En communauté à Nice, Geneviève nous partage son témoignage autour de la marche citoyenne et solidaire pour les migrants qui a fait étape dans cette ville le 3 mai dernier.

Alors que la loi concernant l’immigration est débattue à l’Assemblée Nationale, des associations au service des migrants se mobilisent et proposent une marche reliant 2 frontières :

  • De Vintimille, à la frontière franco-italienne où les forces de l’ordre empêchent d’entrer
  • A Calais à la frontière franco-britannique où les forces de l’ordre empêchent de sortir !

L’organisateur est « l’Auberge des migrants », association humanitaire créée à Calais en 2008 pour préparer et distribuer des repas aux exilés. Elle est en lien avec « la Roya citoyenne » qui assure la défense des réfugiés et des bénévoles bloqués ou harcelés par les autorités suite à la fermeture de la frontière à Vintimille.  D’autres relais locaux dans les 60 villes étapes qui jalonnent le parcours participent aussi à la réussite de ce projet destiné à sensibiliser les citoyens au problème de l’immigration.

Les objectifs de cette marche qui a commencé le 1er mai et s’achèvera le 7 juillet sont triples :

  • pour l’accueil des réfugiés
  • contre le blocage des frontières
  • contre le délit de solidarité.

Les marcheurs, qui se sont inscrits à l’avance pour une ou plusieurs étapes, sont rejoints à l’entrée de chaque ville par des personnes et des organisations en accord avec la démarche et souhaitant manifester leur soutien y compris par des gestes très concrets de repas ou d’hébergement.

C’est à ce titre et parce que je suis engagée dans Welcome, association qui accueille les demandeurs d’asile, que je suis allée à l’entrée de Nice le 3 mai au soir accueillir les personnes arrivant de Sospel. Nous avons marché ensemble, avec des banderoles et des tracts explicitant nos motivations,  jusqu’à une place du centre ville, précédés par un groupe de percussionnistes qui a permis que nous ne passions pas inaperçus. Les fenêtres s’ouvraient et certains applaudissaient tandis qu’une petite dame nous a poursuivi avec son chien sous le bras en criant : « je ne suis pas d’accord, je ne suis pas d’accord, l’argent d’abord pour les chômeurs et les retraites… je ne suis pas d’accord ! ».

Ce qui m’a frappée, c’est la variété des participants, de tous âges, de toutes appartenances : PCF, France insoumise, Roya citoyenne, Secours Catholique, CIMADE, Welcome, éducation sans frontière… Sur la place où certains nous attendaient,  les interventions se sont succédées de la part de diverses associations entrecoupées par la musique et les danses.

Chacun disait à quel titre il participait et je voudrais juste citer quelques extraits du discours de Michel Lafouasse, au titre de Pax Christi :

« Prenons de la hauteur avec le Préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »

Il poursuit en citant François Vallat, président de SOS–MÉDITERRANÉE :

« Un jour on se souviendra avec honte qu’en France, au début du XXIe siècle, une démocratie, son État, ses gouvernants et ses juges ont criminalisé ce geste élémentaire d’humanité : la solidarité. Et qu’ils l’ont fait alors que notre continent, face à un défi humanitaire sans précédent depuis les catastrophes humanitaires du siècle passé, avait rendez-vous avec son âme. »

Une paella était servie pour réconforter les marcheurs, par une association d’aide humanitaire « Cœur & act » qui fait un gros travail sur Nice. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer des personnes sensibles à la question de l’immigration et nous étions heureux de voir que le groupe formé (entre 200 et 300 personnes) était assez imposant, même si c’est peu pour une ville comme Nice.

Geneviève P.