A N’djamena (Tchad), Marie-Hélène travaille avec les enfants.
Depuis quelques années, plus précisément depuis mon arrivée en terre africaine il y a bientôt 8 ans, l’enfance me presse, l’enfance m’appelle, l’enfance me touche d’une manière particulière. Est-ce parce que l’Afrique est un vaste jardin d’enfants, parce que les petits africains ont une fraîcheur, un art de la communication, une manière bien à eux de mobiliser les adultes, ou tout simplement parce qu’ils sont « à portée de main » ? Toujours est-il que je baigne, cette année, dans la petite enfance au cœur du quartier où nous habitons et dans l’enfance au sein de l’école primaire où j’interviens.
Dans le quartier
On joue, on apprend de nouveaux jeux, on en fabrique, on lit aussi. Cela se passe au domicile des voisins ou dans la rue. Je suis accompagnée par de jeunes voisines contentes d’accompagner leurs petits frères et sœurs, et lorsque les parents s’y mettent, cela devient carrément intéressant ! Je suis aussi aidée par la mallette de jeux à fabriquer, faite avec les moyens du bord : on y trouve des dés, des sifflets, des dominos, des puzzles, des mémories, des mots croisés de base, des petites balles, des mikados, des mosaïques, de petits livres, tout cela fabriqué à partir de papier, carton… Je teste ces jeux et espère pouvoir par la suite former des grands jeunes à leur fabrication et à leur transmission.
A l’école primaire du Béguinage
J’interviens trois matins par semaine avec des activités variées : de la catéchèse au chant, en passant par l’appui documentaire aux enseignants, la préparation des fêtes, et l’accueil des enfants à la bibliothèque.
C’est ma quatrième année dans cette école et je bénéficie de cet ancrage. Du fait du temps restreint consacré dans l’emploi du temps au chant dans les classes, j’ai ouvert un atelier chant le jeudi après les cours pour les volontaires, dont le nombre grandit de semaine en semaine. Nous chantons actuellement des petits canons, le magnifique « Enfants de tous pays » de Guy Béart, et « Tortue têtue » d’Anne Sylvestre.
Une belle expérience : la création d’un recueil de 16 chants pour l’école primaire tchadienne
En novembre 2015, un de mes collègues tchadien, Frédéric Nodjinaibeye, prof. de maths, m’a proposé de réaliser avec lui un recueil de chants pour l’école primaire. Frédéric, en vrai pédagogue, veut contribuer à promouvoir des outils pour l’éducation au Tchad. De fait, même si le chant fait partie du programme de l’école primaire, il y a une vraie carence à ce niveau. J’ai donc embrayé, d’autant plus que j’avais déjà commencé à écrire pas mal de chansons pour les enfants depuis mon arrivée en Afrique. Nous avons mis en commun nos créations et cela a abouti à un recueil de 16 chants. Nous avons reçu le soutien de l’Ambassade de France et d’un fonds tchadien aux artistes qui nous a permis d’éditer un livret et de réaliser un CD audio. En septembre 2016, c’était le lancement de la diffusion du recueil, suivi de la formation des enseignants de 30 écoles de Ndjamena à ces chants. A compter de janvier 2017, j’ai commencé à visiter les dites écoles pour assurer le suivi des apprentissages des chants dans les classes. Avec à la clef, la préparation d’un concert avec les élèves de ces établissements d’ici l’été. Prévu initialement en avril, le concert sera sans doute reporté car la rentrée n’a pas eu lieu dans la plupart des écoles avant janvier, suite à trois mois de grève. Cette expérience est une vraie bouffée d’air pour moi, comme pour les écoles que je visite toujours avec bonheur.
En bref
Le royaume des enfants est un lieu extrêmement vivifiant. La douleur de voir certaines souffrances, de nombreuses violences et carences ne parvient pas à assombrir la lumière qui émane de ces jeunes pousses. Grâce soit rendue à ma famille qui m’a donné le goût de l’enfance et qui m’accompagne à sa façon, à ma congrégation qui me soutient dans ce chemin, à mon Dieu qui me guide par-delà l’inconnu de cette mission en perpétuelle recomposition.
Marie-Hélène