Au cours de l’Assemblée des évêques à Lourdes début Novembre, un jour et demi était consacré à l’écologie. Pour ce temps, chaque évêque était invité à venir avec deux personnes. Geneviève Pavy, xavière, y était. Elle témoigne.

Pour le diocèse des Alpes-Maritimes, Mgr André Marceau m’avait invitée, ainsi que Bertrand, un ami lui aussi passionné par les questions qui agitent notre monde en lien avec le réchauffement climatique.

Nous avons vécu un évènement extraordinaire, du fait de la composition inédite de l’assemblée où les laïcs étaient majoritaires et par la méthode de travail de type « synodal ».

En trio nous avons écouté mardi matin des interventions « musclées » de personnes engagées de façons variées sur les questions écologiques et situées de manière différente aussi bien dans la société que dans l’Eglise : institutionnels ou non, chrétiens ou non…Quelques exemples :

Maxime de Rostolan qui dirige Fermes d’Avenir, nous a parlé agro écologie et assuré qu’il nous reste 20 ans pour changer de monde mais que c’est possible ! Il est urgent d’arrêter notre rythme illustré par ce chiffre : de 1998 à 2018 on a puisé dans le sol en 20 ans autant que ce que l’on avait extrait jusqu’en 1998.

Martin Choutet, fondateur de L’Association Pour l’Amitié, où se partagent des logements entre volontaires et SDF en vue d’une réinsertion sociale, a insisté sur le lien entre la souffrance de l’autre et l’écologie, invitant à une sobriété heureuse.

Fabrice Boissier, directeur de l’ADEME (agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’énergie) prône un agir collectif devant l’état d’urgence du monde et nous a invités à un bouleversement positif dans nos modes de vie. Il nous a donné en exemple des réalisations positives qui au départ pourraient passer pour des contraintes : création d’emplois dans l’économie circulaire, méthanisation des déchets agricoles qui offre de nouveaux revenus aux agriculteurs,  lutte contre le gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires de Grenoble qui permet des repas bio et de meilleure qualité.

Raphaël Cornu-Thénard, qui est à l’origine du Congrès Mission, a resitué l’écologie dans le lien à la création, dans la ligne de Laudato Si et invité à une conversion écologique qui est de l’ordre de l’ascèse et d’un combat spirituel. L’écologie intégrale prend toute la vie et dans ce réveil le Christ a quelque chose à nous dire.

Tous les intervenants ont signifié d’une manière ou d’une autre la gravité de la situation, l’urgence de modifier nos modes de vie et la convergence de leur point de vue était frappante. Devant cette menace qu’ils regardent avec lucidité, ils ont tous souligné l’invitation à retrouver le sens et la cohérence de notre existence, à mettre du LIEN plutôt que des BIENS et à fonder notre agir dans l’espérance qui est source de joie.

Dans la relecture théologique faite le lendemain par Elena Lasida et Fabien Revol, a été reprise cette transformation possible de la menace en promesse fondée sur la recherche d’une communion,  de relations nouvelles et d’une expérimentation tâtonnante en vue de nouvelles manières de vivre. Des questions théologiques ont été soulevées :

La notion de péché écologique à mettre en lien avec l’opposition à l’acte créateur et le rétablissement du chaos dans le cosmos ;

La mise en garde vis-à-vis d’un retour mimétique à la nature qui ne peut être simplement dupliquée dans l’activité humaine, étant le lieu de mutualisation et coopération mais aussi de compétition entre les espèces.

La notion de salut en Jésus Christ qui est à différencier de la sauvegarde de la création même s’il y a des liens à établir.

Nous avons pu aussi vivre des ateliers avec chacun des intervenants et approfondir ce qui avait été dit. Le travail en trio mercredi matin, nous a permis de commencer  à envisager la suite possible à donner dans chacun de nos diocèses en attendant les décisions de  l’Assemblée pour la poursuite de la réflexion.

Notre travail a été enrichi des temps de convivialité dans les repas et les pauses ainsi que dans la prière commune. La prière du matin à la grotte, l’Eucharistie chaque jour nous ont mis sous le regard du Christ et de Marie. La veillée de prière de mardi soir avec les 3 mots Merci, Pardon, S’il te plaît, nous a plongés au cœur de notre monde dans sa beauté mais aussi dans la souffrance de tous ceux qui sont victimes des dérèglements économiques, sociologiques et climatiques. Cette prière d’alliance a  prolongé nos prises de conscience et a laissé résonner à travers la Parole de Dieu et celle du Pape François l’impérieuse nécessité de « se bouger » !

En conclusion, Lourdes fut un temps extraordinaire qui devra trouver un prolongement dans l’ordinaire des jours et des lieux où nous vivons dans une pastorale de la rencontre et de  la joie. Tout cela a suscité en moi grande espérance pour notre Eglise et notre monde et grande joie d’avoir pu vivre cette expérience.

Geneviève Pavy