la maison du Père où tu as rejoint les xavières du Ciel, dans la joie et la lumière. De là où tu es, prie Dieu pour nous, afin que, comme toi, nous puissions être fidèles jusqu’au bout, quelque soit le chemin des épreuves que la vie peut nous faire traverser !

 

Hommage rendu par l’équipe des soignants de la maison où Marie a vécu ses dernières années.

Sœur Marie,

Vous venez de passer 17 ans de votre vie dans notre maison, 17 années riches et intenses, 17 années durant lesquelles vous avez tissé des relations, parfois très profondes, avec nombre d’entre nous. Vous nous avez tous marqués, dans notre parcours professionnel mais aussi personnel, par votre capacité à faire face à la maladie, votre capacité de résilience et votre souci permanent de l’autre. Aussi, nous souhaitons, au nom de toute l’équipe qui nous a transmis ses témoignages, vous rendre hommage :

Nous nous souvenons de votre arrivée, de votre désir volontaire de vous intégrer à votre nouvelle communauté de vie, votre volonté de comprendre, de vous adapter et surtout de connaitre chacun. Vous nous disiez : « c’est une chance d’être ici ».
Nous nous souvenons de votre attention constante aux autres et à leur bien-être, jusqu’au bout. Nous revient l’exemple de la salle d’équipe lorsqu’elle était en face de votre chambre : chaque matin vous souhaitiez la bienvenue aux soignantes, leur exprimiez votre reconnaissance d’être là, vous souciant de leur trajet pour venir, de leur fatigue, et leur apportant des fruits ou des friandises gardées pour elles au cas où elles n’auraient pas eu le temps de déjeuner !
Nous nous souvenons de votre douceur, des mots toujours agréables, de votre inquiétude quand quelqu’un semblait en souffrance.
Nous nous souvenons de votre dynamisme pour participer aux animations et aux fêtes. Vous ne manquiez aucun atelier de danse orientale de Najat ni les ateliers du PASA et toutes les activités de Myriame, vous avez participé aux spectacles, dansé aux fêtes, joué à l’atelier théâtre, débattu à la revue de presse et apporté vos réflexions et votre humanisme au Comité d’éthique.
Nous nous souvenons de votre conscience professionnelle : combien de fois avez-vous proposé à certains d’entre nous des cours de français, ou corrigé avec tact et pédagogie les fautes de français de la soignante qui s’occupait de vous !
Nous nous souvenons de votre amour de la Sainte Vierge et du cocon protecteur admirable que vous avez su créer sur les murs de votre chambre avec des centaines de représentations de Marie que vous aviez tant plaisir à commenter.
Nous nous souvenons de votre amour pour votre famille et plus particulièrement votre fratrie, des photos que vous commentiez avec fierté, des souvenirs partagés.
Nous nous souvenons de votre attachement profond aux Xavières, de votre plaisir à parler de votre vocation et de la vie spirituelle.
Nous nous souvenons de votre conscience étonnante de vos difficultés et de vos efforts remarquables pour trouver des stratégies, pour ne pas laisser filer trop vite cette mémoire qui flanchait.
Nous nous souvenons de votre besoin sans cesse renouvelé de comprendre, analyser, mettre en mots votre vie intérieure. Vous nous avez fait confiance, durant toutes ces années, pour vous accompagner et nous confier une part de votre intimité et de vos inquiétudes.
Nous nous souvenons que pendant les dernières années, le lien s’exprimait de plus en plus par le regard et par le toucher. Prendre du temps avec vous, même en silence, vous était d’un grand réconfort.

Alors pour continuer à faire vivre votre pensée, voici quelques citations, qui pourront nous accompagner sur la suite du chemin, elles sont de vous :

 « Il faut donner tout jusqu’à la fin et ne pas économiser ce qui reste »
« Le vieillissement ce n’est pas ramasser la fin de ses jours mais vivre la fin de ses jours »
« La créativité c’est rendre riche les choses qui paraissent pauvres »
 « Il faut chercher des choses positives dans les événements et chez les autres, et ça redémarre »
« Ma mémoire ne s’intéresse ni au passé, ni à l’avenir, elle ne s’intéresse qu’au présent »

Merci, Sœur Marie.