Méditation d’une xavière pour la fête de St Joseph

 

Au jour de leurs fiançailles, Marie lui a dit oui. Elle lui est promise.
Mais aujourd’hui il le voit : elle a dit un autre oui et ce n’est pas à lui.

Il sait que Marie est libre. Pas de lieu dissimulé en elle, pas de cachette, d’arrière-cour sombre où se bavardent les rumeurs du monde et où se vit autre chose que ce qu’elle en dit.

Mais elle a dit oui… à qui ?
En elle quelqu’un se tisse et déjà, grandit.

Joseph tient en son cœur – tout troublé, agité – deux contraires :
elle a dit oui à un autre que lui
mais elle ne l’a pas trahi.

Fresque de N. Greschny, église d'Alban (81) - photo V. Rouquet

Il ne cherche pas à percer son secret.
Il n’a pas reçu de Dieu la force dans les bras pour violenter et forcer les lieux où une personne dit, au plus profond d’elle-même, « oui ».
Il la respectera.

Mais comment faire ?

A la nuit profonde, l’ange vient et ouvre une autre porte que celle qu’il avait élaborée comme juste.
Non pas libérer Marie du oui qu’elle lui a dit. Non pas se retirer pour la rendre à elle-même et à Celui venu après lui.
Mais revenir de plain-pied dans son histoire et la prendre chez lui.

Laisser Dieu faire brèche dans leur vie.

Au dehors désormais, Joseph fait ombre à l’éclat du soleil qui a pris chair en Marie. Le Verbe, puissant et fragile, s’éveille silencieusement, respectueusement au cœur du monde…