« Et si tu venais croquer dans la Parole de Dieu avec nous cet été ?! »

Dix-sept enfants, âgés de sept à douze ans, ont répondu à l’invitation lancée par Maud, xavière. Ils se sont rassemblés du 6 au 10 juillet au monastère des Clarisses à Nice-Cimiez, cinq jours pour aller à la rencontre de personnages bibliques.

Cet article a été écrit par Denis Jaubert pour le n°80 de « Eglise des Alpes-Maritimes », le magazine du diocèse de Nice.
Nous le publions ici avec leur autorisation.

« Les Camps Bible sont nés il y a près de cinquante ans en Côte d’Ivoire, explique Maud. Ils ont été créés par les Religieuses de l’Assomption pour permettre aux enfants de mieux connaître l’Ancien Testament. Le récit est donné en français fondamental, c’est un niveau de langue simple, compréhensible par tous. »

Au fil des années, le concept créé en Afrique a parcouru du chemin, jusqu’à arriver en Belgique, en Lituanie, puis en France, en région parisienne, en 2013.

« C’est un héritage que transmettent les sœurs. Au cœur de ces Camps Bible, il y a une vraie pédagogie qu’elles souhaitent préserver. En 2017, alors novice, j’ai été envoyée à Bondy. Les Religieuses de l’Assomption, avec qui j’étais en lien, cherchaient des animateurs, en particulier pour le théâtre, pour un travail d’adaptation. Or, je suis comédienne. »

Maud a ainsi accompagné des adolescents à travers l’histoire de Samson, après qu’ils ont découvert Abraham, Isaac, Jacob, ou encore Moïse, les années précédentes. « J’ai trouvé ça génial. » Durant l’été 2019, elle participe de nouveau au Camp Bible en Seine-Saint-Denis, avec l’idée de le monter à Nice où elle a été envoyée un an plus tôt, après avoir fait ses premiers vœux.

« Ce qui continue de m’émerveiller, c’est la manière dont les enfants entrent dans les histoires. On pourrait, en tant qu’adultes, avoir l’impression que ces récits leur sont hermétiques. Mais à travers la vidéo, les dessins poétiques et suggestifs, la bande-son, l’imaginaire peut travailler, ils vivent l’histoire des personnages. »

Paul a aimé les récits incroyables, « par exemple Abraham qui a vécu jusqu’à 180 ans. » Emma connaissait très peu Ésaü et Jacob. « J’ai découvert qu’Isaac préférait Ésaü et que la femme d’Isaac préférait Jacob, ça m’étonne. Parce que normalement on est sensé aimer les deux fils de la même façon. » Pour Annaïs, en train de peindre la naissance de Joseph (le premier fils de Rachel et Jacob), il était important « de prier, et d’apprendre la vie d’Abraham. Je connaissais la séquence où il veut sacrifier son fils. »

Au programme du Camp Bible, chaque jour de 9h30 à 17h : réveil corporel, chant, séquence vidéo sur Abraham, le Père des croyants, temps en équipes -trois équipes aux noms évocateurs, Mambré, Béthel et Moria, des lieux bibliques- « un temps pour dessiner ce qui les a marqués, un temps d’intériorisation, raconte Maud. Le dessin est ensuite un support pour partager avec les autres. Il s’agit d’essayer de faire le lien avec notre vie, et d’exprimer les questions posées par le récit. Le moment du sacrifice d’Isaac a suscité beaucoup d’émotion chez certains, il a été question du courage, de la confiance d’Abraham. »

Après une pause, place à un atelier manuel en lien avec l’histoire du jour : théâtre, bricolage, argile, écriture, peinture, fabrication d’une toupie, d’une boîte à feu grâce aux talents d’Aurèle et son expérience scoute, ou encore d’une boussole pour se diriger dans le désert.

Après le déjeuner, repos, chants, gestuation « à partir de la méthode de Marcel Jousse, jésuite. Il s’agit d’aider les enfants à intégrer, à apprendre la Parole de Dieu par le corps », grand jeu, sportif ou culturel (une visite active du musée Chagall), ateliers solidaires à travers la fabrication de cookies pour remercier les sœurs clarisses, et de cartes à offrir à des personnes isolées (elles ont été distribuées à l’Ehpad Les Noisetiers à Nice-nord, et via le site 1 Lettre 1 Sourire né pendant le confinement).

Goûter, relecture en équipe, prière finale précèdent le retour à la maison : « Finalement, les premiers à être évangélisés c’est nous, les plus grands, on se laisse évangéliser par les enfants, conclut Maud. Et ceux-ci ensuite repartent avec leur dessin, les chants, ce qu’ils ont vécu, pour en parler en famille, et à leur tour transmettre la Parole. »

Pendant le Camp Bible, Jeanne a appris beaucoup de chants. « Je suis ici car j’aime ce qui se rapporte au christianisme et j’avais envie d’apprendre des choses sur la Bible. » Tyssia, elle, a bien aimé le théâtre : « On a bien rigolé. On piochait trois papiers, une situation, un personnage et une émotion. Moi, j’étais Abraham, désespéré, en train de sacrifier Isaac. Je suis venue car je suis une élève de Pascale. Elle nous a donné l’invitation. J’aime beaucoup Jésus, donc j’ai accepté, et tu pouvais
venir avec tes défauts et tes qualités. Je pense que je vais me réinscrire l’année prochaine.»

Une deuxième édition est effectivement prévue à Nice en juillet 2021, avec Moïse cette fois comme compagnon de route.

Quelques photos

Partage autour des dessins, le vendredi matin

Sébastien, « Jacob City » : « J’aime bien ce moment, car Jacob fait un autel pour Dieu. Il a raison, car Dieu l’a sauvé, il se sent reconnaissant. »

Sara, « La mort de Rachel » : « Rachel meurt en donnant naissance. C’est beau de donner naissance, surtout à l’époque. »

Emma, « La réconciliation, ou l’amitié revenue » : « C’est quand Ésaü et Jacob se font le câlin. Ils s’embrassent, ils se retrouvent, ils se serrent dans leurs bras. J’ai fait un nuage en forme de coeur, comme l’amitié. »

Annaïs, « Mort de Rachel et d’Isaac » : « Rachel, on la connaît à peine et, d’un coup, elle meurt. C’est horrible, ça m’a marqué. J’aurais bien aimé la connaître davantage. J’ai aussi représenté la mort d’Isaac. C’est pour cela qu’il y a un soleil et un nuage qui pleurent. »

Martin a dessiné le combat entre Jacob et Dieu : « J’ai cru que c’était Dieu qui avait gagné, mais c’est Jacob. Ça m’a marqué. »

Bénédicte a choisi de représenter la même scène qu’Emma : « J’ai mis un cœur rouge. Il y a cet amour entre deux frères, cette réconciliation. Ça va me travailler tout l’été. »

Maud, « La fidélité » : « Vous représentez les scènes de mort, ça me touche. J’ai choisi de dessiner le moment où Jacob va à Béthel, le moment où il dépose toutes les amulettes, ces idoles dans lesquelles les gens mettent leur confiance au lieu de la mettre en Dieu. C’est un acte fort. Parfois, j’oublie que Dieu il est là avec moi pour m’aider, pour m’accompagner dans les moments difficiles. »