Fin janvier est sorti le livre « C’est maintenant le temps favorable : cinq regards de femmes sur la crise ». Interviewée par Paris Notre-Dame, Christine Danel, supérieure générale de La Xavière, revient sur cet ouvrage qui invite à prendre nos responsabilités et à convertir nos images de Dieu.

 

Propos recueillis par Isabelle Demangeat pour Paris Notre-Dame.

C’est la première fois que La Xavière publie un ouvrage à plusieurs voix. Pourquoi ?

Nous nous sommes dit que notre anniversaire pourrait être une belle occasion de participer au débat. L’idée n’était pas forcément de parler de nous mais de contribuer à la mission et de réfléchir, avec d’autres, sur ses enjeux aujourd’hui. La crise de la Covid-19 a été un élément déclencheur. Comment, nous, xavières, considérions cet événement ? Quelle réflexion pouvions-nous proposer ? Ces cinq regards sont des regards de femmes qui partent de leur expérience pour réfléchir à la crise actuelle. Il nous était aussi important, dans un souci de complémentarité, de faire entendre une voix féminine.

Ces cinq religieuses proposent des pistes de réflexion en fonction de leur réalité, propre à chacune : sur la vulnérabilité, l’écologie, l’attention aux plus pauvres, la synodalité… Ce qui les rapproche toutes, c’est un appel à la responsabilisation. Pourquoi ?

La crise de la Covid-19 a créé de réelles souffrances. Mais rester fixé sur la souffrance et se croire éternellement victime, d’un virus ou d’autre chose, ne résout rien. Il est nécessaire, à un moment, de sortir de la plainte pour être responsable de sa vie et de ceux qui sont autour de nous. C’est cela qui donne sens à l’existence. Nous pouvons agir, changer les choses. Que ce soit pour la planète, pour l’Église, pour un monde plus juste… Dieu nous appelle à répondre de nos actes, à donner au monde notre note particulière. Nous avons tous, là où nous sommes, une part de pouvoir. Comment notre pouvoir fait-il autorité ? Jésus fait preuve, dans l’Évangile, d’une autorité qui « rend auteur ». Qui fait vivre et grandir. Être responsable, c’est d’abord, il me semble, être responsable des autres. La crise de la Covid-19 nous a d’ailleurs invités à nous rendre compte à quel point nos relations sont importantes, à quel point nous avons besoin de prendre soin des uns des autres. C’est cela la charité.

Cela induit la nécessité de convertir notre image de Dieu. Un Dieu qui ne s’impose pas à nous mais qui nous accompagne en nous faisant confiance…

Tout à fait. Dieu n’est pas celui qui va tout résoudre de façon magique. Ce Dieu-là n’est pas le Dieu des chrétiens. Et c’est une bonne nouvelle ! Nous n’avons pas besoin d’un Dieu qui nous manipule. Notre Dieu nous donne ce dont nous avons besoin pour nous permettre d’avancer, comme des adultes, libres, qui apprennent à aimer. Cela nous demande de passer d’une religiosité enfantine à une foi d’adulte. De passer de l’image d’un Dieu jugeant au Dieu d’Alliance. C’est ce que montre Sr Geneviève Comeau, théologienne, dans le livre. Cette crise peut être vécue comme un moment favorable, un moment de discernement. Elle peut nous aider à prendre conscience que nous sommes appelés à l’intériorité, à une forme de vie plus sobre, plus attentive aux petites choses. Et à poser des actes en ce sens. Pays pauvres, pays riches, nous sommes tous dans le même bateau. Il n’y a qu’ensemble que nous pourrons arriver à quelque chose, à éviter que notre monde s’effondre. Idem pour l’Église. Il n’y a pas d’un côté les clercs, d’un autre côté, les religieux, d’un autre encore, les laïcs. C’est ensemble que nous devons réfléchir à plus de synodalité. La nomination de Sr Nathalie Becquart au Synode des évêques par le pape, va, pour moi, dans ce sens.

Pour aller plus loin

Cliquez ici pour écouter  une interview d’Agata Zielinski sur Radio Tendance Ouest.

Agata Zielinski, xavière et philosophe, a écrit la partie « Vulnérabilité, liberté, complexité : devise pour temps de crise ? » du livre « C’est maintenant le temps favorable, cinq regards de femmes sur la crise ».

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