Depuis dix ans, la disponibilité du temps de la retraite m’a permis d’entreprendre une mission nouvelle, totalement inattendue : le classement d’archives monastiques, ceci à la demande du Président des Archivistes de l’Église de France qui, à l’époque, était un moine bénédictin.

Au cours de plus de 100 chantiers effectués en France, en Belgique et en Terre Sainte, j’ai constaté une chose : ce travail historique, à la fois manuel et intellectuel, devient riche de sens au fur et à mesure que l’on s’y plonge. Par-delà l’aspect technique de tri, d’élimination, d’ordonnancement logique, chronologique, géographique, la finalité n’est pas sans importance. En effet, il s’apparente à un forage, à l’extraction d’un gisement nourricier, au surgissement de racines vivifiantes d’une communauté ou, si l’on veut, à un acte de naissance ou de renaissance.

En effet, que se passe-t-il ? L’exploration d’un passé séculaire ou multiséculaire permet de mettre au jour, à travers l’aventure parcourue par les fondateurs et fondatrices d’un monastère, ainsi que par leurs disciples, ce que le Pape Paul VI appelait « le passage du Seigneur Jésus dans l’Histoire humaine ». Une telle connaissance est porteuse de vie pour l’avenir. Car les contemplatifs sont tout autant chahutés que la société civile par les guerres, les expulsions, les révolutions. Et leur façon souvent héroïque de les affronter nous dévoile un chemin pour aujourd’hui.

Cette maïeutique est un service d’Église à la fois austère et passionnant. Il me donne de m’abreuver à des courants d’eau vive où la Passion du Christ et l’Esprit de Pentecôte furent et sont encore d’actualité, que ces courants soient bénédictin, cistercien, carmélitain, salésien…

Plénitude d’un tel dévoilement à une époque fort séculière – en Europe surtout – et apparemment désertique, mais qui aspire à la vitalité et au silence des profondeurs.

Lydie