Hamburg, un diocèse qui envisage l’avenir avec courage

Il y a quelques semaines, un institut de recherches a publié le pronostic démographique pour les églises catholiques et protestantes en Allemagne d’ici 2060.

Il est dit que les églises perdront à peu près la moitié de leurs membres. Une des conséquences sera la baisse très significative des ressources financières… A cela s’ajoute une situation financière déjà très précaire. Le diocèse d’Hamburg ne dispose plus des ressources nécessaires pour financer les institutions caritatives, les écoles catholiques, l’immobilier, les salaires et les provisions pour pensions et obligations similaires.

Depuis trois ans, l’évêché travaille à tous les niveaux pour voir comment gérer ces questions pour l’avenir. Son archevêque, Stefan Heße, a décidé après de long débats qu’il prendrait la décision comment les ressources disponibles seront utilisées à l’avenir en faisant un discernement spirituel ! Quand il a été demandé à ceux et celles qui travaillent dans tous les services de pastoral du diocèse, mais aussi dans les milieux associatifs et éducatifs, ce qui était le plus important dans leur foi, le résultat a été impressionnant : de façon quasi unanime, il a été dit que c’était la foi en un Dieu trinitaire, un Dieu qui est relation.

Aussi, la où nous sommes, nous essayons de développer à tout niveau des attitudes, une façon de faire de la pastorale qui veut traduire cette idée d’une Eglise en relation à l’image de ce Dieu qui est relation.

Maintenant, nous sommes dans une phase décisive : après consultation des différents conseils, l’évêque a décidé de faire un discernement pour décider de la répartition des ressources disponibles avec un petit groupe qu’il a appelé personnellement… D’ici fin juin, en trois week-ends, ce groupe fera un discernement communautaire pour décider de la répartition financières des ressources. Des ressources qui diminuent et il faudra donc décider quel type d’activités dans le diocèse devra cesser, se transformer, entrer en coopération œcuménique quand c’est possible, etc. La question se posera à partir de la vision pastorale et non à partir de l’argent disponible ! Dès le premier week-end, j’ai été impressionné par la motivation, le sérieux et aussi la foi des participants.

Dans le diocèse, les avis sont partagés. Il y a ceux qui ont très heureux de cette démarche, qui font confiance et ceux qui pensent que ce n’est pas sérieux et qui ont surtout peur pour leurs propres activités. Après des décennies d’une pratique où les ressources ont été distribuées de façon plus ou moins aléatoire, voire arbitraire, ce chemin est très nouveau et souvent encore incompris.

L’évêque tient bon malgré ses propres questions mais il voit aussi que l’Église a tellement perdu la confiance des gens que le seul chemin sera de nous recentrer sur notre particularité : ce n’est pas d’être une entreprise comme les autres, mais d’être une communauté de croyants qui essaie de comprendre la volonté de Dieu pour nous aujourd’hui.

Pour mettre en pratique la vision pastorale d’être une Église en relation, il a changé son agenda cette année pour pouvoir aller dans tous les « Pastorale Räume » du diocèse (28 nouvelle paroisses) pour écouter et échanger sur place ce que cela veut dire concrètement. 

 C’est un chemin, il est beau et rude, il commence et ne finira jamais, je l’espère ! Pour nous adapter à ce changement, nous avons aussi changé la structure de mon service pastoral. Nous venons juste de finir le processus de changement et la communication officielle dans le diocèse se fera prochainement.

Ce chemin avec ces changements et ses obstacles n’est faisable que grâce à un travail commun avec les collègues de tous les services diocésains : pastorale, finances, droits, immobilier, ressources humaines et bien-sûr l’évêque. Là aussi, c’est beau et rude et vraiment une très belle expérience ecclésiale.

Gudrun