Vivre la conversion écologique en communauté

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Lors de notre dernier chapitre en 2023, nous avons écrit un texte commençant ainsi : « Solidaires des femmes et des hommes de notre temps, nous nous engageons ensemble, résolument dans une conversion à l’écologie intégrale ». Cette conversion concerne tous les domaines de notre vie personnelle et communautaire et ne se fait pas du jour au lendemain. Par ailleurs, chaque xavière, chaque communauté locale présente une sensibilité différente à ces questions. Voici l’expérience de la communauté de Nice de l’an dernier.

Une référence : Laudato Si’

Dans Laudato Si’, le pape François nous invite à « une profonde conversion intérieure » et il ajoute : « ce n’est pas optionnel » (n°217).

Cela fait déjà plusieurs années qu’à La Xavière nous avions entendu cet appel et lors du chapitre de 1999 nous avions décidé de la création d’une commission JPIC : Justice, Paix, Intégrité de la Création. Celle-ci avait informé les xavières et leur avait fait des propositions.

En 2015 dans notre communauté niçoise où nous étions 5, il se trouve que deux d’entre nous étaient des passionnés de l’écologie mais dans des registres différents : l’une experte en produits d’entretien, la seconde plutôt orientée sur les aliments naturels, le jardinage. Cette même année nous fut proposé d’intégrer le programme Welcome en lien avec JRS, pour accompagner une jeune femme réfugiée avec sa petite fille de 18 mois. C’était juste après la sortie de Laudato Si et la dimension des relations humaines et du soin à prendre des frères et sœurs était soulignée par le Pape François pour colorer l’écologie de son adjectif « intégrale » incluant toute la création. A la faveur des changements dans la composition communautaire il s’en trouva une troisième déjà très au fait du tri des déchets et de la lutte contre les emballages.

Une aide : Église verte… et des petits gestes

Dans le cadre d’un de nos week-ends communautaires, nous sommes tombées d’accord pour avancer sur le sujet en intégrant la proposition d’Église Verte, pour tester nos différents domaines et voir comment avancer, par quoi commencer ou poursuivre. Le résultat du test fut encourageant et nous avons décidé de nous attaquer au tri d’une façon plus responsable.

C’est ainsi que nous avons opté pour avoir 6 poubelles et acheter 2 poules qui sont omnivores et mangent les épluchures et les restes alimentaires y compris ceux des voisins qui viennent déposer leur sac à l’entrée du jardin. Au bout de plusieurs années nous avons été obligées d’acheter une petite poubelle pour le résiduel après tri car nous mettions 21 jours à remplir la précédente. Nos déchets avaient diminué d’une manière drastique. Nous avons aussi opté pour le savon solide au lavabo pour éviter les emballages plastiques.

2 poules nice

Notre deuxième étape concerna les produits d’entretien, en privilégiant bicarbonate, savon noir, blanc de Meudon, vinaigre blanc pour fabriquer deux produits destinés à nettoyer les surfaces ou les fonds de casseroles et la cuisinière. Le flacon à portée de mains dans la cuisine, facilite le réflexe d’autant que peu à peu tous les flacons du commerce ont été éliminés. Une tentative de fabrication du produit vaisselle et de la lessive a échoué. C’était un peu fastidieux et l’achat en vrac à la biocoop n’était pas plus cher.

En parallèle nous avons aussi choisi des LED au fur et à mesure du remplacement des ampoules et sollicité notre propriétaire pour changer les fenêtres, isoler les combles et la pièce la plus froide, de manière à réduire notre consommation énergétique en chauffage et électricité. Nous avons aussi récupéré l’eau de pluie et l’eau de rinçage des légumes pour arroser le jardin.

Deux points délicats

La liturgie

Dans Laudato Si’ François invite à la louange pour la création, à la prière avant et après les repas.

« S’arrêter pour rendre grâce à Dieu avant et après les repas est une expression de cette attitude [de cœur qui vit tout avec une attention sereine, qui sait être pleinement présent]. Je propose aux croyants de renouer avec cette belle habitude et de la vivre en profondeur. Ce moment de la bénédiction, bien qu’il soit très bref, nous rappelle notre dépendance de Dieu pour la vie, il fortifie notre sentiment de gratitude pour les dons de la création, reconnaît ceux qui par leur travail fournissent ces biens, et renforce la solidarité avec ceux qui sont le plus dans le besoin. » (Pape François, LS n° 226-227)

L’habitude du benedicite est spontanée mais rendre grâces à la fin du repas l’est beaucoup moins.  Notre échange à propos des grâces nous a incitées à veiller aux relations entre nous lors des repas, et cultiver l’attitude de gratitude, en pensant par exemple à remercier la cuisinière…

Concernant les temps de prière communautaires, nous avions décidé de vivre au moins une fois par mois un office centré sur la création pour honorer la dimension spirituelle de notre engagement pour la planète et fortifier notre sentiment de gratitude pour les dons de la création en écho à ce que propose le pape François. Le jardin autour de la maison est source d’inspiration et même parfois lieu d’une partie de notre célébration. Malheureusement, il y a parfois concurrence avec d’autres propositions ou bien nous attendons que la communauté soit au complet et la régularité n’a pas toujours été possible malgré notre grand désir !

L’alimentation

Quant à l’alimentation il nous reste du chemin. Les habitudes acquises depuis l’enfance sont tenaces et les raisons de changer ne sont pas toujours claires. Suivant les sources il y a des éléments et des approches variées, en particulier pour ce qui concerne l’impact de l’élevage et de la consommation de viande sur le climat. Certaines ont du mal à penser qu’on peut trouver des équivalences aux protéines animales dans les légumineuses et les céréales combinées. Nous n’avons donc pas pris de décision communautaire, poursuivant notre recherche, et les repas de midi hormis le week-ends étant souvent en « self » chacune peut expérimenter différentes formules au cours de la semaine. Par contre il y a unanimité pour privilégier les fruits et légumes de saison, de production locale, et l’achat en vrac de tout ce qui est possible pour éviter les suremballages.

Pour continuer

Le partage et la réflexion commune, le fait de regarder ensemble un documentaire, la relecture de nos expériences, permettent d’avancer peu à peu sur ce chemin de conversion qui n’est pas optionnel ! Et cela nous met en solidarité avec tous ceux et celles qui sont les premières victimes du réchauffement climatique.

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