Cathy travaille à Yaoundé (Cameroun) comme infirmière à l’hôpital auprès des personnes séropositives : un sacré belle mission !

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L’hôpital est tenu par des sœurs dominicaines et des laïcs ; il attire beaucoup de patients de la capitale et d’ailleurs car ils s’y sentent mieux pris en charge. Ce sont parfois plus d’une centaine de patients qui sont accueillis en une journée ! Et des patients d’une grande diversité : des personnes très diverses, riches ou pauvres, allant des enfants aux personnes âgées, passant par des jeunes, des fiancé(e)s ou des mères célibataires, des jeunes gens qui, découvrant leur statut, se questionnent sur le comment trouver une femme qui les accepte, ou telles femmes, qui souhaitant avoir un enfant, ne savent plus comment chercher quelqu’un qui l’accepte.

Cette grande diversité m’invite sans cesse à m’adapter et cette créativité possible est source de joie. Je partage avec mes collègues à temps et à contretemps des situations et je me forme, j’apprends à comprendre, à mieux réagir… Ensemble, nous portons cette difficulté d’une lourde charge de travail car le nombre de patients augmente régulièrement. En fait, le Ministère de la Santé souhaite voir le maximum de personnes séropositives mises sous traitement pour diminuer la transmission et, par là, freiner la maladie. Mais les partenaires financiers du Ministère nous obligent aussi à remplir de plus en plus de registres, de données informatiques et le temps d’écoute des patients se réduit de plus en plus. Comment tenir qualité et quantité, qualité de la prise en charge et quantité en nombre de patients et en données à collecter ?

Comment je m’y sens pleinement xavière ?

Xavières, nous portons ce désir «d’aller à la rencontre des gens » pour être en proximité et solidarité.

Cela, je sens que je le vis fortement. Même si le temps est court, les patients perçoivent qu’ils peuvent partager telle souffrance ou telle joie, telle naissance, anniversaire que je n’hésite pas à marquer, mais aussi tel enfant malade, accidenté ou en prison, ou même décédé, ou encore partager la souffrance de la discrimination, voire de l’humiliation, quand tel tuteur a divulgué à tout l’entourage le statut de séropositivité d’une jeune qui lui a été confiée.

Ma joie est de toucher combien une écoute, même pauvre en temps, peut redonner courage et confiance.

Je rends grâce de me sentir entourée de collègues avec qui, chose rare en France, on commence la journée de travail ensemble, en se confiant au Seigneur. L’ambiance s’en ressent et cette prière est aussi partagée par les malades deux fois par mois lors d’une messe qui nous nourrit ensemble et nous relance, debout, avec élan.

Ma foi est ravivée par toutes ces personnes avec qui, dans les difficultés, il est possible d’évoquer leur foi en Dieu comme appui… Si le soir, il m’est souvent difficile de me ressouvenir des patients reçus, ma prière se fait davantage  « contemplation dans l’action », heureuse d’être mise là avec le Christ pour écouter, accueillir, conforter, éduquer, me laisser transformer, demander la grâce de la patience, et puiser dans mes collègues et les patients, une joie qui me dépasse…

Un collègue dans un couloir me demandait quel est mon secret pour rester, à ses yeux, accueillante et dynamique… Un autre, étonnamment, lui répondit aussitôt : « Ne sais-tu pas que les sœurs se ressourcent chaque jour dans l’eucharistie ? » J’étais soufflée car, de fait, l’eucharistie reste et devient toujours davantage mon lieu-source. 

Cathy