Claire, xavière de la communauté de la Rochelle, a participé au rassemblement « La Nuit Debout ». Elle partage son expérience.

1ers échanges à La RochelleCe soir, j’ai été aux premières heures de « La Nuit Debout » de La Rochelle. Assis sur des palettes, des bâches et des cartons, le groupe était une trentaine quand je me suis approchée. A entendre les 1ers  échanges, il y avait de quoi être déconcertée par la diversité des prises de paroles et le mélange des genres. Mais, assez rapidement, j’ai été prise de sympathie pour ces gens qui entamaient un débat tant désiré.

Beaucoup l’on dit toute la soirée : « Je suis heureux d’être là car chez moi je me sentais isolé, sans savoir quoi faire ». Globalement, un ras-le-bol s’exprime. On ne sait pas très bien ce qui a été la goutte d’eau qui « a fait déborder le vase » : la loi El Komri, les panama papers… ? Mais ça déborde ! Pour tous, c’est clair, nous ne voulons pas de cette société-là qui génère injustice, mal bouffe et destruction de la planète…

Prise de parole après prise de parole, je me mets  à croire à la possibilité d’une intelligence collective. Au cœur des mécontentements, des  déclarations passionnées et des questions naïves, il y aussi des convictions qui se forment, des informations plus précises qui émergent. Face aux  désirs d’écraser un système oppresseur  s’affirme l’idée de bouger intérieurement et  de valoriser des propositions alternatives qui existent déjà…

logoIl y a dans cette foule qui grossit au fil des heures, pour dépasser la centaine, un esprit plein de bonne volonté qui affleure et qui fait du bien. Et puis, il y a ce moment, où Martin demande la parole. Un type avec son chien, aux allures un peu marginales et une élocution difficile. Il a le droit à une écoute respectueuse comme chacun ici. Il commence « moi, je suis chrétien. Je suis heureux d’être là car je cherche à suivre Jésus et je voudrais savoir comment faire dans le monde qui est le nôtre. » Non seulement personne ne se moque mais en plus il est applaudi.

Plus tard quand Olivier vient argumenter sur la question de savoir si le mouvement doit prendre des méthodes violentes ou non, il précisera « Bon, Martin a parlé de Jésus. Moi, je m’en fiche de ça. Mais quand même il est dit que lorsque l’on frappe Jésus sur la joue gauche il tend la joue droite. Bon, je ne sais pas comment il fait, moi j’aurais tendance à répondre… »

Ce n’est pas un rassemblement de gauchos, de prolos, de soixante-huitards attardés ou d’orateurs en mal de tribune…. Ce sont juste des gens qui veulent dialoguer avec d’autres, au sujet de la société qu’ils ont envie de construire. Le débat est ouvert ! Il va durer toute la nuit et demain et peut-être les jours suivants. J’espère bien les jours suivants parce que ce qui est sûr, c’est que la démocratie en a terriblement besoin… enfin moi j’en ai besoin et je ne suis pas la seule apparemment ! Et puis comme chrétienne, où pourrais-je chercher à suivre le Christ sinon là où des hommes et des femmes se rencontrent et s’écoutent…

Claire