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Terrence Malick, le plus secret des cinéastes américains, mais sans doute aussi le plus lyrique, nous offre avec « Une vie cachée » un magnifique « biopic ».
Cet anglicisme désigne un film qui retrace la vie d’un personnage célèbre. A cela près que Franz Jägerstätter, le héros de ce film n’est pas un personnage célèbre. Il fait partie de « ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus » comme l’écrivait la romancière anglaise George Eliot dans son roman Middlemarch. Phrase qui donne son titre au film.
Franz Jägerstätter est un paysan autrichien qui dit non au nazisme et va demeurer fidèle à sa conscience jusqu’à la mort. Dans le procès-verbal de sa condamnation il est écrit : « En raison de sa croyance religieuse, il refuse le service militaire, car il agirait contre sa conscience religieuse s’il combattait pour l’État national-socialiste » Jusqu’où peut-on engager sa vie et son entourage au nom de sa conscience ?
Le film de Malick nous fait participer, pendant trois heures qui nous tiennent en haleine, au combat intérieur de cet homme, seul, face à un régime qu’il qualifie de « satanique et païen » et qui va le condamner pour trahison. Nous y entendons la plainte de Job et la Passion du Christ, affrontés au mystère du mal.
C’est aussi une magnifique histoire d’amour entre Franz et sa femme, qui le laisse aller jusqu’au bout de son combat en lui disant : « Quoique tu fasses, je serai avec toi pour toujours. »
Terrence Malick, (palme d’or à Cannes en 2011 pour « The tree of life ») signe ici un film superbe. Nous y retrouvons l’amour de la nature et des grands espaces, qui parcourt toute son œuvre. Ciels orageux, cascades d’eaux vives, champs de blés, montagnes, donnent une résonance cosmique à son interrogation sur le sens de la vie, la recherche de la Grâce.
Longtemps inconnu de tous, Franz Jägerstätter a été déclaré bienheureux par Benoît XVI en 2007.
Geneviève Roux
