Depuis le 1er septembre nous sommes en pleine célébration !

Jusqu’à la fête de saint François d’Assise, le 4 octobre, nous célébrons en effet le Temps – encore appelé la Saison – de la Création. Cette année, deux anniversaires le marquent : Laudato Si’ (5 ans) et la Journée pour la Terre (50 ans). Nous sommes en plein Jubilé !

50 ans : un Jubilé

L’édition 2020 de la célébration du Temps de la Création s’inscrit dans un contexte mondial particulier : l’année Laudato si’ (24 mai 2020 – 24 mai 2021) décrétée par le pape François à l’occasion du cinquième anniversaire de l’encyclique du même nom et la crise du COVID-19 qui révèle l’interdépendance de notre monde et la précarité économique des millions de personnes et de certains pays.

Dans une déclaration conjointe publiée le mardi 25 août 2020, les présidents de la Conférence des Églises Européennes et du Conseil des Conférences Épiscopales Européennes ont décidé de placer l’édition 2020 du Temps de la Création sous le thème de « Jubilé pour la Terre ».

Cette année 2020 marque, en effet, le cinquantième anniversaire du « Jour de la Terre ». C’est donc un Jubilé pour le mouvement mondial de sauvegarde de notre Maison commune.

Le jubilé est, dans la tradition judéo-chrétienne, un temps de grâce qui permet d’assainir, par des actions concrètes, les relations humaines, la relation entre les humains et la terre et la relation entre les humains et Dieu,  comme on peut le lire dans le livre du Lévitique.

Vous ferez de la cinquantième année une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. […] Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire : vous ne ferez pas les semailles, vous ne moissonnerez pas le grain qui aura poussé tout seul, vous ne vendangerez pas la vigne non taillée. […] Si, dans l’intervalle, tu dois vendre ou acheter, n’exploite pas ton compatriote. […] Tu n’exploiteras pas ton compatriote, tu craindras ton Dieu. Je suis le Seigneur votre Dieu. Vous mettrez en pratique mes décrets et mes ordonnances, vous les garderez pour les mettre en pratique, et ainsi vous habiterez dans le pays en sécurité. (Lv 25, 10-18).

L’invitation du Pape

Se réjouissant du choix de ce thème du « Jubilé pour la Terre », le pape François, dans son message pour la Journée Mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création 2020, nous invite à 5 attitudes jubilaires : se souvenir, revenir, se reposer, réparer et se réjouir.

Se souvenir : il s’agit avant toute chose de nous souvenir de « la vocation originelle de la création à être et à prospérer comme communauté d’amour », de l’interconnexion des relations « avec Dieu créateur, avec les frères et sœurs en tant que membres d’une famille commune, et avec toutes les créatures qui habitent la même maison que nous ». Cette mémoire nous conduit à œuvrer pour « la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature qui est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres » (LS, 70).

Revenir : dans le contexte biblique, revenir est un mouvement de conversion, de repentance, de réconciliation. Le Jubilé est un temps pour retourner en arrière c’est-à-dire au fondement qui est Dieu le Créateur, à son dessein d’amour pour toutes ses créatures. C’est dans ce regard aimant du Créateur que nous pouvons reconnaître que « nous avons brisé les liens qui nous unissaient au Créateur, aux autres êtres humains et au reste de la création », et trouver la force d’un vrai repentir qui nous donne de réajuster nos relations.

Se reposer : le sabbat est au cœur de l’acte créateur (Gn 2, 3). Le pape François nous rappelle que « nous ne devrions pas oublier l’histoire de l’exploitation du Sud de la planète, qui a provoqué une dette écologique énorme, due principalement au pillage des ressources et à l’utilisation excessive de l’espace environnemental commun pour l’élimination des déchets ». Le sabbat pour la terre nous invite à reconsidérer nos modes de production et de consommation. La période de confinement que bien de pays viennent de vivre a été un bel expériment de sobriété sur certains aspects de la vie. Notre créativité et liberté sont sollicitées pour initier « des styles de vie équitables et durables, qui restituent à la terre le repos qui lui revient, des moyens de subsistance suffisants pour tous, sans détruire les écosystèmes qui nous entretiennent ».

Réparer : le pape François plaide en faveur d’une « justice réparatrice » pour « réparer l’harmonie originelle de la création et pour assainir des rapports humains compromis », pour « rétablir des relations sociales équitables, en restituant à chacun sa liberté et ses biens, et en effaçant la dette des autres ». Il réitère son appel du 12 avril 2020 en faveur de l’effacement de la dette extérieure des pays les plus fragilisés. Cette préoccupation du pape François est partagée par plusieurs organisations de la société civile du monde entier qui ont signé en avril 2020 un appel demandant l’annulation de tous les paiements de dette extérieure en 2020 d’une part, et d’autre part, des financements additionnels d’urgence qui ne créent pas de nouvelles dettes. Par ailleurs, François invite à prendre au sérieux la question de la dette écologique (LS 52) car la justice sociale est inséparable de la justice environnementale et inversement.

Se réjouir : même si la situation sociale et environnementale est alarmante, le pape François revient ici sur la note de joie, d’espérance qui doit toujours nous habiter. « Tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer […] » (LS 205). Les communautés, groupes et initiatives Laudato si’ ou écologiques, la mobilisation de plus en plus importante de personnes qui œuvrent pour la protection des plus faibles et de la terre, en particulier les jeunes, sont autant de motifs de réjouissance.

Vœux de xavières

 

A la suite du pape François, quelques xavières expriment leurs vœux pour ce Temps de la Création :

ʺProclamez l’évangile à toute la créationʺ (Mc 16,15). Puissions-nous intégrer toute la création en nos prières et nos actes. (Aurélie, communauté de N’Djamena, Tchad)

Je fais un vœu pour tous les enfants du monde et pour ceux qui vivent dans les villes, loin de la nature. Que tous les enfants aient la joie de goûter la beauté de la création et de la nature, la profusion du don de Dieu, pour mieux respecter la terre et en prendre soin par et dans leur manière de vivre. (Françoise, communauté de Hambourg, Allemagne)

Que chacun (e) expérimente la grâce de pardonner et la joie de cultiver la douceur de Dieu. (Nathalie, communauté de la Pourraque)

Que nous soyons inventives pour prendre soin de la création de Dieu. Que nous soyons de plus en plus conscientes du lien qui nous unit aux animaux, aux arbres, aux plantes. Et que nous découvrions davantage ce mystère de Dieu qui agit dans toutes ses créatures. (Marie Noëlle, communauté de Toronto, Canada)

Que chacun se sente responsable du soin de notre maison commune, cherche comment il peut agir pour cela, tant au niveau personnel que dans ses responsabilités professionnelles, et se laisse déplacer avec courage et audace. (Coralie, communauté de Nice).

Je pense à toutes les personnes, en Afrique et ailleurs, qui ont pour seules ressources l’agriculture artisanale. Que le Seigneur nous aide à prendre conscience que le moindre geste de protection de la terre que nous pouvons faire peut être salvateur pour ces personnes, premières victimes du dérèglement climatique. (Séverine, communauté de Yaoundé, Cameroun)

Que nous ayons envers la nature une relation de respect et de gratitude. Que nos mains ne soient pas des serres pour saisir et détruire mais de véritables mains pour donner, semer, caresser, cueillir et recueillir. Que nous ne cherchions pas la consommation mais la contemplation. Que nous vivions avec la Création une alliance féconde ! (Juliette, communauté de Marseille)