Hippolyte SIMON , évêque émérite de Clermont-Ferrand est entré dans la paix de Dieu.

Depuis de nombreuses années, son chemin croisait celui de la Xavière : rencontres amicales, groupes de travail, échanges fréquents.  Emmanuèle Jacquart, par laquelle il avait connu notre communauté l’évoque ici.

 

En essayant d’écrire ces quelques lignes pour évoquer Hippolyte, me viennent spontanément ces deux expressions : un frère et un ami.

Nous avons fait connaissance sur les bancs de la Fac, si je puis dire, en 1970. Je faisais alors des études de Lettres à la Fac de Censier, tandis qu’Hippolyte – déjà ordonné prêtre – reprenait des études de philosophie à la Sorbonne. Nous nous sommes rencontrés à l’aumônerie des étudiants et nous avons lié amitié. Hippolyte était intarissable sur « 68 » et « l’après 68 », n’hésitait pas à participer aux AG durant lesquelles il trouvait la juste répartie face aux propos des « camarades » dirigeant ces assemblées dans les amphis de la fac de Censier et d’ailleurs. Constamment en état de réflexion sur la société, sur l’Eglise ; plein d’enthousiasme, avide de lectures. Je lui ai fait part de mon désir de vie religieuse. Et je pense que l’amour du Christ qui nous habitait tous deux, comme par ailleurs nos origines rurales de part et d’autre, nous a beaucoup rapprochés, dans un monde en pleine ébullition rejaillissant sur la situation des aumôneries de l’époque où des divergences et des ruptures se manifestaient.

Lorsque je suis allée rencontrer La Xavière, puis lorsque je me suis décidée à y entrer, Hippolyte est resté très discret. Mais je pense qu’il se réjouissait et j’ai toujours eu son soutien.

Nous ne nous sommes jamais perdus de vue bien que parfois éloignés. Je l’ai invité plusieurs fois, à Paris, à La Pourraque. C’est ainsi qu’il est devenu « un frère et un ami » pour toutes les xavières.

Ce qu’il aimait à la Xavière, c’était notamment la formation qui nous était donnée ; la formation intellectuelle, mais surtout la formation doctrinale et théologique dont il voyait l’importance pour l’avenir de la vie religieuse féminine. Il y aimait aussi la fraternité et échangeait naturellement avec chacune. Toutes se remémorent les éternels débats sur l’Eglise et sur le monde, car il était intarissable, toujours en réflexion ; avait toujours l’idée d’un livre, une personnalité à rencontrer, un article à écrire, une grande activité intellectuelle et pastorale. Il me fatiguait ! Mais il aimait aussi marcher : ainsi fit-il le tour du Mont Blanc avec un groupe de xavières. Il aimait faire découvrir sa région natale, comme le Mont Saint-Michel… Les balades à La Pourraque sur les collines faisaient son ravissement, notamment « la colline aux iris » ; que de photos nous le rappellent ! Lorsque nous passions des vacances en Auvergne dans l’un des presbytères, il aimait prendre du temps pour nous et nous recevait à sa table en toute simplicité.

Nommé évêque, il fut sur le moment tout désemparé. De passage à Paris, il m’a demandé d’aller choisir avec lui sa croix pectorale… Hippolyte a tout de suite aimé cette magnifique région de l’Auvergne, ce diocèse. Il aurait aimé que nous y fondions une communauté. Mais ce ne fut pas le choix du Conseil d’alors. A mon grand dam ! Et au sien très certainement. Les années passant, il me fut un soutien dans mes diverses missions ; et c’est à lui que je dois l’idée des « maisons d’évangile » qui eurent un grand succès dans le diocèse de Nice. Après sa démission, de passage à La Pourraque, bien fatigué, il avait donné quelques homélies, courtes, finement ciselées. Au téléphone, pendant le confinement, bien loin de parler de lui, il évoquait cette nouvelle situation sanitaire et économique avec inquiétude ; il ne parlait pas de lui.

« A Dieu », mon frère, mon ami.

Emmanuèle Jacquart