La Transfiguration est l’évangile traditionnellement lu le 2ème dimanche de Carême. Contemplons cette icône et entrons dans la prière.

Commentaires de Geneviève Roux, xavière

Icône de la Transfiguration - 1403- Galerie Trétiakov - Moscou

Évangile selon saint Luc – 9, 28-36
« En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». »

Je regarde l’icône

Une image complexe. Le regard est attiré vers la partie haute de l’icône et par la couleur blanche qui semble illuminer l’ensemble.

Un personnage entièrement vêtu de blanc et d’or se tient debout. Derrière lui le rayonnement d’un soleil et un cercle d’azur et d’or représentent les cieux et le cosmos tout entier. Le fond de l’icône est fait de l’or de la lumière « incréée ». Celui qui a écrit cette icône représente ici Jésus transfiguré comme il est écrit dans l’Evangile de Luc.
Sa tête est nimbée d’une auréole. Sa main droite dessine un signe de bénédiction. Sa main gauche tient un rouleau de parchemin. Ses pieds touchent à peine le sommet de la haute montagne – le mont Thabor – sur laquelle il se tient.

A sa gauche et à sa droite, deux personnages sont représentés chacun sur une montagne. Ils sont tournés vers Jésus et s’entretiennent avec lui.
A gauche le prophète Elie, à l’Horeb, a posé sa main gauche au creux de son coude droit et de sa main droite ouverte il désigne Jésus, du même geste que Jean le Baptiste dans d’autres icônes.
A droite Moïse tient dans ses mains, recouvertes d’un pan de son manteau, (signe de respect) les tables de la loi qui lui furent remises sur le Sinaï. Il semble les transmettre à Jésus qui vient accomplir cette loi.

Dans la partie inférieure, sur un fond d’ocres et de verts, trois personnages sont représentés : Pierre, Jacques et Jean. Un rayon émanant du Christ-Soleil, se pose sur chacun d’eux. Ils sont inondés de lumière. Leurs positions disent un grand bouleversement.
Celui de droite semble plonger vers le sol. Il tient sa main gauche sur ses yeux, comme ébloui par une trop vive lumière. Au centre, prosterné dans l’herbe verte, le personnage tient ses yeux ouverts. Sa main gauche soutient son menton dans la position de celui qui s’interroge et médite.
Quant au dernier, agenouillé, il se redresse et lève la tête vers Jésus, les yeux grands ouverts. De sa main levée il l’interpelle. C’est Pierre qui veut dresser trois tentes pour Jésus, Moïse et Elie. « Il nous est bon d’être ici ! »

Les voici tous les trois pris entre joie et frayeur, des sentiments contradictoires. Comme au Baptême, le ciel s’ouvre, Dieu se manifeste. Sa voix se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Jésus est bien celui qui vient accomplir l’attente d’Israël.

Sur l’icône, les corps des trois apôtres manifestent leur cheminement intérieur, ils sont « retournés », ils sont sur un chemin de conversion (comme au ski on se retourne en faisant une « conversion »). Oui, impossible de voir le Christ transfiguré sans un retournement intime, une conversion profonde.

Sous les pieds d’Elie et de Moïse, dans un creux de la montagne, deux scènes parallèles. A gauche, Jésus Pierre, Jacques et Jean gravissent le Thabor. A droite, ils redescendent dans la plaine. Avant et après cette expérience Jésus parle de la mort qu’il doit subir à Jérusalem et les apôtres ne comprennent pas. Mais cette lumière va rester dans les yeux et les cœurs de Pierre, Jacques et Jean, elle qui déchire les ténèbres et joue comme un appel dans la nuit la plus sombre.

Je prie

 Je me laisse imprégner de la lumière de l’icône : « Je suis la lumière du monde, qui me suit ne marche pas dans les ténèbres. » dit Jésus ( Jn 8,12.) « Tant qu’il fait jour, marchez dans la lumière. » ( Jn 9,4) Je goûte cette lumière et la joie qu’elle inspire.

 J’entre dans le bouleversement intérieur des Apôtres.  « Seigneur convertis moi, remets-moi sur ton chemin pendant ce carême, temps de conversion. »

 Je prie avec nos frères orthodoxes : « Ô Christ, tu t’es transfiguré sur la montagne, montrant à tes disciples ta gloire, autant qu’ils pouvaient la supporter. Fais briller aussi sur nous, ton éternelle clarté, par les prières de la Mère de Dieu, source de lumière, gloire à toi. »