Le rapport de la Commission Indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a été remis à la Conférence des Évêques de France et à la Conférence des Religieux et Religieuses de France mardi 5 octobre. Voici le communiqué de presse de ces deux instances.
Honte, gratitude, détermination

Au nom de la Conférence des évêques de France et de la Conférence des Religieux et Religieuses de France, nous avons reçu aujourd’hui le rapport rédigé par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) que nos Conférences avaient demandé à M. Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire du Conseil d’État, de présider, constituer et piloter.

Nous voulons avant tout remercier M. Sauvé et l’ensemble de la commission, ainsi que les équipes qu’elle s’est adjointes, pour leur immense et indispensable travail. Nous mesurons combien il a pu éprouver chacune et chacun. Ses résultats sont extrêmement lourds. Ils montrent une réalité effroyable que nous ne pouvions imaginer en termes de nombre de victimes, de pourcentage de prêtres et religieux auteurs de ces crimes, de défaillances qui ont rendu possible que certains parviennent à sévir durant des décennies et que si peu soient poursuivis.

Devant tant de vies brisées, souvent détruites, nous avons honte et sommes indignés.

Notre pensée et notre immense peine, comme femmes et hommes, comme évêques ou supérieures et supérieurs d’instituts religieux, vont avant tout aux personnes victimes ; celles qui ont pu parler, celles qui n’ont pu le faire encore ou ne le pourront jamais et celles qui sont mortes. Rien ne peut justifier qu’elles n’aient pas été entendues, crues, soutenues, ni que la plupart des coupables n’aient pas été signalés et jugés.

Nous mesurons plus que jamais le courage des personnes victimes qui ont osé parler et nous exprimons notre profonde reconnaissance à celles et ceux qui ont accepté de travailler à nos côtés.

Nous redisons solennellement notre détermination à mettre en œuvre les orientations et les décisions nécessaires afin qu’un tel scandale ne puisse se reproduire. Nous remercions vivement celles et ceux qui nous y aident.

Nous savons que le chemin est encore long pour espérer mériter le pardon des victimes et qu’il nous faut « faire nos preuves ».

Nos deux conférences, celles des évêques et celle des religieuses et religieux, vont chacune étudier ce rapport et l’ensemble des 45 recommandations de la CIASE. L’assemblée plénière des évêques et l’assemblée générale de la CORREF qui se tiendront au mois de novembre permettront d’adopter les mesures qui paraîtront justes et nécessaires en fonction des décisions déjà prises par chacune de nos conférences.

Nous encourageons vivement l’ensemble de l’Église catholique en France, paroisses, mouvements, communautés religieuses, etc., à prendre connaissance du rapport de la CIASE, aussi douloureux soit-il, et à inviter leurs membres à en parler les uns avec les autres. C’est là notre devoir moral pour les personnes victimes et leurs proches et aussi pour les générations à venir : regarder cette terrible réalité pour pouvoir ensemble y faire face et travailler à une Église plus digne de l’humanité et du Christ qu’elle annonce.

Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des Évêques de France
Soeur Véronique Margron, op, présidente de la Conférence des Religieux et Religieuses de France

Pour aller plus loin

« Il est difficile de vous remercier de pareille révélation. Pourtant je le fais avec une très grande gratitude. Pour votre engagement sans faille M. Sauvé, Mme Sylvette Toche, secrétaire générale, tous les membres, les rapporteurs, les équipes de recherche et tous ceux qui vous ont épaulés d’une façon ou d’une autre. Je mesure un peu l’épreuve inédite qu’aura représenté de s’enfoncer dans ces « bas-fonds » de l’humanité, comme vous le disiez à Cécile Chambraud du Monde.

Lisant cette phrase, je repensais à La Traversée de l’en-bas de Maurice Bellet. Voilà ce qu’il dit : « le seul remède spécifique à la tristesse de l’en-bas : qu’il y ait de l’humain dans cette région-là, suffisamment proche et suffisamment libre de l’horreur, pour que ce soit présence et paroles auxquelles on puisse enfin se fier ». Je crois que c’est ce que vous avez vécu, là où vous avez demeuré durant ces 2 ans et demi. Consentir à habiter dans cet en-bas, pour en ce non-lieu être fiables et présents devenant ainsi des « témoins des témoins ». C’est là encore qu’il convient de demeurer, si nous voulons vraiment entendre et apprendre.« 

(Sr Véronique Margron, présidente de la CORREF).

Retrouvez sous ce lien la prise de la parole complète de Sr Véronique Margron après la présentation du rapport de la CIASE par Jean-Marc Sauvé.

Télécharger le résumé du rapport de la CIASE