Aurélie est en communauté à Ndjamena, au Tchad. Directrice du Cediraa, elle est aussi membre de la commission Laudato Si‘ de La Xavière.Elle nous partage la manière dont les gens se sensibilisent à l’écologie intégrale dans ce pays.
Au Tchad, l’écologie intégrale est au cœur du quotidien de beaucoup, dans la proximité avec la nature et des autres, dans un ‘prendre soin’. Cependant plusieurs me partagent une évolution, avec une déforestation grandissante, des rues trop souvent jonchées de déchets plastiques, des robinets qui parfois restent ouverts dans des lieux publics… et le changement climatique qui affecte la population ; cette année les récoltes sont particulièrement mauvaises.
En juin dernier, une journée de formation des religieux du diocèse avait été consacrée à l’écologie intégrale. Cette journée fut organisée dans une communauté qui a installé dans son jardin un parcours avec des citations de Laudato Si’. Cette rencontre avait permis de beaux partages, au niveau du fond avec une dimension prophétique de la vie religieuse que nous ressentons ici en ce domaine, et de la forme avec des actions concrètes menées par les uns et les autres.
Tandis que certains se servent de pneus usagés comme bac à fleurs, d’autres sensibilisent leurs élèves, d’autres encore allient imagination et ‘audace d’essayer’ pour gérer au mieux les déchets. C’est ainsi par exemple qu’une communauté ramasse toutes les arêtes de poisson, les amènent au moulin (qui d’habitude sert pour moudre le riz, le maïs etc) et avec la poudre obtenue, elle enrichit la nourriture des poules.
Les religieux ne sont pas les seuls, heureusement, à être sensibles à l’écologie intégrale. C’est ainsi que des cadres chrétiens m’ont partagé leurs intérêts pour ce thème ; des jeunes s’engagent, par l’installation de poubelles dans des paroisses, en intervenant dans des écoles ; plusieurs se regroupent pour réfléchir et agir.
En communauté nous désirons nous mettre davantage à l’écoute de ce qui se fait, de ce qui se cherche en ce domaine, ici, dans une contextualisation, avec d’autres.
Et à la maison, nous essayons nous aussi de faire nos petits pas. Papier aluminium, sulfurisé, cellofrais ont disparu de nos armoires, remplacés par des charlottes en tissu, des tapis noirs de cuisson. Et d’ici peu nous allons faire construire et installer des bacs à compost dans notre jardin. Cela ne pourra pas prendre tous nos déchets d’alimentation et de jardinage, mais ce sera déjà une étape.
Et puis, l’écologie intégrale se vit aussi dans les relations, dans l’accueil mutuel. Quelle joie par exemple de pouvoir accueillir les enfants musulmans du quartier, sur la photo en séance de sport, dans le beau cadre des bougainvilliers fleuris.
