Adeline Besnier a fait ses vœux définitifs en août 2023. Un article lui est consacré dans la revue Église des Alpes-Maritimes, de février 2024. Être religieuse change-t-il quelque chose à sa manière d’exercer son métier de gériatre ?
Merci à Denis Jaubert pour l’autorisation de reproduire l’article sur notre page.
Sœur Adeline Besnier, 41 ans, est gériatre depuis 2012, après avoir soutenue sa thèse en 2010. Elle a tout d’abord exercé à Orléans, tout en vivant un temps de postulat à La Xavière pour « sentir les choses ». Durant les deux années de noviciat, une coupure avec le monde professionnel lui a été demandée. Elle a repris le chemin du travail à la suite de ses premiers vœux, en 2015 : à l’hôpital de Manosque puis au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Nice, ville où elle est arrivée à l’été 2021. Le 13 août 2023, elle s’est engagée pour toujours dans la congrégation de La Xavière en prononçant ses vœux définitifs.
Xavière et gériatre
Gériatre, le Dr Besnier prend en charge les personnes qui ont plus de 75 ans. « Ce que je j’aime dans la gériatrie, c’est la prise en charge globale de la personne, et aussi l’aspect pluridisciplinaire. C’est-à-dire qu’on travaille en collaboration avec d’autres professionnels : assistantes sociales, kinés, infirmières… Tous les regards croisés permettent de prendre en charge la personne dans son ensemble. »
Lors de ses études de médecine, son dernier stage avant l’internat a été déterminant. « Un stage en gériatrie. La rencontre d’un des médecins du service m’a marquée, dans sa manière d’être avec les patients, et m’a fait choisir cette spécialité. »
À Nice, elle travaille au sein de l’équipe mobile de gériatrie intra-hospitalière. « Surtout en binôme avec l’infirmière ; et aussi avec l’assistante sociale qui intervient pour certaines situations. Je donne un avis ponctuel pour des patients pour lesquels on est sollicités dans les services non gériatriques des hôpitaux Pasteur et L’Archet, mais je ne suis pas ces patients et je ne prescris pas. »
L’hôpital de Cimiez est la base du pôle Réhabilitation Autonomie Vieillissement. Le Dr Besnier y assure des consultations, une après-midi par semaine. « Je vois des patients souvent pour des problèmes de mémoire ou, au décours d’une hospitalisation, pour voir comment ils vont. »
Parole de Dieu et relation à l’autre
« Souvent, je ne le dis pas. Si je dis d’emblée que je suis religieuse, il y a quelque chose qui va gêner la relation. »
Dans son travail, sœur Adeline reste discrète sur son choix de vie. « C’est bien de se connaître un peu, que ça vienne au bout d’un certain temps quand la relation de confiance se crée. Ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. Avec certaines collègues il y a eu un échange, donc, dans ce sens-là, une sorte de témoignage plus explicite. J’en suis heureuse. Mais je ne dirai pas que je témoigne davantage avec elles
qu’avec ceux qui ne savent pas que je suis religieuse. Le témoignage passe autrement, par une manière d’être. Mais ça, on ne peut pas l’expliquer ; les autres peuvent le dire. »
Ce qui est certain à ses yeux, c’est que sa relation aux autres – « la rencontre d’un patient, sa manière de vivre sa maladie ; ou un collègue dans sa manière d’être… » – et sa vie de prière, personnelle et communautaire, se nourrissent mutuellement.
« Dans la prière communautaire, nous portons ensemble,devant Dieu, les situations qu’on rencontre, toutes les personnes avec qui on est en lien. En priant la Parole de Dieu, ça peut m’aider à porter un autre regard sur une situation. Et en relisant la journée, ça me permet d’être plus attentive à des signes de vie qui seraient passés inaperçus si je n’avais pas pris ce temps de relecture. Tous les textes de guérison par exemple, la manière d’être du Christ avec les personnes, l’attention qu’il a envers les plus pauvres, la patience aussi, et le temps, sa disponibilité, ont pu parfois m’éclairer, m’aider à vivre certaines situations où j’aurais eu envie de passer vite. »
Suivre et annoncer le Christ.
Sœur Adeline a choisi la vie religieuse pour vivre d’une manière particulière, à travers les vœux, cette mission qui s’enracine dans le baptême. Et c’est dans le corps de la Xavière qu’elle s’est engagée pour, comme se présente la congrégation, « répondre à l’appel du Christ dans le bruit et la complexité de la vie ordinaire, proches de nos contemporains par l’habitat, le travail dans la société et dans l’Église par nos divers engagements ».
Denis Jaubert