Du 7 au 10 septembre, le Pape François s’est rendu à Madagascar, pays natal de Marie-Noël, xavière. Nous l’avons interrogée sur la manière dont elle a vécu ce voyage et ce qu’elle en retient.

Je suis allée cet été à Madagascar et j’ai été frappée par la manière dont les Malgaches ont vécu un temps intense de préparation spirituelle à la visite du Pape.

Par exemple, à la messe, une prière était dite après la communion pour demander de se rendre disponible afin d’entendre le message du Pape.
Un pèlerinage à Ambiatibe (lieu où le jésuite saint Jacques Berthieu a été martyrisé en 1896) a aussi réuni de nombreuses foules, auxquelles se sont même mêlés les militaires qui allaient assurer la sécurité pendant le voyage du Pape. Je trouve que cela est assez exceptionnel !

Du côté de l’organisation, j’ai aussi vu le soin apporté à la préparation du terrain pour les célébrations : il fallait le remblayer car il était marécageux. J’ai vu un bal incessant de camions se relayer pour apporter de la terre partout ! Le but était que chaque pèlerin puisse avoir sa place, et que tout soit confortable.

Fait intéressant : tout le monde a contribué financièrement à l’accueil du Pape. Des artistes ont participé en donnant des concerts par exemple, mais aussi toutes les confessions religieuses: chrétiens, musulmans, et même des sectes ! Cela tient au fait que pour nous les Malgaches, le Pape est un messager, presqu’un prophète. En effet, la manière du Pape de faire bon accueil à tous en a fait le Pape de tous… Cela est très fort.

Pendant le voyage, j’ai été en lien avec plusieurs membres de ma famille. Chacun a été touché, de manière différente. Ma mère me disait : « ce que je retiens, c’est que le pape a dit qu’il faut d’abord se faire confiance à soi-même pour que les autres à leur tour te fassent confiance ; c’est une petite phrase, mais c’est profond ». Lors de la veillée des jeunes, ma cousine a été frappée par ce que le Pape a dit des prisonniers : ils doivent être appelés par leur prénom, car leur nom ne change pas malgré leur péché. Elle s’est sentie appelée à changer sa manière de parler des gens que l’on juge parfois rapidement.

Je suis frappée par l’impact des paroles du Pape sur la vie des gens !

Un autre membre de ma famille, âgé de plus de 75 ans, a dit du Pape qu’il n’avait pas ménagé ses forces : le programme était très chargé, sans pause ! « Le Pape nous a montré en actes que la foi peut déplacer des montagnes. Il est un enseignement vivant. »

Je vois que chacun a reçu quelque chose, avec ce voyage.

Pour ma part, ce qui m’a touchée est la visite du Pape François chez le Père Pedro. J’admire cette œuvre depuis longtemps. Le Père Pedro œuvre depuis 30 ans auprès des plus pauvres, des enfants de la rue et maintenant ceux-ci sont logés dans leur cité, construite de leurs mains. Le Pape s’est déplacé jusqu’à la carrière pour voir le travail pénible des pauvres… ce n’est pas un lieu où les ambassadeurs et hommes politiques ont l’habitude d’aller !

C’est chez le Père Pedro, à Akamasoa, que j’ai vu le visage du pape rayonnant, illuminé, joyeux… « Je te bénis, Père, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux plus petits » (Cf. Mt 11,25-27) ! Le Pape a dit à propos de l’œuvre du Père Pedro : c’est cela, l’évangile, faire des choses concrètes dans la vie, et aussi pour les petits et les pauvres ; pas seulement prier.

Le Pape François a aussi donné du courage. Il a dit que le Seigneur ne nous a pas créés pour être pauvres mais pour être heureux. « Ne vous affligez pas ; vous trouverez la force d’accomplir de grandes choses dans votre foi… ». Ça m’a touchée qu’il dise cela car oui, les malgaches sont courageux : la vie est de plus en plus chère et difficile et beaucoup de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, mais ils ont la foi. Le matin à 6h l’église est à moitié pleine pour la messe ; certains, en hiver, sont à peine vêtus et ils grelottent mais ils sont là.

Oui, vraiment, ce pape met en acte ce qu’il dit et cela me donne beaucoup de joie !

Je termine en le citant :

« Merci pour votre accueil chaleureux… Je demande à Dieu de bénir Madagascar et ses habitants, de préserver votre belle île paisible et accueillante, de la rendre prospère et heureuse !…Akamasoa, « Ville de l’amitié » est l’expression de la présence de Dieu qui a décidé de vivre et de rester toujours au milieu de son peuple. En voyant ces visages rayonnants, je rends grâce au Seigneur qui a écouté le cri des pauvres. »