Le Jubilé : des rencontres, une espérance

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Que veut dire, aujourd’hui, être pèlerin d’espérance ? Comment garder confiance devant le flot de mauvaises nouvelles qui nous submerge chaque jour ? C’est avec ces questions que Juliette, xavière, est partie au jubilé des jeunes à Rome cet été.

photos : site du réseau Magis

A Nice, découvrir des signes d’espérance

Avant la semaine à Rome, j’ai participé à un expériment à Nice. Nous étions onze : huit jeunes, et deux autres accompagnateurs (une autre xavière et un jésuite). Au total quatre nationalités : Inde, Île Maurice, Suisse, France. 

L’intitulé de cet expériment était “à la rencontre de personnes en précarité”.

De cet expériment, je retiens le mot de « rencontres » :

  • d’abord la rencontre entre nous, la confiance et la fraternité qui s’est tissée au fil des jours et des partages ;
  • ensuite, la rencontre avec les personnes que nous avons rencontrées dans la maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres, à l’accueil de jour du Secours Catholique, et dans notre lieu de logement, quand nous avons reçu une bénévole de JRS et une jeune femme iranienne accompagnée par ce réseau. Enfin, bien sûr, la rencontre avec Nice, la vieille ville, la colline du Château, le musée Chagall… et la mer !  

La veille de notre départ, nous avons participé à la messe chez les Petites Sœurs des Pauvres. Le prêtre qui présidait nous a dit dans son homélie que nous étions des “signes d’espérance”. Cette parole m’a touchée et interrogée. Nul doute que pour les résidents de cette maison de retraite, voir un groupe de jeunes catholiques se mettre au service constituait un signe d’espérance et un motif de réjouissance. Mais je peux ajouter que pour nous ils sont aussi des signes d’espérance ! Par leur fidélité à la foi, leur désir de liens, leur sourires. Je crois que nous pouvons demander la grâce de voir en chaque personne un signe d’espérance pour nos vies. 

A Rome, passer la porte sainte

Après Nice, nous avons retrouvé à Rome les 750 participants du Jubilé avec le réseau Magis. Nous logions dans une grande halle avec 2000 autres pèlerins, et nous retrouvions dans les rues de la ville aux 7 collines un million de jeunes pèlerins du monde entier. Les chiffres peuvent donner le tournis, de même que la foule, le bruit, la chaleur. Mais au milieu de tout cela, quelque chose d’essentiel s’est joué : la rencontre avec le Seigneur qui nous veut vivants et libres.

Le passage de la Porte Sainte est venu nous le rappeler en nous invitant à entrer dans une démarche de confiance et de conversion : confiance en Dieu, bien sûr, mais aussi confiance en l’Église qui nous propose une démarche en vue de recevoir l’indulgence plénière, comme une aide de Dieu pour notre conversion personnelle : faire un pèlerinage, passer la porte sainte, assister à la messe, communier, recevoir le sacrement de réconciliation, prier aux intentions du pape. Loin de n’être qu’une liste de cases à cocher pour obtenir un tampon administratif, ces différents éléments nous donnent les moyens de restaurer notre communion avec Dieu, avec nos frères et sœurs, avec l’Église, avec nous-mêmes.

J’ai été très marquée par notre passage de la Porte Sainte de la basilique Saint Jean de Latran. J’ai été saisie par la beauté du lieu et par le recueillement qui y régnait. Il était beau de passer ensemble la porte et de nous sentir portés par la prière des uns pour les autres.

passage porte sainte magis 2025
Passage de la porte sainte

A Tor Vergata, être envoyés par le pape

Le temps à Rome s’est conclu par une veillée d’adoration et une messe avec le pape Léon XIV dans la grande plaine de Tor Vergata. Ce nouveau pape m’a touchée par sa douceur, et par la simplicité et la force de ses paroles sur l’amitié, les choix, la relation avec le Christ. Je retiens en particulier une exhortation de son homélie du dimanche : “Aspirez à de grandes choses, à la sainteté, où que vous soyez, ne vous contentez pas de moins.” Un appel exigeant, qui nous envoie avec courage et espérance dans nos vies quotidiennes.

tor vergata

Être pèlerin d’espérance en 2025 ?

