Dans la basilique Notre-Dame du Perpétuel Secours à Paris, plusieurs xavières d’Île-de-France ont répondu à l’invitation de l’orchestre Paname Symphony Orchestra, Agnès est premier violon.

Nous avons tout d’abord écouté de la musique de chambre (flûte, clarinette et harpe), puis un concerto de Saint-Saëns exécuté par une jeune soliste japonaise du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Ensuite, après l’entracte, le poème symphonique Schéhérazade de Rimski-Korsakov a été interprété par l’orchestre symphonique.

Rappelons ce conte des Mille et une nuits. Le sultan Shahriar, après avoir découvert l’infidélité de sa première femme, est persuadé de la fausseté et de l’infidélité des femmes : il tue alors toutes celles qu’il épouse. La jeune Schéhérazade, fille aînée du grand vizir, décide d’arrêter ce cycle de violence. Elle l’épouse et lui raconte chaque soir une histoire qui le tient suffisamment en haleine pour qu’il n’ait pas envie de la mettre à mort. Envahi par la curiosité, le sultan désire à chaque fois connaître la fin de l’histoire captivante que lui raconte la jeune femme. Schéhérazade réussit ainsi à retenir son attention durant mille et une nuits consécutives, c’est-à-dire environ trois ans ! Le sultan, séduit, reconnaissant son intelligence et ses qualités de cœur, finit par la garder auprès de lui.

L’harmonie de ces instruments, sous la direction de Sammy El Ghadab, nous a enchantées et transportées dans un ailleurs vivifiant. A Vanves, nous qui ne sommes pas des spécialistes, avions été sensibilisées auparavant par Agnès qui nous avait fait découvrir les thèmes de chacun des personnages. Voici ce qu’elle pensait avant le concert : « J’apprivoise Schéhérazade depuis six mois, essayant de gagner en virtuosité et en liberté afin de lui prêter mon interprétation et ma sensibilité… Gros défi musical au prime abord, mais plus encore : un sacré déplacement intérieur pour apprendre à lâcher prise, faire confiance et se faire confiance, gérer le mental, la pression, le regard et les oreilles averties d’une cinquantaine de musiciens qui m’entourent chaque semaine… »

Cette narration sans fin fait éclore dans la nuit la grâce du sultan, que nous pouvons nommer « salut », puisque la vie ici l’emporte sur la vengeance. « La beauté sauve-t-elle le monde » ? Il semble que ces deux heures de concert nous ont fait ressentir la justesse de cette sentence de Dostoïevski.

Lydie

Scheherazade and the sultan by Sani ol-Molk (1814-1866) - Public Domain