Quelques jours après le passage dévastateur de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes, Geneviève, de la communauté de Nice, nous livre ses impressions et réflexions.
Nicolas Tucat (AFP)

Nous ne sommes pas près d’oublier les événements climatiques récents dans les Alpes-Maritimes, même si à Nice même nous n’avons pas été impactées.

En premier lieu, les lieux touchés nous sont bien connus. Moi-même y suis passée, ai admiré les gorges de la Roya et de la Vésubie, j’ai contemplé les paysages et les petits villages. Mais surtout à ces villages sont associés des visages. Visages amis, rencontrés lors des retraites montagne à Notre-Dame de Fenestre au dessus de Saint-Martin, visages amis de familles de réfugiés installées dans la Roya, visages amis dont les familles ou les résidences d’été sont dans ces vallées. Et quand les amis sont touchés l’indifférence est impossible. A certains il a fallu attendre 3 jours pour savoir leur maman âgée en sécurité et n’ayant subi aucun dommage si ce n’est le sans eau et le sans électricité.

En deuxième lieu, même si je ne suis pas une fan de la télé, j’ai regardé vendredi soir tourner en boucle le pont de Saint-Martin qui sautait et le grand pin qui se déracinait et lors des émissions les jours suivants d’autres images du désastre et les chiffres tournent aussi en boucle dans ma tête : 10 ponts et 55 kms de route à reconstruire et ce n’est pas seulement refaire le bitume… A certains endroits il ne reste que les barrières de sécurité suspendues dans le vide. La voie ferrée entre Breil et Tende – voie qu’emprunte le train des Merveilles ! – est elle aussi entièrement à refaire.

En troisième lieu, nous avons un rappel sonore permanent qui nous empêche l’amnésie, avec le ballet des 14 hélicoptères qui passe de 9h du matin à 21h au dessus de nos têtes avec de temps en temps des charges énormes suspendues sous leur ventre. Ils assurent tout ce qui n’est plus possible par route et le feront le temps nécessaire…qui risque d’être long même si des pistes sont entrain d’être ouvertes dans la montagne pour laisser passer camions et gros véhicules et que des passages à partir de l’Italie vont permettre de désenclaver certains villages de la Roya.

Après tout cela qu’est-ce qui émerge sinon un sentiment d’impuissance totale, hormis la puissance de la prière ?
Prière d’intercession pour les disparus, pour tous ceux qui ont tout perdu, même leurs morts puisque 2 cimetières ont été emportés.
Prière d’action de grâces pour les élans de générosité et de solidarité, que les gestes soient petits ou grands. Tout le monde ne peut pas débloquer plusieurs millions comme le prince de Monaco mais tout compte… Les lieux de stockage à Nice sont saturés.
Et aussi prière d’intercession pour tous ceux qui s’activent sur le terrain et qui demandent ce soutien, à défaut de pouvoir les rejoindre puisque les secours sont d’abord organisés par la sécurité civile, les gendarmes et les pompiers. Tous ces bénévoles dont certains sont venus des départements voisins restent sur place et il faut les nourrir et les loger. Ce sont les villages les plus « hauts » qui n’ont pas été touchés qui assurent cette logistique et à La Bollène une amie me disait : « ce soir je n’ai pas beaucoup de temps car nous avons 80 personnes à faire dîner ! Priez pour nous. On en a besoin. »

Les Alpes Maritimes ne peuvent pas tout assurer et l’Etat va aider. Pour la prière aussi quel que soit votre lieu vous pouvez penser à nous, tout en sachant qu’ailleurs dans le monde les besoins sont aussi immenses !

Tenons dans la confiance et l’espérance car la solidarité et la fraternité humaine l’emportent sur la violence de la nature qui ne fait que reprendre ses droits et vient nous interroger sur la manière dont nous en avons pris soin.

Geneviève P.