Geneviève Roux, xavière, est passionnée de films. Elle nous propose quelques pistes pour découvrir le film Nostalgia, de Mario Marcone, sorti le 4 janvier.
L’article intégral se trouve sur le site Cinémages.
Cinémages est une association basée à Versailles qui propose une réflexion humaine et religieuse autour d’un film récent. Geneviève Roux fait partie de l’équipe d’animation des débats.
« Nostalgia » porte à l’écran le roman d’Ermanno Rea paru en 2016. Pour ce film, Mario Marcone est retourné à Naples, sa ville natale et dans un quartier peu connu des touristes : la Sanita.
Marcone n’est pas seulement un réalisateur de films, il est aussi metteur en scène d’opéra, c’est sans doute ce qui nous vaut un film symphonique avec trois personnages dont les histoires se croisent et composent ensemble un récit complexe.
Trois personnages
Le héros principal est, semble-t-il, Felice, ce personnage assez énigmatique, qui choisit de rester à Naples en rêvant de retrouver son amitié d’adolescence avec Oreste. Nous comprenons peu à peu son histoire et ce qui le mine. Quarante ans s’écoulent avant qu’il ne revienne Naples, et qu’il ne retrouve sa mère. Une fois revenu, impossible pour lui de quitter de nouveau la ville, même s’il va en mourir.
Mais il y a aussi Oreste et don Luigi qui nous racontent une autre histoire : celle du combat d’un prêtre contre la Camorra.
Apparue à Naples en Italie au début du XIXe siècle, la Camorra est la plus vieille organisation criminelle d’Italie. Très intégrée dans la population, surtout dans les milieux les plus pauvres, c’est « une société secrète populaire dont la finalité est le mal ». Elle est ici incarnée par Oreste, l’ami d’enfance de Felice, qui dirige l’un des clans les plus violents de la Camorra.
Le personnage de Don Luigi est inspiré par Don Antonio Loffredo, qui lutte réellement contre la Camorra dans ce quartier de la Sanita et dans la basilique Sainte Marie de la Sanita.
Le combat du bien et du mal
La venue de Felice va permettre de dévoiler la profondeur du mal qui gangrène ce quartier de la Sanità depuis des générations et les armes dont use Don Luigi pour lutter contre ce mal.
Tout au long du film, de nombreux plans fugitifs nous montrent des fenêtres entr’ouvertes derrière lesquelles apparaît un visage au regard observateur. A chaque détour des rues escarpées, quelqu’un monte la garde derrière un grillage, sans doute est-il armé. C’est comme un immense filet qui recouvre le quartier et Oreste surveille tout au centre de sa toile.
En face Don Luigi, avec courage, joue l’ouverture : la porte de l’église est grande ouverte, il célèbre sur la place pour un jeune assassiné par les sbires d’Oreste. Il se rend sur les lieux de conflits. Mais il dit à Felice : « ne sors jamais seul » et il organise sa garde rapprochée faite de jeunes qu’il rassemble.
Son arme contre le mal : permettre aux jeunes de grandir, de réussir leur vie. Ils se défoulent en faisant de la boxe, ils nettoient les catacombes pour en faire un lieu touristique, ils apprennent à jouer d’un instrument et composent un orchestre…Ils découvrent des métiers.
Il leur apprend aussi la solidarité et l’échange, le bonheur d’être ensemble.
Le point d’orgue du film est sans doute la rencontre entre Oreste et Felice. Depuis le début nous savons qu’Oreste connait la venue de Felice. Ils se rencontrent parce qu’il le veut bien.
Et nous assistons à un dialogue qui ne peut aboutir mais qui nous révèle les racines du mal et leur caractère vertigineux.
Ce dialogue comme l’écrit Louis Guichard dans Télérama « est un faisceau de questions cruciales et sans réponses. Aspiration au rachat ou au pardon, rêve de fraternité apaisée, désir de ressusciter une fusion intense, attrait funeste pour les causes perdues… »
Que serait-il advenu si la loi et la parole avaient pu trouver leur place ?…