Joëlle Ferry, xavière, a donné une conférence de Carême à l’église Notre-Dame de Pentecôte, le 25 mars dernier. En voici la présentation et la vidéo.

La thématique des conférences de Carême est « Force et faiblesse », en écho avec la confidence de saint Paul : « c’est lorsque je suis faible que je suis fort » (2 Co 12,10). Pas d’opposition : ce n’est pas force ‘ou’ faiblesse mais ‘et’. Au terme de cette série, vient le moment de nous tourner plus explicitement vers l’Église, vers l’Église dans le monde. Le monde et l’Église ont, entre autres, en commun d’être des corps mêlés, mélangés, au sens où bien et mal cohabitent.

Dans un premier temps, un regard sur « les ombres d’un monde fermé » (d’après le premier chapitre de Fratelli Tutti) nous plongera dans le réel du monde et de l’Église aujourd’hui. Quels sont lieux et les domaines particulièrement en souffrance : crises de toutes sortes, inégalités dramatiques, violences entre les êtres humains, entre adultes et enfants, révélations des abus sexuels par des personnes que l’on pensait au-dessus de tout soupçon, crise sanitaire qui n’en finit pas et nous laisse démunis… ? Dans l’Église particulièrement, depuis quelques décennies, les abus de pouvoir, de conscience, les abus sexuels apparaissent de plus en plus nombreux, au point de secouer tout le monde, et de donner la nausée.

Quel choix peut être alors le nôtre entre désespérance et espérance ? Nous laisser accabler, plonger, nous laisser fasciner par le mal, nous protéger dans une citadelle ? Tourner nos regards vers le Christ qui prend sur le lui le mal du monde, comme nous allons le contempler dans la semaine sainte qui s’ouvre dans quelques jours ? Chercher à comprendre : pourquoi cela arrive-t-il, comment est-ce possible ? Quels sont les mécanismes à mettre en lumière pour que cela ne se reproduise plus ? Un chemin d’espérance peut-il s’ouvrir ?

La conversion à laquelle nous sommes appelés est radicale, car comme le répète le Pape François « tout est lié ». Il est nécessaire que chaque baptisé en sente engagé dans une réforme personnelle et commune. Toute l’Église est appelée à sortir de son enclos pour s’ouvrir à la rencontre de l’autre. Convoqué avec vigueur à l’écoute de la Parole de Dieu, au partage, à la prière, le peuple chrétien doit inventer de nouvelles formes de vie : les ravages du cléricalisme doivent être dénoncés, l’Église doit prendre le chemin de la synodalité, d’une marche ensemble vers une aventure où l’attend un monde à évangéliser, où l’Esprit souffle la bonne nouvelle d’une re-création.

Joëlle Ferry, xavière