Claire-Cécile est adjointe en pastorale au lycée jésuite du Caousou à Toulouse. Avec 10 élèves de son établissement, elle était invitée par les jésuites italiens à participer à la canonisation de Carlo Acutis… mais c’est finalement aux obsèques du Pape que le groupe a participé. Échos de ce séjour à Rome peu banal.
Carlo Acutis : un modèle inspirant
Carlo Acutis, un jeune lycéen scolarisé dans l’établissement jésuite de Milan mort en 2006 à 15 ans, est devenu célèbre dans le monde entier. Le pape François faisait son éloge dans l’exhortation apostolique Christus vivit. Ce jeune plein d’entrain et d’humour exceptionnellement doué, notamment pour l’informatique, voyait l’Eucharistie comme « son autoroute vers le Ciel ». Depuis sa première communion à l’âge de sept ans, il allait à la messe tous les jours, alors que sa famille n’était pas pratiquante. Comme il trouvait qu’il n’y avait pas assez de monde devant le Saint-Sacrement et à la messe, il s’est lancé dans la création d’un site web pour promouvoir une exposition de miracles eucharistiques sur plusieurs continents et en plusieurs langues qu’il recense dans le monde et dans l’histoire. Il en présente ainsi 136. Mais atteint d’une leucémie foudroyante, il meurt en quinze jours. De nombreux miracles ont eu lieu après sa mort. Son corps retrouvé intègre douze ans plus tard est exposé à Assise dans le sanctuaire de la Spoliation.
Pèlerinage à Milan
A l’occasion de sa canonisation, qui devait avoir lieu le 27 avril, les Jésuites italiens ont invité les élèves des établissements jésuites du monde entier à se rendre dans l’établissement jésuite de Milan l’Instituto Leone XIII, puis à Rome. Chaque établissement pouvait envoyer 10 élèves et un accompagnateur. Je suis donc partie avec 5 élèves de terminale, 3 en seconde et 2en 3eme du Caousou à Toulouse.
21 délégations, c’est-à-dire 250 jeunes environ se sont retrouvés. Nous avons eu la chance de rencontrer des jeunes d’Italie, de New York, d’Albanie, de Croatie, de Mexico, d’Espagne, de Belgique flamande et de cinq établissements de France. La délégation du Congo n’a pas pu venir à cause du problème de visas.
Mais la mort du pape François, 6 jours avant l’évènement a chamboulé le programme. Ainsi le nom de notre rassemblement a changé : » One of us » s’est transformé en « Two of us » et nous sommes arrivés plus tôt que prévu à Rome pour être présents sur la place St Pierre pour les funérailles du pape François samedi 26 avril.
Nous avons bien profité du séjour à Milan : l’établissement avait préparé un accueil magnifique avec beaucoup d’élèves pour nous guider, ce qui nous a beaucoup marqué. L’établissement a apposé une plaque sur la salle de classe de Carlo, et nous avons pu entendre le témoignage d’un professeur de maths et d’un animateur en pastorale qui l’ont connu. Tous disaient qu’il était à la fois un ado ordinaire mais avec quelque chose d’inhabituel : une maturité humaine et spirituelle hors du commun. Nous avons pu prier dans la paroisse de Carlo toute dédiée à la Vierge Marie et échanger en visio avec sa maman qui s’est convertie grâce à lui ! Nous avons aussi préparé les funérailles du Pape François en écoutant en visio le témoignage de Giacomo Costa, s.j. secrétaire du synode et proche du pape.
La rencontre avec les différentes délégations a été aussi très appréciée, que ce soit au cours des repas ou dans le grand jeu sportif. C’était une manière de réaliser l’étendue et la diversité du réseau des établissements jésuites et la popularité de Carlo.
Aux funérailles du Pape
Samedi matin à l’aube, il a fallu beaucoup de ténacité pour arriver au cœur de la place St Pierre. Mais nous sommes fiers d’avoir atteint de très bonnes places puisque nous pouvions voir à la fois ce qui se passait et dans le détail sur un écran. J’ai été très émue de me retrouver là pour l’enterrement du pape que nous avions tant aimé. Les élèves ont eu conscience de vivre un moment historique peu banal : le nombre de personnalités politiques et la foule extrêmement nombreuse qui se pressait de toute part, nous le signifiaient. Et en même temps, nous avons été frappés par la simplicité de l’enterrement, à commencer par celle du cercueil.
Décidément, le pape François aura jusqu’au bout voulu montrer que le pape n’est pas un souverain comme les autres, mais à l’exemple du Christ, un homme libre et simple qui désire rejoindre les pauvres en se faisant pauvre lui-même !