Introduction
« Hommes et femmes en Église » : un sujet brûlant d’actualité !

Notre société considère souvent l’Église comme rétrograde dans ce domaine.

Comment faire pour que notre manière de vivre en Église ne soit pas un contre-témoignage ?
Au fond, quelle Église voulons-nous ?
Avec quels types de relations entre hommes et femmes ?

Voilà sans doute les questions principales.

Ce dossier propose quelques pistes de réflexion à partir d’un regard dans la Bible, dans la Tradition, sur l’apport de Vatican II…

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Bible
Le livre de la Genèse, dans l’Ancien Testament, donne deux récits de création :

Dans le chapitre 1, homme et femme sont deux visages, d’égale dignité, de la même humanité, créée à l’image de Dieu. Dans le chapitre 2, il y a une tension dramatique entre l’homme et la femme. L’histoire des lectures et des effets de ce texte est très complexe ! Est-il écrit pour légitimer la domination de l’homme sur la femme ? Ou plutôt pour mettre en garde contre ce qui fait échouer les relations ?

Dans le Nouveau Testament, les Evangiles accordent une place importante aux femmes à la suite de Jésus : elles sont présentes à la Passion, au pied de la Croix. Marie-Madeleine est la première messagère de la Résurrection. Véritable disciple, elle est la première à vivre et à annoncer le nouveau type de relation avec le Seigneur Ressuscité. Dans l’Evangile de Jean, l’Eglise naît avec Marie-Madeleine ! Le pape François a haussé la « mémoire » liturgique de sainte Marie-Madeleine au rang de « fête ». Mais l’Eglise n’a pas encore pris acte complètement de l’importance du témoignage de cette femme. Pour beaucoup, elle est surtout la « pécheresse repentie ».

Ce que Paul écrit dans la lettre aux Galates (3,28) exclut toute exclusion : « Il n’y a ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. » Par le baptême, tous les croyants, hommes ou femmes, deviennent des créatures nouvelles et sont unis dans le Christ. C’est révolutionnaire dans la culture patriarcale de l’Antiquité. Mais, dans certains passages des lettres de Paul, on sent que les communautés chrétiennes vont s’adapter à la culture environnante (patriarcale) et perdre quelque peu le spécifique chrétien de l’égalité baptismale entre hommes et femmes.

En résumé : les textes du Nouveau Testament qui cherchent à justifier la condition subordonnées des femmes dans la société et dans l’Eglise, sont peu nombreux.
Les textes qui valorisent les femmes, de manière inhabituelle pour l’époque, sont bien plus nombreux. Mais ce ne sont pas ceux-là que la tradition de l’Eglise a mis en valeur…

Tradition
La Tradition reconnaît qu’hommes et femmes ont été créés à l’image de Dieu même si certains auteurs l’ont nié en ce qui concerne la femme…

Mais cette égalité sur le plan spirituel se double, aux yeux de la Tradition, d’une « subordination naturelle » de la femme à l’homme.

Au XX° siècle, des penseurs chrétiens ont tenté de revaloriser la femme, en produisant une « théologie de la femme ». Ainsi Edith Stein et Gertrude Le Fort ont réfléchi à la vocation de la femme. Pour le théologien Balthasar, cette vocation est la « réceptivité », le fait d’être réponse à la parole. Jean-Paul II, dans son encyclique Mulieris Dignitatem de 1988, insiste sur la vocation de la femme à la maternité.

Mais le risque est alors de chercher de manière abstraite une essence et une spécificité féminines – et parfois même de la réduire à la triade Vierge – Epouse – Mère.

Une piste d’avenir est de ne pas se concentrer sur « la femme » mais sur les relations entre hommes et femmes. Ce sont ces relations qui sont à travailler et à améliorer.

Vatican II
Le concile de Vatican II a promu une manière inclusive de vivre en Eglise, où tous les baptisés, hommes et femmes, clercs et laïcs, sont membres du peuple de Dieu.

Comment le mettre en œuvre concrètement ? Comment les structures de l’Eglise peuvent-elles honorer l’égale dignité des baptisé(e)s ?

Certes, depuis longtemps, l’investissement des femmes dans les communautés chrétiennes leur donne une forme d’autorité morale.

Des initiatives nouvelles ont vu le jour :

– de plus en plus de femmes se forment en théologie
– des femmes sont appelées à faire partie des conseils diocésains
– des femmes peuvent enseigner dans des séminaires
– des femmes ont un réel savoir-faire dans l’accompagnement spirituel
– etc.

Mais jusqu’à présent ces diverses initiatives ne forment pas un ensemble suffisamment cohérent et visible. Par exemple, qu’est-ce que nos assemblées liturgiques donnent à voir de la place des femmes et à entendre de leur parole ?

https://www.cath.ch/newsf/mouvement-mondial-pour-le-vote-des-femmes-au-synode/
Des soeurs demandent le droit de vote des femmes aux synodes des évêques
Questions
Les femmes n’ont pas encore pu assumer, dans l’Église, la pleine ‘stature’ que l’Évangile leur confère :

Des disciples fidèles qui écoutent la Parole de Dieu pour la mettre en pratique. Comment faire en sorte qu’elles puissent, dans L’Église, mieux faire entendre leur voix, assumer leurs responsabilités de baptisées, prendre part à des processus de décision ? Comment « surmonter l’invisibilité des femmes » ? demande Anne-Marie Pelletier.

Image parkeskieve de PixabayIl ne suffit sans doute pas que les femmes soient l’objet de la sollicitude de l’Église ; il serait bon qu’elles puissent en être aussi des sujets actifs et co-responsables.

La question des relations entre hommes et femmes dans l’Église touche aussi la question des relations entre laïcs baptisés et prêtres. En 2015, le pape François invitait l’Église a être davantage une Église synodale, où chacun écoute et apprend quelque chose de l’autre. Et dans sa lettre au Peuple de Dieu, en août 2019 : « Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu… Le cléricalisme non seulement annule la personnalité des chrétiens mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple. »

Il s’agit donc de revaloriser le baptême, qui nous fait tous, à égalité, fils et filles de Dieu, que nous soyons hommes ou femmes, laïcs ou clercs. Et donc d’approfondir le sens du sacerdoce commun des baptisés que Vatican II a inscrit dans la constitution Lumen Gentium.

La crise actuelle que traverse l’Église invite à repenser les questions à nouveaux frais : inventer de nouveaux ministères, de nouvelles façons de travailler ensemble, de se partager les responsabilités, au service de l’annonce de l’Évangile…

Livres
Quelques livres parmi tant d’autres !

> Élisabeth Parmentier, Les filles prodigues. Défis des théologies féministes, Labor et Fides, 1999

> Anne Soupa, Douze femmes dans la vie de Jésus, Salvator, 2014

> Christine Pedotti, Jésus, l’homme qui préférait les femmes, Albin Michel, 2018

> Une Bible des femmes (sous la direction d’Elisabeth Parmentier), Labor et Fides, 2018

> Véronique Margron, Un moment de vérité, Albin Michel, 2019