Du 29 avril au 1er mai, la communauté de Paris 5e a fait un pèlerinage au Mont-Saint-Michel dans le cadre de l’année de la miséricorde, occasion offerte de passer ensemble une porte sainte. Pour fêter ses 50 ans de vie religieuse, Simone avait souhaité découvrir le Mont-Saint-Michel.
Ainsi sommes-nous allées d’émerveillement en émerveillement.
La traversée de la baie
Commencer par se déchausser. Apprendre à marcher dans la vase et la boue : petits pas en posant le talon. Marcher pieds nus sur les vaguelettes de sable dur que la mer a laissé en se retirant et puis traverser les rivières au courant rapide jusqu’à mi-cuisse, de front et non en file indienne pour éviter de s’enfoncer…
Le temps était à la bourrasque et nous avons marché par un ciel d’encre, sous une averse de grêle, dans le froid. Après un bref discernement au plus fort de l’averse, nous avons décidé courageusement de poursuivre le parcours jusqu’à l’île Tombelaine comme prévu, faisant confiance au guide et puis retour d’un pas rapide au Mont.
« Il m’a tiré de la vase et de la boue, il m’a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas.
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau. » Ps 39
Montée jusqu’au sommet 
Des marches et encore des marches. Il y faut du souffle !
Nous montons escalier après escalier, petit escalier par le jardin des sœurs, grands escaliers qui mènent à l’abbatiale, les yeux levés vers la pointe qui désigne le ciel.
L’archange Michel est en voyage pour restauration ! L’horizon vert et bleu, gris et sable ouvre sur l’infini.
Au-dedans, nous sommes élevées jusqu’à la prière par la beauté des colonnes et chapiteaux romans et gothiques, par la lumière qui joue sur la pierre et le chant des psaumes.
« Je lève les yeux vers les montagnes, d’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait terre et ciel. » Ps 120
Passage de la porte sainte
« Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem. » Ps 121
Nous franchissons la porte sainte de l’église Saint-Pierre en faisant le signe de la croix. Nous entonnons le chant du jubilé « Miséricordes sicut Pater » auquel d’autres visiteurs s’associent. Puis en silence, traversée intérieure d’autres sables et vases avec saint Pierre, aidée par saint Michel qui terrasse nos dragons intérieurs.
« Ouvrez-moi les portes de justice :
j’entrerai, je rendrai grâce au Seigneur.
C’est ici la porte du Seigneur. » Ps 117
Bonheur d’être ensemble
Ce temps communautaire joyeux a été un temps de grâce. Marcher, nous émerveiller, échanger, rencontrer ; nous repartons dans la gratitude pour chacune, pour les repas partagés, les échanges spirituels et la prière commune, pour la rencontre avec la communauté des sœurs de Jérusalem et pour nos tours-opératrices de ce pèlerinage.
« Oui, il est bon, il est doux pour des « sœurs », de vivre ensemble… On dirait un baume précieux…,
on dirait la rosée de l’Hermon sur les collines de Sion. » Ps 132
Un mot de Teilhard de Chardin après un de ses voyages pour poursuivre la route…
« Le voyage était fini et j’ai vivement senti combien, de soi, le déplacement dans l’espace n’ajoute rien à l’homme. A moins que revenu à son point de départ, il n’ait augmenté sa vie intérieure… »
A chacune de tirer profit !
