Geneviève Roux nous fait découvrir le tympan du narthex de la basilique Sainte Marie-Madeleine de Vezelay, qui est une mise en image du récit de la Pentecôte.

Je lis ce récit

Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » Ils étaient tous dans la stupéfaction et la perplexité, se disant l’un à l’autre : « Qu’est-ce que cela signifie ? »  D’autres se moquaient et disaient : « Ils sont pleins de vin doux ! »

Alors Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem, sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles…» (Ac 2, 1-14)

Je regarde l’image

Au centre du tympan se tient le Christ. Il est assis sur un trône mais ses genoux pliés nous donnent le sentiment qu’il va se lever. Les plis de son vêtement sont soulevés par le vent.
Ses mains, très grandes, sont ouvertes, des rayons s’en échappent et viennent se poser sur la tête des personnages qui l’entourent.

Rien de statique non plus de ce côté-là. Mais plutôt des échanges intenses entre les uns et les autres, comme en témoignent les mains : l’un lève sa main droite pour attester de la vérité de ses dires, l’autre la pose sur le bras de son voisin pour attirer son attention. Chacun tient un livre, c’est leur référence commune. Et regardez leurs jambes et leurs pieds : celui de droite est prêt à bondir tandis qu’un autre est déjà debout.

Et il en est de même à la droite du Christ.  Pierre (reconnaissable à ses deux clefs) est en position de départ, son pied est en appui pour se lever, et le pan de sa tunique vole dans le vent.

Et celui qui lui tourne le dos a ouvert son livre et parle déjà aux lointains.

Tout est mouvement dans cette sculpture. Tout est échange entre les personnages.

Je reviens à l’ensemble du tympan. Le linteau, sous les pieds du Christ et de ses apôtres accueille une foule de petits personnages et dans la première voussure, d’autres se rencontrent et agissent. Ils représentent les peuples de la terre, connus ou imaginés.
C’est vers eux que vont partir les disciples : « Allez, de toutes les nations faites des disciples ». Le message de Jésus retentit jusqu’aux extrémités de la terre
Dans la deuxième voussure des médaillons alternent les signes du Zodiaque et les travaux des mois. Ce Christ aux mains ouvertes est le maître du temps et de l’espace.

Je médite
Dans beaucoup d’images de la Pentecôte les apôtres sont assis autour de Marie, recueillis et attentifs. Ils accueillent en leur cœur le don de l’Esprit. Ici ils sont en mouvement. Il y a urgence à transmettre la joie qui les habite.
Et moi ? Est-ce que la joie de la rencontre du Christ me met en mouvement ?

Pierre n’est pas seul devant ces gens venus « de toutes les nations sous le ciel ».
Il est avec les Onze, ils font « Corps » appuyés sur la même parole. Et moi ? Où est-elle mon Eglise, lieu du partage et de l’envoi ?

« Chacun les entendait parler dans sa langue maternelle. » Nous disons souvent que nous ne trouvons pas les mots pour dire la foi qui nous habite mais c’est l’Esprit qui touche les cœurs.

J’invoque l’Esprit
« Toi, le feu de la vérité,
Toi, le vent de la liberté,
Toi, la joie du don de la vie,
Viens, Esprit de Dieu. »