Monique est xavière à Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire. Elle participe à l’aumônerie de la prison, avec Jean-Pierre, un catéchiste senoufo. La majorité des détenus sont musulmans ou animistes. Chaque semaine, se retrouve le petit groupe des chrétiens de toutes confessions, auquel participent également ceux qui découvrent la Parole de Dieu au cœur même de la prison grâce au témoignage de cette communauté chrétienne. Elle nous partage deux évènements.

Jeudi 31 mars 2016 : une chaîne de fraternité

Quelle surprise et quelle émotion lorsque, à la fin de notre rencontre de prière, le petit groupe des chrétiens de la prison me remet le fruit de leurs efforts de carême pour que j’en fasse profiter d’autres à l’extérieur : 20 000 FCFA (soit 30 euros environ) ce qui est loin d’être négligeable dans ce contexte de détention.
Cette somme va servir à acheter des vivres  pour les 35 femmes qui, à l’hôpital, souffrent de fistules obstétricales, et attendent une opération : solidarité entre 2 groupes de souffrants.

Dimanche 10 avril 2016 : Journée nationale des prisonniers de l’aumônerie catholique des prisons de Côte d’Ivoire.

Nous avons décidé d’en faire un jour de fête. Le régisseur, le procureur du Tribunal, tout le monde y est favorable et les préparatifs se mettent en route !

Une chorale de jeunes francophones et senoufos vient animer la messe à l’intérieur d’une des cellules, un peu impressionnés car c’est la première fois qu’ils entrent dans une prison. Mais au son des balafons, tout le monde chante et danse. Après la messe, la chorale fait le tour des cellules pour quelques chants qui donnent un air de fête à ce dimanche, où la prison comme l’ensemble de la ville est privée d’eau depuis plusieurs jours…

Pendant ce temps, en ville, des femmes s’affairent pour offrir un repas aux 335 détenus ! Cela a été possible grâce aux contributions de toute la  communauté chrétienne Sainte Philomène, à l’offrande de carême des élèves du collège Sainte Elisabeth et à l’équipe de Prisonniers sans Frontières qui coordonne le tout. Comme à la multiplication des pains, il va même y avoir un surplus !

La semaine qui a suivi tous les détenus m’ont partagé leur joie de ce jour-là :

« On a oublié qu’on était dans une prison » a dit l’un d’eux. Les mineurs (tous musulmans) n’en finissaient pas de remercier en me demandant de transmettre leur merci à tous ceux qui ont rendu possible cela, tant la chorale que les cuisinières.

Qui a le plus reçu, qui a eu le plus le cœur en joie dans cette chaine de fraternité ?
Qui pourrait le dire ?

Monique