Dix ans après la publication de Laudato Si’, plusieurs xavières témoignent de la manière dont cette encyclique du pape François sur la sauvegarde de la maison commune les a mises en route.
Certaines xavières étaient déjà engagées depuis longtemps dans des démarches écologiques, sensibles à la sauvegarde de la création, parfois bien avant que ces questions deviennent centrales dans l’Église. Pour elles, l’encyclique a été une confirmation précieuse, un encouragement à persévérer, à prendre la parole, à approfondir encore.
Pour d’autres, ce texte a été une véritable révélation, et il a modifié en profondeur leur regard et leurs habitudes.
Plusieurs soulignent l’importance de l’encyclique dans les relations entre l’Église et les non-croyants : avec Laudato Si‘, l’Église est devenue crédible pour nombre de non-croyants engagés, qui ont reconnu la force et la pertinence du texte du pape François.
« Tout est lié »
Cette affirmation, reprise à plusieurs reprises dans l’encyclique, oblige à une véritable conversion du regard. On ne peut plus séparer les crises écologique, sociale, économique, spirituelle… Elles sont interconnectées. Cela pousse à une lecture globale des enjeux, et à refuser une approche fragmentée de nos responsabilités.
Dans les différents lieux où nous sommes insérées par nos missions et nos lieux de vie – quartiers populaires, monde de l’entreprise, monde de l’éducation, milieux médical et social… – nous sommes invitées à changer nos façons d’agir et d’entrer en relation : l’écologie n’est plus une option parmi d’autres, elle devient un prisme à travers lequel relire l’ensemble de la mission.
« Tout est fragile »
L’encyclique rappelle combien notre monde est fragile. Cette fragilité n’est pas à craindre, mais à accueillir comme appel à la responsabilité et à la solidarité.
Cela rejoint la vie religieuse elle-même, souvent marquée par des fragilités – humaines, relationnelles, structurelles – et nous invite à habiter nos limites comme un lieu de rencontre avec l’autre et avec Dieu.
Nous sommes en chemin
Dix ans après la publication de l’encyclique, l’appel du pape François résonne encore de façon forte. Il nous invite à continuer à nous laisser transformer, à écouter le cri de la terre et le cri des pauvres, à marcher ensemble vers une écologie intégrale, à nous engager résolument, avec d’autres, sur un chemin vers plus de justice et de paix.
Il ne s’agit pas seulement de gestes individuels, mais d’une transformation profonde de notre manière de vivre, de consommer, de penser nos relations. Plusieurs xavières se disent touchées par la soif de cohérence et d’engagement des jeunes. Leurs questionnements, leurs interpellations parfois, mais aussi pour certains leurs angoisses, nous stimulent, nous bousculent, nous obligent.
Église verte
Cinq communautés xavières ont rejoint ces derniers mois le réseau Église verte. A travers plusieurs propositions et outils, ce label permet de se mettre en chemin ensemble, ce qui suppose de prendre du temps pour se parler, échanger sur une thématique, prendre quelques décisions concrètes.
Parmi d’autres exemples, la communauté de Créteil a accueilli au mois de mai quelques invités autour de l’écologie intégrale. Ayant réalisé leur éco-diagnostic, elles se sont en effet dit que pour faire un pas de plus, elles pourraient rassembler des acteurs qui œuvrent dans une démarche d’écologie intégrale. Quatre personnes ont pu répondre à leur appel : Sr Hélène Versavel, d’Église verte, Fortuné, un diacre ami de la communauté engagé dans l’organisation de l’opération solidaire « Août Secours Alimentaire », Martine, adjointe au maire chargée des séniors, Isabelle, fondatrice d’une association qui fait se rencontrer des « gens d’ici » et « des gens d’ailleurs ».
Cette rencontre a permis aux uns et aux autres de s’enrichir mutuellement, créant un beau dynamisme et redonnant espérance.
Devant des enjeux qui parfois nous dépassent, il est bon de savoir repérer et encourager les petits pas par lesquels l’humain, et plus largement le vivant, sont mis au centre !