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Joëlle Ferry est responsable de la communauté de Vanves. Elle témoigne des dynamiques que le confinement a créées dans sa communauté.
Ce témoignage a en premier été écrit à la demande de l’Alliance Biblique française. Nous en avons respecté la forme.
Ce 29 mars 2020
Chers amis,
Ce dimanche est l’occasion de partager quelque chose avec vous tous de ce que j’ai vécu.
Dans un premier temps, la surprise, voire la sidération, m’ont atteinte. Nous entendions bien parler d’un virus, le coronavirus, en Chine ; mais la Chine, c’est loin pensions-nous ! Et voilà que l’épidémie a gagné l’Europe à grande vitesse : l’Italie, l’Espagne, la France et peu à peu presque tous les pays sur les cinq continents.
Que faire ? Comment réagir ?
Au plan personnel et au plan de ma communauté xavière (nous sommes 13, 8 professes et 5 novices) : prier et servir.
Prier pour les malades et leurs familles, ceux qui meurent seuls, sont enterrés en catimini, les soignants, tous ceux qui sont au service des autres, les dirigeants qui ont des décisions importantes et difficiles à prendre au fil des jours. Bref, la prière se fait ardente, prière personnelle et communautaire. Nos offices du matin et du soir ont gagné en densité.
Dans la tempête où nous sommes, servir, si la sortie que requiert tel ou tel service ne contribue pas à répandre l’épidémie. « Restez chez vous ». Nous obéissons aux slogans des autorités publiques. Nous avons donc opté pour des services simples mais essentiels en lien avec la mairie : aller porter des repas, faire des courses pour des personnes âgées, téléphoner à des gens seuls. Deux parmi nous sont médecin et aide-soignante. Elles travaillent dans des conditions difficiles. Nous les soutenons et encourageons, ne serait-ce qu’en applaudissant à nos fenêtres tous les soirs à 20h. Et puis, puisque nous sommes confinées à 13, nous tâchons de prendre soin les unes des autres au quotidien : l’une est joyeuse, telle autre fatiguée, stressée… Quelle diversité de réactions à prendre en compte !
Vivre le temps présent
J’ai cru au départ que le temps me serait donné en abondance pour lire, écrire, faire tout ce que je n’ai habituellement pas le temps de faire ! Mais en fait, organiser la vie sur place, faire les courses, les repas, veiller sur chacune, cela prend du temps et de l’énergie.
Je prends quand même le temps de lire des articles et réactions sur le net. Les réseaux sociaux et journaux publient beaucoup de textes qui alimentent la réflexion. Quelques attitudes m’apparaissent fondamentales au fil des jours, des invitations à vivre une vie plus humaine et une conversion évangélique :
Balayer le superflu, et nous recentrer sur l’essentiel, nous retrouver nous-mêmes
Percevoir de façon forte que nous sommes interdépendants. « Tout est lié », comme dit le Pape François.
Rechercher le bien commun. La vie au quotidien à 13 dans notre communauté est une école de vie fraternelle : promouvoir l’unité et la communion dans les petites choses, la solidarité avec nos voisins.
Choisir l’espérance. Ce que les courants écologiques ont du mal à faire entendre, ce qui nous atteint dans notre chair, la mort à la suite de ce petit virus pourrait-il le faire : vivre en solidarité et changer nos modes de vie ?
Comme l’a écrit Edgar Morin, « le confinement peut nous aider à commencer une détoxication de notre mode de vie ».
Bref, je me sens à la fois confinée et mise en mouvement, dans une dynamique pour demain, une ouverture sur notre humanité. L’issue n’est-elle pas dans une solidarité internationale plus que dans la fermeture des nations ?
Je vous partage ce poème en guise de prière, écrit par une xavière :