Être pèlerin d’espérance en 2025, c’est peut-être oser croire que Dieu agit dans nos élans, dans nos désirs, mais qu’il peut aussi se révéler dans nos limites et nos fragilités. C’est croire que notre vie est plus grande que ce que nous en percevons, et nous faire guetter des signes d’espérance qui nous sont donnés chaque jour. C’est faire en sorte que le Jubilé ne soit pas une parenthèse de joie dans notre vie mais une source à laquelle puiser pour poursuivre notre route à la suite du Christ qui nous libère.


Témoignage de Romaric

Romaric est l’un des huit jeunes qui a participé à l’expériment de Nice. Il témoigne.

C’est l’histoire d’un Réunionnais, de deux jésuites indiens, de deux jeunes mariés… On pourrait croire au début d’une blague. Et pourtant, il s’agit bien d’une partie du groupe réuni au sein de la communauté xavière de Nice cet été. Tous et toutes, accueillis par Sœur Coralie et Sœur Juliette, sommes venus y vivre un expériment d’une semaine sur le thème de la rencontre des personnes en situation de précarité. Pendant une semaine, nous avons pris le temps de nous préparer – humainement et spirituellement – au Jubilé des jeunes. Une étape qui nous conduira bientôt à Rome, lors d’une expérience unique dans la ville éternelle (merci Google pour l’info).

experiment nice

Dans cette histoire, j’aurais pu être « le Toulousain ». Mais au-delà de cette qualité, ma place s’inscrit surtout dans le groupe des neuf qui s’apprêtent à rejoindre les 691 autres « MAGISistes », et plus largement les près d’un million de jeunes venus du monde entier à l’invitation du pape Léon XIV.

Pour moi, cet expériment est d’abord une école du lâcher-prise. En acceptant de confier non seulement la logistique, mais aussi le programme et les rencontres à d’autres que soi, on entre dans une démarche qui dépasse le simple « laisser porter ». Car lorsque cet « autre » est Magis, on peut s’abandonner avec confiance : des repas aux propositions d’activités, jusqu’au réveil (volontaire !) assuré par mon voisin de chambre, tout devient occasion de se laisser guider.

C’est aussi une expérience d’ouverture. Dès le premier soir, nos échanges révèlent la richesse et la diversité de nos parcours. Certains viennent de l’île Maurice, d’autres de Paris, d’Angers, de Toulouse… certains vivent en couple, en famille ou en communauté. Nos différences sont multiples, mais elles se combinent comme les ingrédients d’une salade niçoise : variés mais harmonieux, donnant ensemble un goût unique. Cette diversité n’apparaît plus comme une somme d’écarts, mais comme une véritable richesse partagée. Ensemble, nous avons découvert cette richesse dans nos activités communes, qu’il s’agisse de visites à la maison des Petites Sœurs des Pauvres ou encore des rencontres avec des personnes accompagnées par le Secours catholique et avec un binôme accueilli/accueillant de JRS.

Malgré la fatigue, la convivialité et la fraternité l’ont emporté. Mes papilles se souviennent encore des dîners aux saveurs mauriciennes ou des pique-niques improvisés-made-with-chatgpt. Et surtout, nos cercles Magis ont donné un espace précieux pour partager, prier, et servir. Seules les cloches de l’Angélus – ou parfois l’appel de la sieste – sont venus interrompre nos échanges, tour à tour méditatifs puis chambreurs.

Cet expériment a été pour moi le signe d’une volonté commune de se mettre au service, d’apprendre à recevoir de l’autre autant qu’à donner. Et déjà, il a ouvert mon cœur à rejoindre Rome et au-delà.

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