« Rebâtis mon Eglise »

Nous avons assisté avec stupéfaction à l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. C’est la destruction d’un édifice, mais les nombreuses réactions de soutien et d’émotion nous disent qu’il s’agit de bien plus que cela : un lieu chargé d’Histoire, d’œuvres d’art, un symbole, une maison commune…

C’est également un lieu fort de notre histoire Xavière, puisque c’est là qu’avait eu lieu la célébration de reconnaissance de La Xavière par l’Église le 20 juin 1963…

La tristesse habite les cœurs et les esprits, et pourtant, un élan commun formidable se manifeste pour soutenir la reconstruction de la Cathédrale, élan qui dépasse largement les frontières françaises !

Des paroles de l’Écriture me venaient au cœur dans la prière en revoyant ces flammes… Aux disciples qui s’extasiaient devant la beauté du Temple : « Ce que vous contemplez là, il n’en restera pas pierre sur pierre » (Mt 24,2) ; ou encore : « Détruisez ce temple et en 3 jours je le rebâtirai… C’était de son Corps qu’il parlait. » (Jn 2,19). Cette Parole de Dieu m’a aidée à retrouver paix et confiance, et à réfléchir : où sont mes appuis ?… N’est-ce pas une tentation toujours présente de chercher un appui sur des édifices, des structures institutionnelles, si belles et imposantes soient-elles ? Il me semble que cette fragilité que nous éprouvons dans des heures comme celles que nous venons de vivre est aussi une invitation à revenir à l’essentiel de notre foi chrétienne, le Corps livré de Jésus pour nous, dans l’extrême de la fragilité, jusqu’à la mort, auquel le Père va redonner Vie.

Ce Corps du Christ, c’est aussi notre Église fragile, humiliée. En effet, l’image de Notre-Dame en flamme parle aussi d’autres ruines qui touchent l’Église, à travers tous les scandales qui se révèlent au grand jour ces derniers temps : la difficulté à entendre les victimes d’actes pédophiles, les abus sexuels de prêtres sur des religieuses, les abus spirituels, la mise en cause de certains prélats, le silence coupable qui a couvert ces actes commis par des hommes d’Église…

Peut-être est-ce l’occasion d’ouvrir nos cœurs et nos intelligences pour répondre avec courage et  créativité, tous ensemble, à cet appel que François d’Assise avait entendu en son temps : « Rebâtis mon Église… »

 Christine Danel, Supérieure générale de La Xavière

 

Feu de Pâques, feu d’amour

Feu joyeux, feu nouveau,

Feu qui purifie, feu qui éclaire,

Feu qui dit l’amour et la passion,

Feu qui enflamme et se transmet de proche en proche,

Comme une contagion de don de soi,

Comme une lumière qui grandit et s‘élargit

Au cœur de la nuit de nos vies.

Pourquoi fus-tu aussi feu destructeur,

Feu qui réduisit à rien le travail de tant de générations d’artisans

Si talentueux, si minutieux, si géniaux ?

Pourquoi la cendre et le désordre,

La perte sans retour en arrière,

L’adieu à ce qui fut et ne reviendra plus ?

Feu qui embrase, feu qui éclaire,

Ô feu qui purifie,

Viens accomplir ton œuvre au fond de nos cœurs orgueilleux,

Au lieu de ce qui nous retient,

Au lieu qui ne demande qu’à s’ouvrir

À l’amour, à la générosité, au don.

Feu de Pâques, feu joyeux,

Que ta douceur accompagne nos danses,

Que ta vigueur illumine nos actes,

Que ta violence ne soit que pour le service

Du Bien, du Beau , du Bon auxquels aspire la Création et toute créature.

Bénédicte D