Dans ces temps difficiles, Christine Danel, supérieure générale de La Xavière, nous propose quelques pistes qui trouvent leurs sources dans la spiritualité de St Ignace de Loyola.
Dans l’actualité du monde, les sources de désolation ne manquent pas. La pandémie dont on ne voit pas le bout, le confinement dans plusieurs pays limite nos activités, nos projets, nous plonge dans une incertitude sur ce que nous pourrons faire dans un avenir proche, peut provoquer inquiétude voire angoisse. A cela s’ajoute le décès d’êtres chers, l’instabilité politique avec des processus électoraux insatisfaisants et/ou remis en cause, la violence des attentats contre un professeur ou contre de simples croyants en prière à Nice, l’assassinat d’enfants à l’école au Cameroun… La division entre chrétiens en France sur la façon de réagir à la limitation des libertés ajoute de la souffrance là où nous avons besoin de nous soutenir et d’être unis pour revenir à l’essentiel de la foi chrétienne.
Comment vivre cette période ?
Dans une interview récente dans La Croix Hebdo, Marion Muller-Colard, théologienne protestante, comparait le confinement de mars et la période actuelle au passage d’un sprint à une course de fond.
De fait, nous avons à entrer dans un combat spirituel pour lequel l’endurance et la persévérance sont particulièrement requises.
Le premier jour de ce re-confinement en France, la parole de Dieu en St Paul aux Ephésiens proposée dans la liturgie était particulièrement adaptée. « Puisez votre énergie dans la Seigneur, et dans la vigueur de sa force ! Revêtez l’équipement du combat donné par Dieu… En toutes circonstances, que l’Esprit vous donne de prier et de supplier. Restez éveillés, soyez assidus à la supplication pour tous les fidèles… » (Ep 6,10-18)
Pour ce marathon, nous avons besoin de puiser profond dans les forces spirituelles qui sont les nôtres. Quelles sont nos ressources pour ce combat ?
St Ignace nous invite à prier davantage lorsque nous traversons des périodes de désolation.
Il est possible que nous soyons amenés à jeûner d’eucharistie sacramentelle… Or la dimension eucharistique de nos vies n’en dépend pas. De ce fait, nous pouvons vivre nos journées et nos activités habituelles comme le mouvement d’offrande dans lequel le Christ nous invite à entrer à Sa suite.
Jésus lui-même retrouvait son Père dans la prière et il cherchait l’inspiration pour son agir. La prière est le lieu par excellence où puiser la force et la paix. Nous pouvons nous sentir secoués, ballotés, insécurisés, comme les apôtres dans l’épisode de la tempête apaisée. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que la force de l’Esprit est avec nous et en nous par notre baptême.
St Ignace nous invite à demander la consolation, la venue de l’Esprit consolateur, que nous pouvons demander pour nous-mêmes et pour ceux et celles qui en ont besoin autour de nous. En effet, comment pourrons-nous tenir sans la force de Dieu ? « Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu » (2Co1, 3).
L’invitation est aussi faite de veiller, de nous exercer à la garde du cœur. Cela veut dire ne pas laisser la désolation, l’esprit de découragement engendrés par les mauvaises nouvelles, la peur, l’amertume nous envahir et prendre le dessus en nous.
Comme le rappelle le pape François dans l’audience du 4 novembre sur la prière : « Une prière persévérante produit une transformation progressive, elle rend forts dans les périodes de tribulation, elle donne la grâce d’être soutenus par Celui qui nous aime (…) La prière a le pouvoir de transformer en bien ce qui, dans la vie, serait autrement une condamnation : la prière a le pouvoir d’ouvrir un grand horizon à l’esprit et d’élargir le cœur.»
Enfin, St Ignace nous recommande de ne pas changer nos décisions prises en temps de consolation. Cela veut dire faire ce que nous pouvons, dans la mesure du possible : garder les activités, les rythmes, et le travail que nous avons à faire en discernant ce qu’il convient de reporter et ce qu’il convient de continuer.