Conférence d'introduction - le 11 juillet

Où en est le monde dans lequel nous vivons en cette année 2017 ? Bien sûr chacune se tient au courant des réalités de ce monde et apporte au Chapitre les éclairages des pays ou des cultures dans lesquelles elle vit. Toutefois, entendre ensemble, en début de Chapitre, l’analyse d’un « expert » peut permettre une compréhension commune de ces réalités.

Cette année, l’intervenante est Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef adjointe du quotidien « La Croix ».

Échos

Quelques échos de la conférence d’ouverture du Chapitre donnée par Isabelle de Gaulmyn

conference_IGLa demande que vous m’avez faite pour cette conférence m’avait plongée dans une perplexité : qu’est-ce que je peux savoir de plus que vous qui êtes bien mieux placées que moi. Je n’ai une vision qu’à travers mon écran de journaliste à La Croix.

Je suis aussi une femme, une mère de famille de deux filles de 20 et 24 ans, paroissienne engagée dans une paroisse du nord de Paris tenue par les Fils de la Charité, lieu de ressourcement important d’un quartier populaire.

Voilà les questions que l’on se pose sans cesse sur le monde comme journalistes.

Un monde globalisé : La première chose dont il faut tenir compte c’est ce monde de l’information, monde globalisé immédiat, ce qui définit le cadre dans lequel on agit aujourd’hui. Avec comme première tension : l’immédiateté, le manque de recul, une société qui marche sur l’émotion.

Mais aussi l’amplification : on fait du buzz. Il y a des mouvements de foule d’opinion, avec les réseaux sociaux, les télévisions en continu. Des grands mouvements qu’on n’arrive pas à maîtriser car il y a un effet moutonnier dans cela.

Une société d’information dérégulée : tout le monde peut parler ; il y a une grande violence car on ne retient, dans l’information, que ce qui va cliver, clasher.

On est dans un système où la nuance et la complexité sont difficilement prises en compte.

IG2La mondialisation de l’indifférence comme l’évoque le pape  François : les inégalités ne sont pas plus importantes qu’autrefois mais elles s’entrechoquent : on les voit, on ne peut les ignorer, elles sont à notre porte.

Tout est lié… pour le meilleur et pour le pire… Comment vit-on dans ce monde ? Comment en parle-t-on ? Comment parle-t-on de ce qui nous fait vivre : l’intégration, la nation… autant de concepts à revisiter.

L’absence de confiance vis à vis des institutions ou plutôt la difficulté en France de lier le macro et le micro : il y a une telle défiance vis à vis des institutions qu’on en arrive à ne plus avoir d’horizon. Cela ne signifie pas qu’on ne s’engage pas, au contraire. Les jeunes sont prêts à faire plein de choses, à s’engager à fond mais ponctuellement. Il y a de la générosité mais pas de dimension dans le temps. Quelle traduction politique trouver à ces actions ?

La fracture anthropologique : on ne peut masquer l’immensité des questions autour des débats éthiques des débuts ou de fin de vie. Pour un certain nombre de journalistes et de gens, cela va de soi, on ne se pose plus de questions. Toutes les digues sont en train de tomber. Au nom de quoi comme chrétien peut-on être contre cela ?

On ne peut avoir une position d’hostilité une fois pour toutes : il y a un champ de réflexions sur les valeurs anthropologiques chrétiennes qui nous attend. On a autour de nous des gens qui vivent ces situations : que dit-on ? On ne peut se satisfaire d’être contre.

L’Église est largement ignorée de la société : comment arriver à avoir une parole que tout le monde puisse comprendre. Quand on explique la foi en termes simples, les gens sont intéressés. C’est ce que le pape François arrive à faire.

conferenceLe pape François appelle l’Église à une réforme entendue comme conversion : les réformes de structures ne servent à rien si on ne se convertit pas. Une conversion profonde et continue est nécessaire.

En tant que religieux, le pape François met en avant des points dont on peut s’inspirer : l’authenticité ou simplicité de vie, la synodalité,  l’accompagnement. On est dans quelque chose qui n’est jamais fini, toujours en mouvement, il n’y a pas de situation perdue à jamais.

Dialogue

Isabelle, vous êtes laïque, mère de famille de deux filles et journaliste. Qu’est-ce que ça fait de venir parler à un chapitre ? Selon vous, qu’est-ce que la vie religieuse peut apporter dans le monde d’aujourd’hui ?