Chercher et trouver Dieu en toutes choses. Et pourquoi pas grâce au cinéma, le 7ème art ?
Anne a travaillé plusieurs années aux Coteaux Païs, le centre spirituel jésuite du Sud Ouest. Avec une équipe de formateurs, elle a proposé des retraites-cinéma et nous livre son témoignage.–
Le cinéma peut être un espace de détente, l’occasion d’une réflexion, de la découverte d’univers autres, mais peut-il aider à la rencontre avec Dieu ? Un film profane peut-il être au service d’une expérience spirituelle ?
Parce que notre équipe de formateurs désirait inscrire cette proposition dans le cadre de retraites vécues selon l’esprit d’Ignace de Loyola, nous avons choisi de proposer de vivre une retraite « autrement ». Non pas une session, non pas une session-retraite, mais une vraie retraite ! Cette équipe a travaillé à partir du thème choisi (réconciliation, fraternité, joie, jalousie…) et de la progression d’un itinéraire à la manière des Exercices Spirituels. Pour que les films aident le retraitant à trouver Dieu qu’il est venu chercher dans ce temps de mise à l’écart, à se laisser trouver par Dieu.
Expérience faite d’avoir proposé et accompagné une retraite cinéma, j’ai entendu et vu qu’un itinéraire qui s’appuie sur la médiation du cinéma peut aider et conduire à une expérience spirituelle. A condition, bien sûr, que les films soient soigneusement choisis, travaillés, respectés dans ce qu’ils sont et non pas « utilisés ». Lorsque nous repérons des films pour construire la trame du thème choisi, nous savons que notre regard interprète sans doute autre chose que ce que le réalisateur a voulu transmettre. Mais n’est-ce pas le propre de l’artiste d’être traversé par un souffle qu’il transmet et dont il est tout à la fois dépossédé ? L’œuvre n’appartient plus seulement au réalisateur, elle rejoint celui qui se laisse rejoindre, toucher, blesser, par elle. Le cinéma est alors une parole du monde d’aujourd’hui qui invite à la méditation, à la relecture, voire à la contemplation. Parce qu’une œuvre cinématographique parle de notre humanité, expose le meilleur et le plus redoutable de l’être humain.
Pour qu’une expérience soit vécue par la médiation du cinéma, tout le travail sera dans la manière de faire pour aider à résister à la fascination des images, à prendre distance de ce que cela vient toucher en soi, à mettre des mots pour ne pas s’arrêter aux émotions mais se laisser affecter en profondeur, là où Dieu et l’homme se rencontrent.
Se disposer à vivre une expérience de rencontre avec le Seigneur demande de prendre soin du cadre par le choix :
• D’un lieu : une abbaye bénédictine qui offre une mise à l’écart, donne d’entrer dans un rythme autre qui, par le chant des psaumes, ouvre l’oreille, éveille le goût du silence et de la solitude.
• D’un temps : 5 jours cochés sur l’agenda, réservés au Seigneur.
• D’une parole de Dieu : Une parole offerte par la liturgie des moines ou par la méditation d’un texte biblique. Parole vivante qui prend corps en moi.
• D’une séquence de film : Un dialogue, des images, une musique qui m’ont affecté, que j’ai goûté, où j’ai résisté….
Un rythme est donné à chaque journée qui commence le soir par le visionnement d’un film qui aura été sobrement présenté au préalable. A la fin du film chacun notera ce qu’il a éprouvé pour lui-même.
Ce n’est que le matin que chacun partagera un point de ce qui l’a rejoint, interrogé, dérangé… Un éclairage sera alors proposé à travers la reprise de quelques séquences qui permettront d’approfondir l’orientation proposée pour la journée. Chacun pourra apporter la manière dont il a reçu le film comme un partage, sans débat. Chaque film sera travaillé pour lui-même, tout en étant articulé au thème.
Un texte de la Parole de Dieu nourrira le temps de prière personnelle. Pourront alors se croiser et se féconder images, attitudes, paroles du film et du texte.
Un temps d’accompagnement personnel pour ceux qui le souhaitent.
Que dire de plus ? Venez et voyez… !
Anne
Des retraites-cinéma sont proposées dans différents centres spirituels en France, selon des modalités différentes.