L’Institut de Sciences et Théologie des Religions de Marseille fête ses 30 ans les 3 septembre et 1er octobre 2022.

L’Institut des Sciences et Théologie des Religions (ISTR) de Marseille a été fondé en 1992 par Jean Marc Aveline, le nouveau cardinal français, également archevêque de Marseille.
Cet institut est spécialisé dans la dialogue interculturel et interreligieux autour du pourtour méditerranéen.

A l’occasion de cet anniversaire, Colette Hamza, directrice, a été interviewée dans plusieurs médias. Elle ne cesse de revenir sur la nécessité de pratiquer le dialogue, un art difficile, toujours menacé, mais si enrichissant.

Présentation de l’ISTR

Écoutez l’entretien réalisé par Sophie Leconte sur RCF de Colette Hamza, xavière, directrice de l’ISTR, et de Patrice Chocholski, directeur de l’Institut Catholique de la Méditerranée.

https://diocese-marseille.fr/istr-30-ans-de-dialogue-en-mediterranee/

Reportage dans le Jour du Seigneur

« Le dialogue est un chemin difficile, mais je ne vois pas d’autres voies possibles ! », confie Colette Hamza dans ce reportage retransmis le 25 septembre dans le Jour du Seigneur.

Article dans le journal La Croix

Colette Hamza a répondu aux questions du journaliste de La Croix Benoît Fauchet. Elle estime le dialogue interreligieux nécessaire mais menacé.

> Lire ici l’article complet

> et ci-dessous un large extrait publié avec l’autorisation de l’auteur.

Comment est née l’aventure [de l’ISTR] ?

 À la suite du synode diocésain de 1991, lors duquel les chrétiens ont demandé à mieux comprendre le fait religieux, en tenant compte de la pluralité qui le caractérise à Marseille – 80 000 juifs, un quart de la population qui est musulmane, une grande diversité des chrétiens présents, dont les Arméniens… Pour mieux prendre en compte cette réalité, le cardinal Coffy, archevêque de Marseille, a demandé à Jean-Marc Aveline de fonder un institut de théologie.

Le 3 octobre 1992, ce dernier dit, et nous avons mis cette phrase en exergue de notre programme cette année :

« Entre exclusion et confusion, entre refus de l’altérité et perte de l’identité, il existe un chemin étroit et difficile, celui du dialogue, celui de cette antique vertu si menacée aujourd’hui : la vertu d’hospitalité. »

Même si le contexte a changé, nous signons des deux mains ces paroles d’il y a trente ans. Nous avons essayé d’être fidèles à cet engagement (…)

Comment l’ISTR a-t-il concrètement transformé cette conviction en réalité ?

C. H. : Dès la première année, des cours ont été proposés. Nous avons trois départements. L’un regroupe les cours de théologie chrétienne, de connaissance des religions et d’analyse du phénomène religieux, à la lumière des sciences humaines. Un ensemble regroupe « pastorale, spiritualités, arts et culture ». Et s’est mis en place un programme « école et religions », qui travaille essentiellement avec l’enseignement catholique – sachant qu’à Marseille certaines écoles catholiques accueillent jusqu’à 98 % d’enfants musulmans.

Nous essayons de dire, dès la maternelle : « L’autre existe, et je ne vais pas l’envoyer en enfer parce qu’il ne pense pas comme moi. » On voit bien que l’ignorance fait le jeu du fondamentalisme, du rejet ou de l’indifférence.

Pour débattre, il faut bien planter son identité. Comme l’ont dit les évêques en 2016 dans leur texte Retrouver le sens du politique, il faut donner « une charpente et non pas une armure ». L’Église n’est pas une citadelle, mais elle a besoin d’avoir une charpente pour tenir sa voûte. C’est parce que j’aurai une foi bien charpentée que je pourrai aller tranquillement à la rencontre de l’autre.

On connaît le débat, toujours actuel : « Si on dialogue, est-ce qu’on évangélise vraiment, est-ce qu’on ne met pas sa foi dans sa poche ? » Je me souviens d’un tract de jeunes catholiques identitaires d’Aix-en-Provence affirmant « Jésus n’a jamais dit de dialoguer ». Il ne l’a pas dit, mais enfin il n’a fait que ça ! Quand il s’assied à un puits avec la Samaritaine, parle à la Syro-phénicienne, c’est du dialogue.

(…)